Lait 1 décembre 2023

Le report de la hausse du prix du lait à la ferme remis en question

Si les ventes au détail de produits laitiers ont reculé dans la dernière année au Canada, la demande totale, en incluant le marché des hôtels, de la restauration et des institutions (HRI), a été stable ou en augmentation, selon des données présentées le 23 novembre, lors des Journées de réflexion des Producteurs de lait du Québec (PLQ).

« Pour le lait de consommation, on parle plus d’une stabilité. Pour la crème, on parle d’une hausse, et pour le beurre aussi. Pour le fromage, on a une hausse globale qui est due à [une tendance croissante] en début d’année », a résumé l’agroéconomiste Rock Éric Hounhouigan, durant sa présentation. Celle-ci était basée sur la comparaison des ventes canadiennes au cours des 52 semaines se terminant le 30 septembre à celles de la même période l’année précédente.

Devant ces résultats, une productrice, Michelle Souci, a demandé au micro pourquoi l’industrie est frileuse à l’idée d’annoncer des hausses de prix aux producteurs, considérant que les ventes de produits laitiers ne semblent pas avoir été ralenties dans la dernière année par l’inflation alimentaire. 

Rappelons que la Commission canadienne du lait (CCL) a décidé de reporter la prochaine indexation du prix du lait à la ferme, comme le recommandaient les Producteurs laitiers du Canada (PLC). La hausse de 1,77 % sera effective au 1er mai, plutôt qu’au 1er février. Les PLC avaient justifié leur recommandation par une volonté d’offrir un revenu décent aux producteurs tout en préservant, ultimement, l’accessibilité et la compétitivité des produits vendus aux consommateurs.  

On a vu une croissance [des ventes] dans le lait de consommation, une croissance dans le yogourt, une croissance dans le fromage, mais pourtant, on a eu deux hausses [de prix] assez significatives [dans la dernière année]. Le consommateur n’a jamais payé aussi cher en un an. Je pense qu’on n’a pas à avoir peur de demander ce qui nous est dû. […] Ça ne fait pas peur au consommateur, forcément.

Michelle Souci, productrice

Recul des ventes au détail

Le président des PLQ, Daniel Gobeil, a reconnu que le marché des HRI a tiré vers le haut les ventes générales de produits laitiers, mais a signifié que le marché du détail, qui est représentatif du comportement des consommateurs en épicerie, a connu un recul important. 

Selon des données Nielsen, les ventes au détail pour les douze mois se terminant en septembre ont diminué de 1,7 % pour le lait de consommation, de 2,5 % pour la crème et de 4,2 % pour le beurre. Les ventes de fromages sont restées stables.

« L’année d’avant, [le recul pour le marché du beurre au détail] avait été de 4,9 %. Depuis plusieurs années, on vous montrait des ventes de beurre au détail qui étaient à la hausse de 3-4-5 %. Donc, ç’a été un recul important de nos ventes dans les deux dernières années », a ajouté la directrice générale des PLQ, Geneviève Rainville. Elle a également signalé que les tendances de marché inhabituelles ne peuvent plus être expliquées par la pandémie de COVID-19, dorénavant.