Maraîchers 13 juin 2024

Des installations réfrigérées de 11 M$ pour la laitue

SHERRINGTON – Après que leurs parts chez Vegpro International aient été vendues à des Américains, en 2022, les quatre fermes québécoises qui produisaient de la laitue pour ce géant maraîcher de Sherrington ont décidé de quitter le navire et de s’allier dans un nouveau projet. Ensemble, elles ont investi 11 M$ dans la construction d’un grand centre de distribution réfrigéré qu’elles partageront pour la vente directe de leurs laitues aux grandes chaînes de supermarchés.

« Quand on s’est fait acheter, on savait qu’on n’aurait plus nécessairement notre mot à dire et qu’on allait faire affaire avec une business américaine… On a choisi de prendre notre destin en main », raconte Marc-André Van Winden, copropriétaire de la Ferme Hotte et Van Winden, à Napierville. Le centre de distribution, dont il est coactionnaire avec ses confrères des entreprises Delfland, Maraîchers J.P.L. Guérin & Fils et Production horticole Van Winden, vient tout juste d’entrer en activité. 

Baptisé Les Jardins Multiforce, celui-ci est une nouvelle division du Groupe Vegco (à ne pas confondre avec Vegpro), un grand distributeur de légumes frais duquel ces quatre fermes maraîchères étaient déjà actionnaires. Ensemble, elles coordonnent depuis des années, avec huit autres fermes, leur offre de légumes qu’elles commercialisent dans les grandes chaînes de supermarchés et à l’exportation. 

« Chez Vegco, on coordonnait déjà notre production d’oignons, de carottes, de céleris-raves et d’une quinzaine d’autres légumes. La grande force, chez nous, ç’a toujours été le regroupement. Ce sont les producteurs qui sont propriétaires à 100 % de toutes ces ­installations-là et qui décident ensemble comment vendre leurs légumes. Là, on vient ajouter une corde à notre arc avec la laitue », poursuit M. Van Winden, qui est d’ailleurs président du Groupe Vegco.

Lors du passage de La Terre aux installations flambant neuves de Sherrington, le 4 juin, le grand bâtiment réfrigéré de 45 000 pieds carrés recevait ses toutes premières boîtes de laitues fraîchement récoltées.

Lors du passage de La Terre aux installations flambant neuves de Sherrington, le 4 juin, le grand bâtiment réfrigéré de 45 000 pieds carrés, encore vide, recevait ses toutes premières boîtes de laitues fraîchement récoltées. En faisant visiter les lieux, Marc-André Van Winden explique que tout a été conçu pour un maintien efficient de la chaîne de froid dès l’arrivée des boîtes, jusqu’au moment où elles sont distribuées aux clients quelques heures plus tard ou le lendemain. Cet élément est crucial pour la conservation de denrées hautement périssables telles que la laitue.

Dans l’industrie des supermarchés, c’est fait comme ça. Nous, on a relevé la barre pour s’assurer d’avoir les mêmes standards que les clients à qui on vend.

Marc-André Van Winden

Si le nouveau centre de distribution réfrigéré a surtout été configuré pour la laitue, la vingtaine d’autres légumes que produit le Groupe Vegco transigera aussi par là. M. Van Winden estime que 3 millions de boîtes ou de sacs de 50 livres de produits passeront par le centre en une année.

Le nouveau centre de distribution réfrigéré est situé à Sherrington. Il est annexé à l’usine d’emballage d’oignons du Groupe Vegco.

20 M$ d’investissements depuis 2020

Le système de mise en marché collective d’oignons de Vegco, bien rodé, est appuyé de technologies pointues de contrôle de qualité et de standardisation (voir l’encadré). Des investissements massifs d’environ 10 M$ ont été faits ces dernières années pour moderniser l’usine d’emballage de ce légume, dont la bâtisse est connexe à celle du nouveau centre de distribution réfrigéré. 

« C’est à peu près 20 M$ qu’on a investis depuis 2020, au total. Tout ça a pour but d’être concurrentiel, mais pas juste avec le Québec. On est en compétition avec l’Amérique du Nord. C’est de desservir les clients de la meilleure façon possible. »

Les oignons défilent sur un convoyeur avant d’entrer dans une grande boîte qui prend une multitude de photos et qui envoie en temps réel des données sur la qualité interne des oignons.

Les oignons défilent sur un convoyeur avant d’entrer dans une grande boîte qui prend une multitude de photos et qui envoie en temps réel des données sur la qualité interne des oignons.

Une analyse interne des oignons en temps réel

L’usine d’emballage d’oignons intègre un poste où s’effectue une analyse poussée de l’intérieur des oignons. Ceux-ci défilent sur un convoyeur puis entrent dans une grande boîte qui prend une multitude de photos et qui envoie en temps réel des données sur la qualité interne des oignons et sur leur taille. « Je peux te dire que dans les oignons qui passent en ce moment, 29 % sont des moyens, 65 % ce sont des moyens-larges. Il y en a avec un peu de pourriture, avec des cœurs doubles, des germes », énumère Marc-André Van Winden, en consultant son écran d’ordinateur. 

Ce système de pointe de plusieurs millions de dollars a d’ailleurs permis d’éviter la vente d’oignons pourris aux clients, l’hiver passé, alors que la conservation des oignons a été particulièrement difficile après un été à baigner dans l’eau. « On avait des problèmes de pourriture au cœur, souligne son confrère Jean-Claude Guérin. Tu en jettes plus parce que tu sais que c’est pourri, mais au moins tu ne les vends pas aux clients », dit-il.

À leur arrivée, les boîtes de légumes sont tout de suite placées dans un vide (vaccum) qui enlève l’oxygène et entreprend rapidement la réfrigération. Crédit photo : Caroline Morneau/TCN

À leur arrivée, les boîtes de légumes sont tout de suite placées dans un vide (vaccum) qui enlève l’oxygène et entreprend rapidement la réfrigération. Crédit photo : Caroline Morneau/TCN

Un refroidissement efficient

À leur arrivée au centre de distribution, les boîtes de légumes sont tout de suite placées dans un vide (vaccum) qui enlève l’oxygène et entreprend rapidement la réfrigération. « Ta laitue qui est à 30 degrés, en 30 minutes, elle va être à deux degrés. Ensuite, au lieu de la ressortir pour la mettre dans une zone tempérée, on a configuré ça pour qu’elle soit poussée immédiatement dans la zone de froid », explique Marc-André Van Winden. Il s’agit d’un exemple dans l’organisation des lieux qui permet de respecter le mieux possible la chaîne de froid. « C’est bâti de façon écoénergétique avec des portes qui se referment rapidement. On s’assure d’un système optimal de rotation des produits aussi qui fait en sorte que les plus vieux sortent toujours en premier, pour éviter les pertes d’inventaires. »