Lait 15 novembre 2024

De nouvelles exigences pour les éleveurs

Dans un contexte de transformation majeure des pratiques en élevage, la professeure adjointe en bien-être des productions durables Marianne Villettaz Robichaud s’intéresse aux nouvelles exigences de bien-être pour les bovins. Lors de sa conférence au Colloque sur la santé des troupeaux laitiers le 26 novembre, elle proposera des solutions concrètes pour aider les producteurs à s’adapter aux récentes normes du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers.

Agronome et directrice du Groupe de recherche en santé des bovins (GRESABO) de l’Université de Montréal, Mme Villettaz Robichaud souhaite apporter des éclairages indispensables aux producteurs bovins québécois. Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers, mis à jour récemment, impose de nouvelles règles pour améliorer le bien-être des animaux, des veaux aux vaches adultes. Ces changements, qui vont de la liberté de mouvement à la gestion de la douleur, visent à renforcer la qualité de vie des bovins et à promouvoir des pratiques agricoles durables.

Répondre aux défis des nouvelles normes

Depuis le 1er avril, les producteurs doivent se conformer aux nouvelles exigences du Code, notamment en ce qui concerne le logement pour les vaches taries et en transition.

Mon objectif est d’outiller les producteurs québécois face aux exigences du nouveau code, particulièrement au chapitre de la liberté de mouvement des vaches.

Marianne Villettaz Robichaud

Parmi les principaux changements introduits par le Code, la liberté de mouvement des vaches est une exigence cruciale. Les nouvelles règles stipulent que d’ici 2027, les vaches laitières ne pourront plus être attachées en continu tout au long de leur cycle de lactation. « C’est une mesure essentielle pour le bien-être animal. Offrir une période non attachée pendant le tarissement permet aux vaches de se déplacer, de se comporter plus librement, ce qui est bénéfique pour leur santé physique, notamment la locomotion, ainsi que pour leur bien-être général », souligne la spécialiste.

Des enjeux pratiques et économiques

Pour les producteurs, ces nouvelles normes soulèvent des enjeux pratiques et économiques importants. Adapter les installations pour répondre aux exigences de liberté de mouvement implique des investissements conséquents, surtout pour les fermes ayant un modèle traditionnel d’élevage en stabulation entravée. 

Mme Villettaz Robichaud, consciente de ces défis, propose des solutions « pratiques, efficaces et économiquement viables » pour que les éleveurs puissent adapter progressivement leurs infrastructures.

Elle propose des stratégies de logement adaptées aux différentes étapes, du tarissement au vêlage. « L’idée est de discuter des types d’aménagements qui respectent le bien-être des animaux tout en permettant aux producteurs de travailler de manière efficace et sécuritaire », précise-t-elle. 

Lors de sa conférence au Colloque sur la santé des troupeaux laitiers, le 26 novembre, Marianne Villettaz Robichaud proposera des solutions concrètes pour aider les producteurs à s’adapter aux récentes normes du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers. Photo : Gracieuseté de Marianne Villettaz Robichaud

« Passer d’une stabulation entravée à un modèle de liberté de mouvement demande des ajustements dans les méthodes de manipulation des animaux, afin de minimiser les risques d’accident pour les éleveurs et les bovins », ajoute-t-elle.
Les échéances, bien que progressives, imposent des adaptations majeures pour de nombreux producteurs, surtout du côté de la construction et de la modification des installations. « En production animale, cinq ans peuvent sembler un délai long, mais pour planifier des rénovations d’infrastructures, c’est un défi de taille », indique Mme Villettaz Robichaud.

Pour Marianne Villettaz Robichaud, la mise en place de ces nouvelles normes est une avancée importante pour le bien-être animal au Québec. « Les recherches montrent que ces pratiques améliorent la santé et le bien-être des animaux, et sont bénéfiques aussi pour les performances de production », explique-t-elle. Les bénéfices incluent une meilleure santé des vaches, une réduction des problèmes de locomotion et des gains en matière de productivité. La liberté de mouvement, par exemple, permet aux animaux de s’exprimer de manière plus naturelle, ce qui réduit le stress et améliore leur résilience.

Vers une production durable et éthique

Marianne Villettaz Robichaud souhaite apporter un appui concret aux producteurs et les encourager dans la mise en place de pratiques plus durables. « Ces changements contribuent à une agriculture plus éthique et respectueuse des animaux, tout en tenant compte des réalités économiques des éleveurs. C’est un équilibre que nous cherchons à atteindre, et je suis convaincue que les producteurs peuvent y arriver », conclut-elle.

La conférence de Mme Villettaz Robichaud sera l’occasion de mieux comprendre les enjeux et les solutions possibles pour une production laitière alignée avec les standards actuels de bien-être animal.