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La création de l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA) illustre un des traits distinctifs de la filière de production d’œufs au Québec, soit une culture de prévention et de collaboration.
Une onde de choc a traversé le monde avicole québécois quand une éclosion d’influenza aviaire en Colombie-Britannique a causé la perte d’environ 17 millions d’oiseaux répartis à travers 410 fermes en 2004. Une importante partie du cheptel avicole britanno-colombien a dû être éliminé pour mettre un terme à cette crise, entraînant des pertes économiques estimées à plus de 380 M$.
« Tout le monde s’est demandé comment nous aurions pu réagir si cette éclosion était survenue au Québec », se souvient Paulin Bouchard, président de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec et de l’EQCMA. « En vérité, nous aurions été en sérieuses difficultés. »
Les filières de production d’œufs et de volailles ont alors rapidement compris qu’ils devaient établir une stratégie commune. Ils se sont investis dans le développement d’un plan de mesures d’urgence, tout d’abord dans une structure de comité puis, à partir de 2009, sous l’égide de l’EQCMA.
« Nous sommes interdépendants dans ces situations. Nous ne pouvons pas mettre en place des mesures différentes, chacun de notre bord. Nos efforts seraient voués à l’échec », souligne M. Bouchard. En quoi consiste ce plan de mesures d’urgence? Il comprend une structure d’intervention définie, des canaux de communication claire, le développement d’outils de gestion et d’intervention en situation de crise sanitaire, sans oublier le volet important de la prévention.
En effet, le mandat premier de l’EQCMA est de travailler à prévenir toute éclosion de maladie infectieuse, dont l’influenza aviaire, dans le cheptel avicole québécois, de même que les conséquences économiques et humaines pour les producteurs et les partenaires de l’industrie.
Travailler de concert
Au Canada, c’est l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) qui a le mandat légal d’intervenir lors de l’éclosion de maladies à déclaration obligatoire.
Cependant, l’une des grandes leçons de l’éclosion de 2004 en Colombie-Britannique est que les instances gouvernementales et les partenaires de l’industrie ont intérêt à travailler de concert pour une intervention rapide et efficace, puisque chacun a des expertises et des ressources limitées, mais complémentaires.
C’est dans cette optique que le travail de préparation continu de l’EQCMA prend tout son sens. Il est d’ailleurs mis à profit en 2022 face à la première éclosion d’influenza aviaire vécue au Québec.
Temps de réaction
Dès la suspicion d’un cas d’influenza aviaire dans un troupeau, l’ACIA demande à l’EQCMA une liste des producteurs dans une zone géographique à risque.
L’EQCMA a la capacité de réaliser cette dernière en quelques minutes grâce à son outil géomatique. L’ACIA prend alors connaissance du nombre de fermes dans la zone ciblée et planifie ses interventions dès que le diagnostic est confirmé.
Sans attendre le résultat d’analyses, l’EQCMA fournit aux associations de producteurs et aux partenaires du secteur une zone à risque préliminaire d’un minimum de 3 km de diamètre. Chaque producteur situé dans cette zone doit dès lors appliquer des mesures de biosécurité rehaussée prévues dans les protocoles en situation d’urgence.
Si le cas est confirmé, l’ACIA intervient sur le site infecté pour minimiser les risques de propagation avec la mise en quarantaine des lieux et l’arrêt de toutes les activités du site avec l’extérieur. Toutes les volailles sont ensuite euthanasiées. Le producteur est responsable de procéder au nettoyage et à la désinfection des poulaillers et des équipements de son site.
À travers cette épreuve, le producteur reçoit un accompagnement de la Fédération et de l’EQCMA selon les défis rencontrés. Il est éligible à une indemnisation de l’ACIA et du régime d’indemnisation de l’industrie selon des paramètres prédéfinis.
Laryngotrachéite et Mycoplasma galliseptium
À la suite d’une importante éclosion de laryngotrachéite infectieuse (LTI) ayant affecté une dizaine de fermes dans la région de Beauce-Bellechasse en 2010 et ayant causé des pertes estimées à environ 2 millions de dollars, les administrateurs de l’EQCMA ont convenu que l’organisation intervienne dans tout cas futur de cette maladie de même que pour les cas de Mycoplasma gallisepticum (MG).
Pour Paulin Bouchard, quand un des troupeaux des producteurs d’œufs ou de volailles est touché, il faut que tous les partenaires et producteurs d’un secteur travaillent de concert en fonction du plan d’intervention mis en place par l’ECQMA, sans quoi ces maladies peuvent se propager comme une traînée de poudre aux autres producteurs.
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Ce texte provient d’un cahier spécial publié par la Fédération des producteurs d’oeufs du Québec, dans le cadre des célébrations entourant leur 60e anniversaire de création.