L’organisme Sème l’avenir a récemment publié un nouveau guide sur la production de semences à la ferme accessible gratuitement sur la plateforme en ligne WikiMaraîcher. L’outil présente les techniques de reproduction, d’extraction et de nettoyage de dix espèces de légumes communs adaptés aux conditions climatiques du Québec. « Nous avons constaté qu’il manquait de ressources pédagogiques [sur la production de semences] pour les maraîchers », raconte Hugo Martorell, coordonnateur régional de programme à Sème l’avenir au Québec. « Il y a des ressources pour les jardiniers, mais les maraîchers ont d’autres enjeux techniques, économiques et de ressources humaines qui sont abordés dans le guide », ajoute-t-il. 

Réalisé avec le soutien du programme Innovaction du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries, et de l’Alimentation du Québec, le guide a été rédigé par Daniel Brisebois, un des cinq membres fondateurs de la Ferme coopérative Tourne-Sol. En plus d’offrir des paniers de légumes biologiques, la ferme intègre la vente de semences à son plan d’affaires. Hugo Martorell explique que la production de semences peut justement permettre aux fermes maraîchères de diversifier leurs revenus par l’obtention de contrats de production auprès de compagnies de semences ou par la vente directe à leur clientèle, par exemple. La production et la sélection des semences peuvent également permettre d’optimiser le rendement de certaines cultures.

La section du guide sur le nettoyage des semences met en lumière qu’il n’est pas nécessaire d’avoir recours à de l’équipement très spécialisé pour se lancer dans ce type de production. « Il est possible de faire du très bon travail avec du matériel de base. On peut faire vanner des semences avec des ventilateurs et les tamiser avec des tamis que l’on a fabriqués soi-même », souligne Hugo Martorell. 

En plus de publier des ressources pédagogiques sur les semences, Sème l’avenir travaille directement auprès des agriculteurs afin de les épauler dans leur production. L’organisme met en relation des agriculteurs qui souhaitent échanger des variétés autoproduites, et crée également des collaborations entre semenciers et agriculteurs. C’est ce qui s’est produit lorsque Caroline Poirier, de la Ferme Croque-Saisons, a contacté Sème l’avenir dans le but d’améliorer l’uniformité de son rutabaga Johanne.

L’agricultrice a été mise en relation avec la semencière Marie-Claude Comeau, de la ferme La Radicule, qui a sélectionné les 150 meilleurs individus de ce type de rutabaga et les a entreposés afin de les faire monter en fleur la saison suivante. « La façon la plus résiliente de développer la filière des semences maraîchères au Québec est de générer ces liens informels entre les agriculteurs, qui partagent et s’échangent des lots, et développent un lien de confiance privilégié », soutient Hugo Martorell.