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Conséquence d’un climat plus clément et du développement de nouveaux cultivars, les superficies de champs de céréales gagnent du terrain depuis le début des années 2000 dans l’Est-du-Québec.
« C’est encore plus marqué depuis que les prix des céréales se sont envolés il y a trois ans », note Francis Caouette, président des Producteurs de grains de l’Est-du-Québec (Bas-Saint-Laurent et Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine).
Producteur de grains (orge, avoine, blé et sarrasin sur 500 acres) sous régie biologique à Saint-Tharcisius, dans la vallée de la Matapédia, il souligne que cette avancée s’est cependant faite au détriment des fermes laitières et bovines. Une réalité qu’il a lui-même vécue lorsque son père a abandonné la production laitière en 1999.
D’ailleurs, parmi les cinq principales productions agricoles dans le Bas-Saint-Laurent, le secteur des céréales et oléagineux (6 %) est passé devant celui des bovins et veaux (4 %). Ceux du lait (48 %), de l’acériculture (13 %) et du porc (10 %) occupent les trois premières positions.
« Si on recule de 20 ans, le blé commençait tout juste à être semé ici en région alors qu’aujourd’hui, c’est une culture courante », poursuit-il. Outre le blé, les champs de l’Est-du-Québec sont aujourd’hui cultivés pour le canola, l’orge, l’avoine et le seigle, autant en régie biologique que conventionnelle. « Il y a aussi du quinoa qui se fait en développement, et dans la région de Baie-des-Chaleurs, on retrouve quelques producteurs de soya », ajoute Francis Caouette.
Selon lui, c’est une combinaison des changements climatiques et des travaux de recherche du Centre de recherche sur les grains (CÉROM) qui a permis ce développement. « On a réussi à développer des cultivars qui poussent mieux dans les régions plus froides et à courte période végétative comme la nôtre. Ici, on commence à semer au mois de mai, mais en septembre, il ne se passe plus rien dans les champs », précise-t-il.
Malgré cette avancée, la partie est encore loin d’être gagnée pour les producteurs de céréales de l’Est-du-Québec. « Comme nous n’avons pas le même volume que les producteurs de la Montérégie par exemple, on a de la difficulté à faire classer notre blé ou notre avoine pour l’alimentation humaine. La mise en marché est beaucoup plus complexe pour y arriver et des producteurs vont préférer vendre leur récolte pour l’alimentation animale même si ça signifie se priver de 75 $ à 100 $ de moins la tonne. »
Mise en marché à repenser
Mais le plus grand défi des producteurs céréaliers des régions éloignées demeure la question du transport, insiste Francis Caouette. « C’est quelque chose qui tue les régions à petit feu. L’Abitibi et le Lac-Saint-Jean vivent le même problème. Moi, pour amener mon blé à Varennes ou à Québec, ça me coûte 50 $ de transport la tonne. Je pars donc avec 50 $ de moins que le producteur des grands centres parce que le prix est fixé à la Bourse. »
Administrateur aux Producteurs de grains du Québec (PGQ), Francis Caouette souligne qu’en sous-comité, ses explications sur la façon dont les producteurs de sa région mettent leurs céréales en marché ont suscité curiosité et questionnement. « Les représentants de la Montérégie trouvaient ça bizarre, la façon dont on fonctionnait. »
Selon lui, il y a une importante étude à faire sur la façon dont les producteurs en région font leur mise en marché afin de la rendre plus efficace. « Il faut uniformiser la façon de négocier les céréales et convaincre nos producteurs de le faire correctement en adoptant les méthodes de leurs confrères des grands centres », souligne-t-il en émettant le souhait que les PGQ se penchent sur le dossier en réalisant cette étude pour ensuite émettre des recommandations. « En tant que producteurs de grains, on est capables de se protéger nous autres même et d’arriver à trouver un terrain d’entente avec les vendeurs et les acheteurs », conclut Francis Caouette.
Cet article a été publié dans le cahier Grains de janvier 2023.