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Vincent Matte a choisi un défi à sa hauteur : démarrer sa ferme maraîchère dans un endroit qu’il aime, la terre à bois de son père, en banlieue de La Tuque, en Mauricie.
L’expression « partir à zéro » est de mise, alors que le lopin de terre qu’il cultive aujourd’hui était une forêt mature il n’y a pas si longtemps. « J’ai coupé les arbres pendant l’hiver, j’ai fait venir une pelle mécanique pour enlever les souches et ensuite, j’ai tout passé au rotoculteur. Des racines de sapin, ça mesure 15 pieds de long, et toutes les trois minutes, je devais arrêter le rotoculteur, enlever les racines, et repartir pendant… trois minutes », raconte le fondateur de la Ferme La Boisselée, située à Lac-Édouard.
Il a préparé son sol pendant deux ans, avec des cultures d’engrais verts et l’incorporation de fumiers et de chaux. Et le résultat lui plaît. Ses cultures verdissantes fournissent depuis quelques jours des légumes à la vingtaine de personnes qui se sont abonnées à ses paniers.
Des notions apprises en Chine
Sans études en agriculture, Vincent Matte possède néanmoins des connaissances en maraîchage que lui ont transmis des agriculteurs du Québec et de la Chine.
La petite ferme où il travaillait misait sur une production en serre qui l’a aussi inspiré. « Ils ont de petites serres, dont le côté nord est briqueté et dont la partie orientée vers le sud est vitrée, mais peut être rapidement recouverte d’une couverture thermique pour minimiser les frais de chauffage l’hiver », décrit-il. La découverte de plusieurs légumes qu’il ne connaissait pas et des techniques qui minimisaient l’utilisation de pesticides s’est avérée intéressante pour lui. « Mais mon mandarin n’est pas parfait. Il y a des fois où je ne comprenais pas grand-chose de ce qu’ils m’expliquaient », admet-il en riant.
Pour ne pas se casser les dents dans le démarrage de sa propre production de légumes, il a également travaillé une saison complète dans une ferme maraîchère de la Montérégie, qui utilise des techniques de maraîchage intensif sur de petites surfaces. Il a adapté ces techniques à son coin de pays, en implantant des tunnels de plastique pour offrir un meilleur climat à ses plantes. Un abri d’auto, modifié par son père, fait également office de serre. Sans oublier les panneaux solaires, de même que, à l’occasion, la génératrice, qui servent à alimenter ses pompes d’irrigation. Car, pour ajouter au défi, le maraîcher n’est pas alimenté par un réseau électrique!
Une taille modeste pour durer
Vincent Matte adore sa production maraîchère, qui est bordée par une forêt et un lac magnifique. Son objectif consiste à demeurer longtemps en agriculture, et pour ce faire, il croit important de maintenir une taille modeste d’entreprise. « Je voudrais faire 45 paniers, pas plus, pour que je puisse continuer sans devoir engager d’employé et sans me brûler. Ma blonde et mon père m’aident et c’est parfait », dit-il.
Le maraîcher désire aussi conserver son emploi à temps partiel, dont le revenu lui permet de vivre. L’autre secret, ajoute-t-il, consiste à ne pas s’endetter, avec la construction d’une serre commerciale, par exemple. « Je ne veux pas embarquer dans l’endettement, qui te pousse à faire plus de légumes, à vendre plus de paniers, à travailler plus, à engager quelqu’un et ne pas nécessairement faire plus d’argent. Moi, ce que je veux, c’est vendre le produit de ma terre, nourrir la communauté comme je peux, et être ici, dans le bois », conclut-il.