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Jean-Sébastien Boisvert produit du panais. Enfin, un peu de panais. Ce légume n’occupe dans les faits qu’environ 5 % de sa production. L’essentiel de ses champs sert à la culture du cornichon, du chou, de la betterave et de la carotte. Mais même si la longiligne apiacée originaire d’Europe occupe une faible superficie, son rôle reste stratégique dans le fonctionnement de l’entreprise de Saint-Lin–Laurentides dont le dernier quart de siècle cache une histoire plutôt surprenante.
« C’est d’abord une question de rotation », explique Jean-Sébastien Boisvert, propriétaire de Terre Maraîchère Boisvert inc. « Ça me permet de ne pas revenir sur les mêmes parcelles avant deux, trois ou quatre ans. Le sol a le temps de se régénérer, les maladies qui pourraient être encore dans le sol, de disparaître et ça donne de meilleurs rendements. »
Quatre fois plus de revenus
L’intérêt du panais va plus loin. Sa production vaut le coût. « Quand tu es limité en entreposage, comme moi, tu es mieux de conserver un produit qui a plus de valeur », ajoute le producteur. Pour une superficie de culture donnée, illustre Jean-Sébastien Boisvert, le panais rapporte quatre fois plus de revenus que la carotte, par exemple. Faites le calcul…
Multiplier les variétés cultivées fait partie de la réalité des producteurs maraîchers. La méthode permet de répartir les risques causés par les aléas de la météo. Terre Maraîchère Boisvert cultive cinq légumes, un choix qui offre l’avantage de donner du travail aux membres de l’équipe tout au long de la saison. « Tout s’imbrique l’un dans l’autre », explique Jean-Sébastien Boisvert.
Malgré l’intérêt qu’il présente, le légume aux allures de carotte blanchâtre reconnu pour son goût sucré (qui rappelle un mélange de carotte et de navet, mais en plus sucré, selon Jean-Sébastien Boisvert) reste un défi à produire. D’abord, parce que les semences coûtent cher, environ deux fois plus que celles des carottes. Aussi, en raison de ce que le producteur désigne comme une germination capricieuse qui peut augmenter les pertes. « Une mauvaise météo ou une situation pas tout à fait adaptée fait que c’est beaucoup plus clairsemé dans le champ », indique le maraîcher.
Le panais porte par ailleurs un autre facteur de risque : bien qu’il soit de culture ancienne, ce légume occupe peu de place dans le menu du Québécois moyen. La demande timide des consommateurs explique peut-être le nombre assez peu élevé de producteurs dans la province.
Une histoire qui ne s’invente pas
Jean-Sébastien Boisvert possède la totalité de Terre Maraîchère Boisvert depuis le 1er janvier 2020. Son association avec l’entreprise remonte cependant à beaucoup plus loin : 25 ans, en fait! « C’est une entreprise pour laquelle je travaille depuis que je suis tout petit », raconte le maraîcher originaire de Laval, toujours émerveillé par la singularité de son histoire. « J’avais 11 ans, j’étais tanné de ne rien faire de mes étés et, à un moment donné, j’étais au camping avec mes parents et je leur ai dit : l’année prochaine, j’aimerais ça travailler tout l’été. » Dès l’été suivant, le futur entrepreneur trouve un emploi à la Ferme JC Duval, un maraîcher de Saint-Lin–Laurentides qu’il ne connaît pas. « On savait que les producteurs de cornichons embauchaient de jeunes ados », se souvient l’homme de 36 ans.
Le déclic ne tarde pas à se faire. À quatre pattes dans les champs, Jean-Sébastien Boisvert connaît une sorte d’épiphanie. « La première année, à 12 ans, j’ai dit : c’est ça que je veux faire dans la vie. » Et lorsqu’on demande au producteur quand l’idée d’acheter l’entreprise des Duval lui est venue, il répond sans l’ombre d’une hésitation : « Le même été! Je trouvais ça dur, je trouvais ça donc dur de travailler à la chaleur pendant tout l’été à récolter des cornichons. Je trouvais ça dur, mais je me suis dit : un jour, ça va être mon entreprise. »