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COMPTON – Derrière le mur des plants de maïs, le bruit sourd et le nuage de poussière d’une moissonneuse-batteuse signalent qu’elle peut surgir à tout moment, et soudainement, l’immense nez 16 rangs apparaît et déchiquette toutes les tiges dressées devant elle. Le conducteur s’arrête et ouvre sa portière pour s’entretenir avec La Terre. Il n’a que de bons mots au sujet de sa récolte 2024 à Compton, en Estrie.
Le propriétaire du champ où il se trouve se réjouit lui aussi de ce qu’il voit. « On a eu une météo exceptionnelle cette année, alors oui, on a de bons champs », dit Roger Vaillancourt, qui possède l’une des grandes fermes laitières de la région. La récolte qui a commencé deux semaines plus tôt qu’à l’habitude est un autre élément positif. Et il fait chaud. La température de 23 °C en ce 22 octobre donne l’impression d’être en été. « Normalement, dans les Cantons de l’Est, la première gelée est le 26 septembre. On est loin de la moyenne. Ça va coûter moins cher de séchage », estime-t-il.
Si plusieurs de ses champs offrent un bon rendement, d’autres seront moins rentables en raison des voleurs à plumes et à fourrures, fait-il remarquer. « On a de grosses pertes à cause des dindes sauvages, des chevreuils et des ours. Ça empire d’année en année. Ce printemps, on a même eu beaucoup de corneilles qui sortaient les plants de maïs du champ. C’est la première fois qu’on voyait ça », peste-t-il.
Des cartes de rendement avec de belles couleurs
La bonne récolte de maïs-grain semble généralisée dans plusieurs régions. Alain Gervais, un producteur de Saint-Denis-sur-Richelieu, en Montérégie, mentionne que l’un de ses clients a même dépassé son record.
Avec un poids spécifique de 70 kilos à l’hectolitre et plus, la qualité l’enchante. Il précise que dans les loam sableux et les sables, « tout le monde est extrêmement content, mais dans les grosses argiles, c’est une autre game », nuance-t-il. M. Gervais fait remarquer que dans les terres argileuses mal égouttées, les pluies diluviennes du début d’été ont court-circuité la croissance du maïs. « Tu vois des rendements qui variaient entre 8 et 18 t/ha. L’humidité, même chose : très variable selon les champs. »
Les conditions de récolte diffèrent tout de même des automnes où les producteurs doivent affronter la boue, la neige et le froid. « C’est merveilleux et on ne peut pas se plaindre! » s’exclame-t-il.
Dans le Centre-du-Québec, à Saint-Cyrille-de-Wendover, Claude Verrier achève la récolte de ses 200 hectares et témoigne de cette variabilité avec des champs au-dessus de la moyenne et d’autres, en dessous. « Mais c’est une très belle année », résume-t-il quand même.
L’agricultrice Johanne Pagé entend de bons commentaires des producteurs de maïs tout autour d’elle, dans Lanaudière. « L’an passé, nous n’avons pas eu une bonne année, avec du 9 t/ha, mais là, on est dans le 14 t/ha [sur une base humide]. C’est le fun! Surtout qu’avec toute la pluie de cet été, on se disait que les rendements seraient pires, mais c’est bon, c’est vraiment bon », dit celle dont la ferme est située à Sainte-Élisabeth. Le poids spécifique de 70 kg et plus à l’hectolitre l’avantage, tandis que le taux d’humidité de 22 à 25 % est semblable aux autres années.
Elle note cependant des surprises liées aux inondations provoquées par les 200 mm de pluie tombés en une journée dans son secteur. « Il y a bien des affaires dans les champs, comme des branches, qui ont été amenées par les ruisseaux, rivières et fossés qui ont débordé. Mon voisin a trouvé assez de bûches dans son champ pour se faire deux cordes! Mais toute cette eau a mis une espèce de terre sur les plants. Assez que tu perds la batteuse de vue tellement il y a de la poussière. La poussière, c’est quelque chose cette année! »