Maraîchers 30 août 2024

En quête d’une semence d’ail certifiée au Québec

Afin de limiter la transmission de virus dans les champs, l’industrie de l’ail travaille à l’élaboration d’un programme de certification garantissant la qualité phytosanitaire des semences de ce légume qui sont produites au Québec et vendues aux fermes. 

« L’objectif, c’est d’avoir de la semence saine et certifiée, qui va augmenter le rendement des producteurs. Ça va prendre encore quelques années à mettre en place, mais on a un bon bout de fait », affirme Stéphane Boucher, un agriculteur de Saint-Ambroise, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui s’implique activement dans ce projet soutenu par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). 

Dans une industrie encore émergente comme celle de l’ail au Québec, selon lui, il est impératif d’encadrer la production de semences afin d’assurer aux agriculteurs qui s’en procurent, souvent néophytes, que ce qu’ils achètent est exempt de virus.  

« C’est un danger. J’ai vu des producteurs se procurer de l’ail de semences qui n’était pas de qualité et contaminer leurs champs. Les rendements sont tellement à la baisse qu’ils se retrouvent obligés d’abandonner leur culture », raconte le copropriétaire de la Pépinière Boucher.

Une agronome du MAPAQ qui accompagne la filière dans sa démarche, Marie-Pascale Beaudoin, précise que le programme québécois en préparation s’inspire de celui qui existe déjà en France. 

Comme Stéphane [Boucher] est un importateur d’ail de semences françaises, on travaille beaucoup en partenariat avec eux pour avoir le même design d’échantillonnage.

Marie-Pascale Beaudoin, copropriétaire de la Pépinière Boucher

Un projet sur le rond depuis une décennie

Il y a loin de la coupe aux lèvres, toutefois, avant de mener à terme ce projet qui mijote depuis une décennie déjà.  

« Il y a eu la rédaction d’un protocole de certification, mais on a encore des problèmes d’approvisionnement. Donc, on n’a pas encore assez de volumes de semences d’ail [qui respectent les bonnes pratiques] pour valider un tel protocole », explique Mme Beaudoin.

Elle précise que le niveau élevé d’exigences pour obtenir la certification est un frein. « Ce n’est pas n’importe qui qui peut en faire. Ça exige des équipements tels que des filets protecteurs, donc il y a des coûts qui y sont rattachés », ajoute l’agronome. « Je pense qu’il y a une volonté des producteurs qui produisent de la semence d’y arriver, mais c’est beaucoup de contraintes administratives. Ça va prendre un organisme tiers pour faire respecter la certification, construire un cahier des charges. Il y a beaucoup d’étapes qui manquent. »

Malgré tous ces défis, Marie-Pascale Beaudoin estime que l’industrie québécoise pourrait se doter de sa certification d’ici quelques années, mais que la balle est dans le camp des producteurs. « Ç’a pris presque 12 ans, en France, faire un programme de certification », compare-t-elle, rappelant que le Québec produit de l’ail depuis seulement 2013. 

Elle précise que le MAPAQ a écrit un guide auquel les agriculteurs peuvent se référer pour faire des semences de ­qualité. Un dépliant qui fait la promotion des étapes à suivre devrait d’ailleurs leur être envoyé prochainement.