Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les solutions de phytoprotection se font rares pour les producteurs de betteraves depuis que Bayer a cessé la commercialisation du Betamix B à la fin de 2022. Ce produit était le seul qui permettait de contrôler avec une certaine efficacité la prolifération des mauvaises herbes sur les rangs. Les solutions de rechange se font attendre.
« Il existe quelques produits qui agissent sur certaines mauvaises herbes, mais il manque une solution intégrée », affirme Catherine Lessard, directrice générale adjointe à l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), qui suit le dossier de près.
« Le problème avec les mauvaises herbes dans les champs de betteraves, c’est qu’elles poussent sur les rangs. Il n’est donc pas possible d’utiliser une méthode mécanique pour les contrôler puisque la machine abîmerait les plants. En l’absence d’herbicides, une des seules solutions est de désherber à la main, ce qui est coûteux en temps et en main-d’œuvre », ajoute-t-elle.
Martin Gariépy, de la Ferme Roger Gariépy et Fils à Saint-Roch-de-l’Achigan, n’aura peut-être pas le choix d’adopter cette solution quand il aura épuisé sa réserve de Betamix. « Je devrais en avoir assez pour 2024, indique-t-il. C’est sûr que cette situation nous complique la vie. » Malgré tout, le producteur a augmenté sa superficie de production de la betterave cette année. Il consacre environ 25 hectares à cette culture, comparativement à 20 l’an dernier.
Recherche de solutions
À la suite du retrait du Betamix, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a voulu déposer une demande d’homologation d’urgence pour le Nortron, un herbicide commercialisé par Bayer, auprès de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA).
Une autre option a alors été envisagée. En avril, une demande d’homologation d’urgence a été déposée pour le Spin-Aid, un herbicide actuellement utilisé aux États-Unis. « Il n’est pas aussi efficace que le Betamix, mais il aurait pu offrir une alternative aux producteurs. La demande a toutefois été refusée par l’ARLA. Selon l’agence, certaines données démontraient que le produit pouvait avoir des effets négatifs pour la santé des travailleurs. C’est évidemment un risque que l’on ne veut pas prendre », affirme Mme Lessard.
La prolifération des mauvaises herbes peut causer bien des dommages à la culture de la betterave. « Les rendements peuvent diminuer de moitié, estime Catherine Lessard. Il nous faut donc une solution pour nos producteurs qui, pour le moment, sont un peu laissés à eux-mêmes. » Les demandes d’homologation prennent du temps à aboutir en raison de la taille du marché canadien de la betterave, selon elle. « Comparé aux États-Unis, on est un petit joueur. C’est ce qui fait que les producteurs américains ont accès à plus de solutions en phytoprotection. On fait aussi face à un enjeu de réciprocité des normes environnementales entre les marchés », déplore Mme Lessard.
Il n’a pas été possible de parler avec un représentant de Bayer pour savoir si le Betamix sera éventuellement remplacé. Rappelons qu’il a cessé d’être commercialisé parce que le fournisseur de l’un des ingrédients actifs du produit a cessé de le fabriquer.