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Après cinq ans de développement, Michel Mercier, consultant en production animale en Chaudière-Appalaches, et le producteur Mathieu Bisson, lancent, le 16 janvier, un outil informatique qualifié de révolutionnaire, ayant l’objectif de guider et d’améliorer les performances des producteurs qui transigent sur les marchés boursiers, que ce soit pour vendre d’avance leur grain, leurs animaux ou acheter d’avance leurs intrants.
Michel Mercier conseille des fermes pour un total d’environ 200 sites en production porcine et vient de créer un algorithme qui intègre différentes stratégies de mise en marché, les lois de la moyenne et plus. Il a basé son algorithme sur les stratégies de diversification du risque d’une dizaine de ses producteurs.
87 % du temps dans le mille
Son algorithme se démarque par un taux de succès de 87 %, ce qui signifie que les positions prises par le logiciel se sont avérées profitables plus de 8 fois sur 10, indique Michel Mercier. Il a testé son logiciel en simulant ses actions lors des 13 dernières années et l’algorithme offre un gain supplémentaire de 25,20 $ par porc vendu d’avance, selon le principe des contrats à livraison différée (CLD). Son algorithme réussit ce gain par des positions prises sur des CLD de porcs, mais aussi sur des achats faits à l’avance de maïs-grain, de tourteau de soya et plus.
L’objectif de Michel Mercier consiste à en faire un outil de « réussite collective ». En collaboration avec le producteur Mathieu Bisson, M. Mercier entend former un organisme sans but lucratif (OSBL), semblable à un club de mise en marché, qui sera mandaté par ses membres afin de prendre des positions pour eux à l’aide de l’algorithme. Le coût annuel pour en faire partie est fixé à environ 3 000 $ par membre.
Selon Mathieu Bisson, ces frais sont bien peu comparativement aux dizaines de milliers de dollars qu’il a perdus dans les CDL de porcs ces dernières années. « Je fais partie de ceux qui ont edgé [vendu d’avance sur la bourse de Chicago] du porc en 2021 et en 2022 et qui ont perdu pas mal. Pour 2023, on a remonté la pente, mais je me cherchais une méthode pour améliorer mes gains avec les CDL et réduire aussi le temps que je dois y consacrer. C’est là que le [concept de l’OSBL] et l’algorithme de Michel Mercier sont intéressants. »
Chicago sans pitié pour les émotions
Michel Mercier mentionne ceci : « En règle générale, les producteurs désirent utiliser les contrats à livraison différée pour diversifier leurs risques, mais l’analyse des marchés ne constitue pas leur métier principal. » Parallèlement, il souligne que prendre des positions à la bourse de Chicago ne doit pas se faire au hasard ou sous le coup de l’émotion.
« J’ai des producteurs qui se disent qu’ils peuvent s’enrichir sur Chicago, mais de l’enrichissement, je n’en ai pas vu tant que ça. Même que pour 2021 et 2022, j’ai vu des fermes avoir des appels de marges [des pertes sur les porcs vendus d’avance] de près d’un million de dollars. Ça veut dire qu’ils doivent pousser 1 M$ dans leur compte de courtage. Dans plusieurs cas, le porc qu’ils ont vendu, par exemple à 250 $, est monté à 300 $ et en même temps, le prix du grain a monté terriblement. Ces éleveurs avaient pensé bien faire, sauf qu’ils ont couvert leur prix de vente sans couvrir leur coût de production. S’ils avaient vendu d’avance leurs cochons et qu’ils avaient acheté d’avance leurs intrants, ils auraient au moins connu et sécurisé une certaine marge », détaille-t-il.
M. Mercier conclut en disant que pour prendre des positions à Chicago, il faut une démarche structurée, récurrente et sans émotion. Ces affirmations lui viennent des simulations qu’il a réalisées sur son algorithme en lien avec certaines actions humaines. « L’effet humain est vraiment surprenant. Par exemple, si le producteur se dit qu’il va attendre au lendemain pour prendre une position, il passe d’un gain moyen de 10 $ le cochon à 0 $! Ou s’il décide de ne pas transiger lors du temps des sucres, des semis ou des vacances de la construction, ses gains diminuent aussi. J’ai vraiment appris avec l’algorithme », partage-t-il.
Mathieu Bisson et Michel Mercier soulignent que leurs prises de position en groupe ne conviendront cependant pas à tous les producteurs. « Il faut des gens qui comprennent bien ce concept et qui seront imputables », explique Mathieu Bisson, en signifiant qu’il n’y a pas de garantie. « Si l’organisme prend une position dans le futur pour un contrat de maïs-grain, les éleveurs du groupe acceptent d’être effectivement liés à une partie de ce contrat, qu’il s’avère favorable ou non, une fois arrivé à échéance », ajoute-t-il.