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Les marges bénéficiaires en production maraîchère étant très minces, il est essentiel pour un producteur de se référer à un budget.
« Ça nous donne un pouvoir de rectifier les choses quand des imprévus surviennent », explique Anne Le Mat, agroéconomiste au CETAB+, qui présentait récemment un atelier ayant pour thème « Comprendre et calculer le budget d’opération d’une serre ».
D’entrée de jeu, il faut comprendre que les choix techniques tels que le type d’énergie, le rendement, les méthodes de production ou les cultures (tomates, poivrons, concombres, etc.) relèvent du producteur, tandis que des facteurs externes comme les taux d’intérêt, l’inflation ou le prix du marché échappent à son contrôle.
Ajoutons à cela que les programmes mis en place par le gouvernement dans le contexte de la pandémie pour favoriser la production en serre ont eu comme résultat de multiplier le nombre de joueurs et, conséquemment, d’ajouter plus d’offres sur le marché.
« C’est une période plus tendue et c’est pourquoi les producteurs doivent démontrer plus de compétence opérationnelle, de compétence de mise en marché et de compétence de gestion », poursuit Anne Le Mat, qui a collaboré à la publication du Guide d’implantation : serre individuelle en maraîchage diversifié du CRAAQ en 2023. « C’est un guide qui est toujours valide, mais sur 125 pages, on n’en consacrait qu’une dizaine seulement aux questions économiques. »
Anne Le Mat explique que la clé de la profitabilité en production maraîchère, ce sont les revenus. « Il y a des enjeux au niveau des dépenses, mais le gros se joue au niveau des revenus, c’est-à-dire les prix et les rendements. Si je reste à la même place sans bouger alors que les coûts de main-d’œuvre augmentent, si je ne travaille pas sur mon efficacité, je serai moins compétitif que mon voisin », explique l’agroéconomiste, qui suggère entre autres de porter attention au temps de travail dans les serres. « Ça représente généralement 30 % des coûts. Certains investissements peuvent permettre d’aller chercher jusqu’à 15 à 25 % d’efficacité. »
Anne Le Mat souligne que les petits serriculteurs doivent être à l’affût de toutes les opportunités, comme celle de rentabiliser la serre sur une plus grande période de l’année, avec des cultures pouvant fonctionner à chauffage minimal.
Diversifier ou non sa production
Anne Le Mat fait remarquer également les avantages et désavantages de diversifier sa production en serre. « Pour les petits producteurs, c’est toujours plus difficile de se spécialiser. En produisant plusieurs variétés de légumes, je viens partager le risque advenant que le prix de l’un ou de l’autre soit bas une année. J’ai plus de possibilités sur les mises en marché. En contrepartie, c’est toujours difficile d’être optimal quand on gère plus de choses. Et comme les marges de profit sont minces, c’est là que ça peut faire la différence. »
L’agroéconomiste souligne que suivre son budget sert justement à se repositionner ou à s’ajuster sur les choix de variétés de légumes ou de procédés d’opération. « Il faut se poser la question : si je suis dans le rouge, est-ce à cause de mes prix ou à cause de mes rendements? Si c’est à cause de mes rendements, est-ce que je suis capable de les mesurer? » note Anne Le Mat, qui remarque sur le terrain que le niveau de formation des gestionnaires d’aujourd’hui fait en sorte qu’ils sont plus capables de gérer une certaine complexité. « Il faut avoir de l’agilité, et si le producteur n’est pas en mesure de gérer cette complexité-là, au lieu de mitiger mon risque, je viens l’augmenter », conclut-elle.