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La Fromagerie Nouvelle France de Racine, en Estrie, vient de lancer deux fromages, renforçant la position de sa fromagerie et de la région comme leaders en production de fromages de brebis au Québec. Les deux petits nouveaux sont faits à 100 % de lait de brebis et l’un d’eux, la Fruitière des Bergers, se veut un hommage aux producteurs ovins.
« Une fruitière, ce sont des bergeries qui mettent leur lait en commun pour produire un fromage. Le nom vient du fait que c’est le fruit de leur travail. On en retrouve dans les massifs du Jura et des Alpes », explique Marie-Chantal Houde, copropriétaire de la Fromagerie Nouvelle France, qui a également son propre cheptel. « Le comté est le fromage le plus connu produit en fruitière. De notre côté, nous sommes sept bergeries – dont six de l’Estrie – à fournir le lait pour produire mes fromages et nous avons toutes le même cahier de charges. Avec ce nom, j’avais envie de reconnaître le travail des éleveurs et de le célébrer. »
La Fruitière des Bergers est une tomme à croûte lavée et à pâte demi-ferme. « Je n’avais pas de pâte demi-ferme dans mes fromages, précise Marie-Chantal Houde. Les demi-fermes, il y en a aussi beaucoup moins en ce moment au Québec, alors qu’il y en avait plein il y a dix ans. C’est encore plus vrai avec le brebis. » L’autre nouveau venu, le Samuel le Bleu, se situe à mi-chemin entre le bleu d’Auvergne et le roquefort. « Offrir un fromage bleu faisait partie du plan d’affaires depuis les tout débuts de la fromagerie. Et j’adore le bleu! » s’exclame la fromagère.
Nouvelles bergeries
Si la principale productrice de fromages de lait de brebis au Québec a pu ajouter deux fromages à son offre, c’est notamment parce qu’elle peut compter, depuis 2022, sur l’apport de deux nouvelles bergeries qui se sont établies dans la région, laquelle compte une dizaine de producteurs, ce qui lui confère le premier rang au Québec.
Les nouveaux éleveurs s’étaient lancés avec l’intention de vendre la totalité de leur production à la Fromagerie Nouvelle France. « Avant, je n’avais même pas assez de lait pour produire mon Zacharie Cloutier, dit celle dont le fromage vedette a remporté trois fois le prix de meilleur fromage du Québec au concours Caseus. Cela me permet de diversifier ma production et nous, les fromagers, on aime ça, créer des fromages! »
Elle explique qu’au moment de s’établir, ces fromagers étaient au courant de ses projets de diversification. « J’organise une rencontre avec tous les producteurs chaque année pour faire le point, précise-t-elle. Ils me disent combien ils comptent produire et moi, je m’engage à acheter 100 % de leur production, que ce soit Noël ou pas, qu’il fasse beau ou pas, que ce soit les vacances, peu importe. On va transformer. » Elle précise que les producteurs ont également participé aux choix des noms des deux fromages.
Des produits populaires
D’après Marie-Chantal Houde, le fromage de brebis doit notamment sa popularité à l’évolution des régimes alimentaires. « De plus en plus de gens sont intolérants aux protéines et au gras du lait de vache, explique la fromagère, soulignant que le chèvre affiné, plus typé, a un goût moins accessible. La moitié des gens aiment le chèvre, mais 97 % des gens aiment le fromage de brebis, à cause de sa saveur plus sucrée et soyeuse. »
Thierry Champagne, l’un des producteurs estriens qui a démarré sa production en 2022 dans le but de vendre son lait à la Fromagerie Nouvelle France, estime aussi que le marché se porte bien. « Je sais que des transformateurs cherchaient du lait à acheter ces derniers temps, dit celui dont la bergerie, la Ferme Ryma, à Sainte-Edwidge-de-Clifton, a déjà doublé depuis un an son volume de production. On ne pourra pas doubler encore l’an prochain, mais peut-être augmenter un peu. »
Avec un prix déjà remporté pour Samuel le Bleu aux American Cheese Awards 2023 et une nomination pour la Fruitière des Bergers aux Caseus 2023, cela augure bien pour que la demande en lait de brebis continue d’être au rendez-vous dans les prochaines années…