Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
SAINT-ROCH-DE-L’ACHIGAN – Au début du mois d’août, les copropriétaires de la Ferme G. Locas et Frères, Steve Dauphin et François Locas, s’estimaient chanceux. Contrairement à d’autres confrères maraîchers, qui vivaient une saison difficile en raison des intempéries et des pluies diluviennes, ces deux producteurs de carottes de Saint-Roch-de-l’Achigan, dans Lanaudière, n’observaient, à ce moment-là, que très peu de dommages dans leurs champs. La situation a changé depuis. Progressivement, les feuilles des légumes racines se sont mises à jaunir par endroits, puis à tourner au rouge, signe d’un dépérissement des carottes.
« Ce n’était pas apparent immédiatement, comme dans la laitue ou la fraise. C’est plus tard que tu le vois que ça jaunit. Quand c’est jaune, ça veut dire que des carottes, par bouts, vont être potables, mais que d’autres vont être pourries. Quand c’est rouge, c’est tout pourri », explique Steve Dauphin.
D’autres mauvaises surprises pouvaient encore survenir au moment des récoltes, prévues de septembre à novembre, rendant les pertes impossibles à quantifier au moment de la visite de La Terre, le 22 août. Les excès d’humidité propices aux maladies fongiques pouvaient aussi générer des problèmes de conservation en entrepôt cet hiver. « C’est une boîte à surprises. En entreposage, c’est là qu’on va voir l’agressivité des maladies fongiques », ajoute François Locas. Généralement, sa ferme récolte environ 100 000 poches de carottes de 50 livres qu’elle entrepose de novembre à avril. « On sait qu’il y aura probablement plus de carottes déclassées qu’à l’habitude et qu’on ne récoltera probablement pas autant que d’habitude, mais on ne sait pas exactement à quoi s’attendre. »
Le propriétaire de la ferme voisine, Martin Gariépy, a un son de cloche similaire.
Des plants asphyxiés
« Des ronds rouges dans mes champs de carottes aussi pires que ça, c’est la première fois que je vois ça. Depuis 1989 que je suis à la ferme et je n’avais jamais vu ça. » Dans certaines de ses cultures de betteraves, les feuilles sont aussi rougeâtres, ce qui indique que les plants, privés d’oxygène, sont asphyxiés par les excès d’eau et ont arrêté prématurément de croître, réduisant le calibre des légumes.
Charles Duval, qui cultive 4 hectares de betteraves biologiques plus loin, à Saint-Roch-Ouest, s’attend cette année à n’en récolter que 1,5 hectare. Son champ clairsemé laisse entrevoir une saison difficile. Son ail, qui a baigné dans l’eau moins longtemps avant d’être récolté sur deux jours, vers le 20 juillet, s’en est mieux tiré, se console l’agriculteur.
Pas nécessairement une mauvaise saison
Pour Steve Dauphin, il n’est pas impossible que la saison soit bonne malgré tout, si, par exemple, un phénomène de rareté fait monter le prix offert aux producteurs. François Locas ajoute que le marché peut changer du jour au lendemain. « Je me rappelle une année, dans [la carotte jumbo], c’était au mois de décembre. On les vendait 13 $ la poche de 50 livres. Puis, il a neigé au Mexique. En l’espace de trois jours, c’est passé de 13 $ à 29 $ », raconte le producteur. « Cette année, ce qu’on espère, c’est de faire nos frais. On espère juste la sauver, celle-là. »