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NOTRE-DAME-DU-BON-CONSEIL – Le vétérinaire Anthony Bastien prévient les producteurs cunicoles de la réelle menace que pose la maladie hémorragique du lapin (MHL), alors qu’un variant de cette maladie également transmissible chez les lapins sauvages et les lièvres a été détecté en juillet dernier chez deux lapins domestiques de la région montréalaise. Le Dr Bastien a même comparé le risque de la maladie hémorragique du lapin à la grippe aviaire.
Cette maladie peut faire des ravages, d’autant plus que le virus, très contagieux, est très résistant dans l’environnement une fois excrété par les animaux malades et peut y survivre plusieurs mois tout en restant infectieux. « L’impact est important. Ça peut se rendre à 100 % de mortalité [dans un troupeau d’élevage] », a précisé le Dr Bastien lors de l’assemblée générale annuelle du Syndicat des producteurs de lapins du Québec, le 10 novembre, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, dans le Centre-du-Québec.
Des plans d’urgence en élaboration
La Terre a demandé à Anthony Bastien ce qu’il adviendrait d’une ferme d’élevage ayant des lapins contaminés. Le gouvernement exigera-t-il l’éradication complète du troupeau? « [S’il y a] éradication, ça va être le fédéral qui va la demander. […] Sous toutes réserves, je pense que ce sera du cas par cas. Est-ce qu’on pourrait dépopuler un certain nombre d’animaux et en vacciner d’autres? Ça va vraiment être au cas par cas. […] On est en élaboration de notre plan d’urgence. Le fédéral aussi est en élaboration de son plan d’urgence. C’est un sujet très d’actualité », assure celui qui est responsable du secteur aviaire et cunicole au Réseau d’alerte et d’information zoosanitaire du gouvernement provincial. La MHL est une maladie à notification immédiate, c’est-à-dire que les laboratoires doivent déclarer tout résultat positif à l’Agence canadienne d’inspection des aliments et au ministère de l’Agriculture du Québec. L’objectif est de transmettre l’information rapidement « pour ne pas que ça devienne une grande épidémie », explique M. Bastien.
Les lapins contaminés peuvent saigner du nez ou simplement paraître faibles et mourir. Seul un test en laboratoire peut confirmer la présence du virus. Les deux cadavres testés positifs cet été ont été infectés de manière indirecte puisqu’ils n’étaient pas en contact avec la faune ou d’autres lapins. L’enquête n’a toutefois pas été en mesure de déterminer la source d’infection. Anthony Bastien souligne que les propriétaires de lapins peuvent, sans le savoir, porter le virus sur leurs souliers ou leurs vêtements et le transmettre à leur animal. La popularité des lapins comme animaux de compagnie au Québec augmente ainsi le risque de propagation, surtout que, comme le mentionne le Dr Bastien, « ce n’est pas évident de sortir le boyau à pression dans un appartement et de désinfecter ».
Il importe de demander aux propriétaires d’animaux infectés de désinfecter le mieux possible et d’éviter d’entrer en contact avec des éleveurs de lapins. Un vaccin efficace à 90 % contre la maladie est recommandé aux propriétaires de lapins domestiques et d’élevage. Les bonnes pratiques en biosécurité demeurent également une arme de prédilection contre la maladie, souligne le vétérinaire.
Des doutes
Des éleveurs présents à l’assemblée ont cependant levé le sourcil autant par rapport à la vaccination que par rapport à la biosécurité. D’une part, la vaccination des lapereaux est impossible, car il faut 10 semaines de vie avant d’être admissible au vaccin et les lapins partent à l’abattoir après 10 semaines d’élevage environ. Et l’argent ne pleut pas. Un éleveur a confié à La Terre qu’avec le peu de profit qu’il réalise avec son élevage, faire vacciner tout son troupeau reproducteur représente un pensez-y-bien, d’autant plus que le vaccin est efficace, mais pas à 100 %.
De son côté, Maxime Tessier, propriétaire de Lapin de Saint-Tite, s’inquiète de la biosécurité. « C’est stressant, car avec les équipements d’abattoir, la biosécurité, c’est tough. Nos cages sont mélangées avec celles des autres producteurs. C’est l’abattoir [situé en Ontario et qui traite 80 % de la production de lapins québécois], qui lave les cages et ils manquent d’employés, alors le nettoyage… tsé! » Il ajoute qu’en étant une petite industrie, les producteurs privilégient le transport en commun de leurs animaux. « Ça nous permet de partager les frais, mais le cas échéant, les maladies. »
Précisons que la maladie hémorragique du lapin n’est pas une zoonose, c’est-à-dire qu’elle ne se transmet pas à l’humain. S’ils suspectent un lapin malade ou mort d’être porteur de la MHL, les éleveurs sont invités à contacter rapidement un vétérinaire, qui lui, contactera le Réseau d’alerte et d’information zoosanitaire au 1 844 264-6289.