Ovins 20 septembre 2024

Une renaissance axée sur le prêt-à-manger à base d’agneau

COWANSVILLE – Le modèle d’affaires d’une entreprise spécialisée dans l’élevage, l’abattage et la transformation de viande d’agneaux du Québec, à Cowansville, en Estrie, a été revu du tout au tout par les deux nouveaux propriétaires de La Bêlerie, devenue Histoire d’agneau. Steven Clément et Guillaume Langevin veulent exploiter le filon du prêt-à-manger de la manière la plus efficace et rentable possible.

« On a vu l’opportunité là-dedans, parce que le prêt-à-manger dans les produits d’agneaux, il n’y avait personne qui faisait ça. Pas juste ici au Québec, mais partout dans le monde. Et c’est vraiment au niveau de l’exportation dans le reste du Canada et du monde qu’on voulait aller », spécifie
M. Langevin.

Guillaume Langevin, copropriétaire d’Histoire d’agneau, estime que le champ est encore libre sur le marché de l’agneau transformé, tant ici qu’ailleurs dans le monde.

L’entrepreneur, qui a étudié dans le domaine de l’hôtellerie et de l’administration des affaires, est également à la tête d’une entreprise de véhicules récréatifs avec son partenaire d’affaires. Le duo a racheté les installations de La Bêlerie en 2022, après la faillite de l’entreprise. Il a par la suite recentré les activités sur la production de prêt-à-manger en délaissant la portion élevage, abattage et vente de découpe fraîche en épicerie.

On a un modèle moins artisanal. On a tout revu pour arriver à des prix compétitifs en épicerie et s’assurer d’avoir un approvisionnement de viande d’agneau plus constant, car avec l’Agence de vente au Québec, on commandait 100 agneaux, et on en recevait parfois seulement 70.

Guillaume Langevin, copropriétaire d’Histoire d’agneau

Désormais, les découpes congelées sont commandées à l’usine de transformation de Montpak, en Alberta. Et pour économiser davantage sur les coûts de production, l’agneau haché est importé d’Australie, ce qui permet d’économiser environ 8 $ par kilo par rapport à l’agneau canadien, estime Guillaume Langevin. Ce nouveau modèle permet également de réaliser de grandes économies sur le coût de la main-d’œuvre pour la découpe de carcasses et pour les frais d’équarrissage des déchets de boucherie, entre autres. 

« On aurait aimé ça, pouvoir rester juste avec l’agneau québécois ou canadien, mais à un moment donné, le consommateur ne pouvait pas payer 21 $ pour un paquet de huit merguez. Là, on est autour de 13 $. Au bout de la ligne, c’est le prix qui fait une grosse différence. Je le vois au niveau de nos ventes », justifie l’entrepreneur.

Ce dernier estime que leur stratégie aura malgré tout un effet positif sur l’ensemble de l’industrie de la province, puisque le prêt-à-manger à base d’agneau contribue à faire connaître cette viande auprès des consommateurs, « qui ne savent pas toujours comment l’apprêter », fait-il remarquer.

L’obtention d’une certification fédérale, en décembre 2023, impose aux employés des méthodes de travail rigoureuses en matière de salubrité et de traçabilité. « On fait maintenant 50 % de production et 50 % de paperasse », signale Guillaume Langevin. 

Le reste du Canada et le Japon dans la mire

Depuis décembre 2023, l’entreprise a franchi une étape déterminante dans le déploiement de son projet d’affaires en passant d’une certification provinciale à fédérale pour son usine de transformation de Cowansville.  Cela ouvre les portes de la distribution ailleurs au Canada et dans le monde. « Ç’a été très long pour obtenir cette certification, souligne M. Langevin. L’Agence [d’inspection des aliments] se base toujours sur des critères établis dans d’autres usines, mais il n’y en avait pas pour nous. On était les premiers à faire de la surtransformation d’agneaux. L’Agence a dû mettre sur pied une équipe d’experts pour étudier notre dossier », raconte-t-il. 

Depuis, des contrats ont été signés avec Sobeys Canada (propriétaire de la chaîne IGA) pour étendre la distribution des produits d’Histoire d’agneau, déjà vendus au Québec, dans d’autres épiceries en Ontario et en Colombie-Britannique d’ici les Fêtes.

Histoire d’agneau travaille également avec Costco, au Japon, qui est intéressé à distribuer des produits comme les keftas, les boulettes ou les burgers d’agneau dans une quarantaine de magasins. « C’est énorme, Costco. On parle d’une palette par magasin par produit par semaine. Le potentiel est là, mais il nous reste à voir si on peut y arriver au niveau logistique aussi. On s’est associés avec Premium Brands, un gros joueur dans l’industrie du courtage et de la distribution pour nous aider », précise M. Langevin.  Son associé et lui travaillent également à développer les marchés du côté des compagnies aériennes, pour les repas servis pendant les vols, et dans le secteur de l’hôtellerie.

L’entreprise fonctionne actuellement au minimum de sa capacité avec une dizaine d’employés en usine. Un chiffre qui devrait augmenter à environ 25 dès que les prochains contrats seront conclus, espère Guillaume Langevin.

Face aux variations du prix de l’agneau

Depuis un an, le prix de la matière première d’Histoire d’agneau a connu une forte hausse sur les marchés, de l’ordre de 17 % pour l’agneau du Québec, de 27 % pour celui de l’Ontario, et d’environ 20 % pour l’agneau importé d’Australie, rapporte Guillaume Langevin.  « Il y a un an, on payait 8 $ le kilo. Là, c’est environ 10 $ pour l’agneau importé d’Australie et environ 16 $ pour celui du Québec », rapporte-t-il.  Cette situation force les associés à être créatifs, puisque leur principal distributeur au Québec s’est engagé à un gel de prix de ses produits sur les tablettes pendant un an. « Donc on négocie plus fort sur les additifs, comme les épices ou la tomate qu’on va mettre dans notre chili, et on essaie d’avoir des rabais en achetant notre emballage en plus grande quantité », énumère-t-il.