Essais du CETAB+ : des engrais verts semés avec les légumes

Dans le but de valoriser les méthodes de protection du sol tout en menant des activités de transfert de connaissances, le CETAB+ (Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité) a mené cet été des essais sur l’implantation d’engrais verts chez une douzaine de producteurs de légumes de transformation, à savoir dans les cultures des pois, des haricots et du maïs sucré.

C’est connu, les bénéfices des engrais verts sont multiples et bien documentés, comme la fourniture d’azote pour la culture suivante, l’amélioration de la portance du sol à la récolte, la diminution des pertes à la récolte et la protection hivernale des sols.

Julie Anne Wilkinson, agronome au CETAB+ et coordonnatrice du projet

« Le principal avantage de l’engrais vert est la structuration du sol et l’apport en matière organique, tout en compétitionnant les mauvaises herbes », fait valoir Julie Anne Wilkinson, agronome au CETAB+ et coordonnatrice du projet Amélioration de la santé des sols par l’utilisation d’engrais verts dans les légumes de transformation, qui a été mené en collaboration avec les Producteurs de légumes de transformation du Québec (PLTQ).

Un sondage préalable aux essais mené auprès de 32 producteurs avait indiqué que les deux tiers d’entre eux avaient déjà tenté cette pratique.

Nous avons semé des engrais verts en intercalaire dans le haricot et le maïs sucré, ainsi qu’en plein champ après la récolte du pois et du haricot.

Mélodie Juteau, agronome au CETAB +

Parallèlement, des essais ont été réalisés à l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) à Victoriaville dans l’implantation de parcelles intercalaires dans le haricot et le maïs sucré et de parcelles d’engrais verts avant la culture du haricot.

Mélodie Juteau, agronome et conseillère en grandes cultures et cultures maraîchères biologiques au CETAB+

En cours d’évaluation, sur le plan de l’utilisation d’herbicides résiduels, les producteurs conventionnels ont été confrontés à une contrainte pour l’implantation des intercalaires dans le maïs sucré et le haricot. Notons que la moitié des participants étaient des producteurs biologiques, et l’autre, des producteurs conventionnels. 

« Habituellement, nous utilisons un herbicide rémanent qui dure de 35 à 40 jours dans le maïs sucré, tandis que là, il a fallu utiliser un ­herbicide de contact. Quelques graminées ont poussé au travers », note Laurent Rochat, de la Ferme Bertrand Rochat, à Saint-Césaire en Montérégie, un des participants à l’étude du CETAB+. 

« Dans le haricot vert, on a essayé du blé à la volée, mais ça n’a pas eu les résultats escomptés. Dans le maïs sucré, on a mis du ray-grass annuel et ça a été au-delà de nos attentes. On l’a mis même un peu trop tôt, car il est devenu haut et beau quand c’est venu le temps de récolter. »

Au terme de la saison, l’agronome Julie Anne Wilkinson a relevé quelques pistes ­intéressantes comme les bénéfices reliés aux intercalaires d’engrais verts dans les haricots tant en ce qui concerne la culture que la structuration du sol. Autre constat, une fois le maïs sucré récolté, le trèfle rouge et la vesce velue avaient poursuivi leur croissance. « Nous avons aussi relevé l’importance de faire des mélanges d’espèces, puisque certaines années sont plus propices à certaines espèces que d’autres et les différents réseaux racinaires de chaque espèce sont complémentaires », conclut Julie Anne Wilkinson.