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L’hiver exceptionnellement clément que nous venons de connaître, tant du côté du couvert de neige que des températures, a incité certains producteurs fébriles à sortir la machinerie au champ dès le mois de février. Le reportage de La Terre de chez nous d’un agriculteur de la Montérégie qui a commencé ses semis de trèfle rouge le 16 février dans 15 cm de neige nous le rappelle.
Pour reprendre une expression bien de circonstance ici : met-on la charrue devant les bœufs? « Je pense qu’il faut se calmer les nerfs puis se souvenir qu’on est juste en mars. S’il fait -15 degrés dans deux semaines, on ne sera pas plus avancés. On a parfois la mémoire courte en agriculture », estime Justin Chabot, technicien agricole pour le Groupe Ducharme, interrogé le 1er mars alors que la neige avait déjà déserté les champs au Centre-du-Québec.
Depuis plus de 20 ans qu’il est sur le terrain, Justin Chabot n’a jamais vu ça, mais la prudence est de mise justement parce qu’il n’y a pas de précédent. « Il y a trois ans, on a eu un gel tardif dans la région et les producteurs avaient dû recommencer leurs semis de soya », rappelle-t-il. Justin Chabot recommande plutôt aux producteurs de profiter de cette fenêtre pour entreprendre des travaux pour lesquels ils n’ont jamais de temps normalement. « Au printemps, on doit souvent faire 15 opérations en même temps. Là, la neige est partie; on doit en profiter pour sortir le fumier et faire nos travaux d’épandage. »
Les céréales de printemps étant généralement semées le plus tôt possible, Justin Chabot s’attend à ce que des producteurs veuillent accélérer les semis étant donné que la neige a disparu des champs. Encore là, le représentant du Groupe Ducharme recommande la prudence.
Le technicien agricole voit un autre problème potentiel aux faibles précipitations de neige qui ont caractérisé le dernier hiver. Moins de neige au sol en cette fin d’hiver pourrait s’avérer problématique si le printemps s’annonçait sec. « L’absence de neige contribuera à l’assèchement rapide des sols, ce qui pourrait résulter en des conditions de sécheresse tôt en saison, ce qui peut compromettre la germination de certaines cultures en fonction du type de sol », appréhende Justin Chabot.
« Dans un sol assez lourd, par exemple, on a vu il y a quelques années dans un contexte semblable des problèmes de germination dans le soya. C’est rare qu’on voie ça. Il faut surveiller aussi au niveau des prairies. La semence est déposée en surface et ça peut causer des problèmes si le sol est sec ce printemps. Et si la plante qu’on sème ne lève pas, c’est autre chose qui va prendre la place comme les mauvaises herbes. »
S’il faut aller au champ pour travailler le sol, il vaut encore là mieux attendre que l’eau ait été bien absorbée. « Tant que c’est humide, on ne touche pas à ça. Les changements climatiques amènent plein de nouvelles situations, mais il y a des règles qui sont toujours de mise. Avec mes clients, je suis un peu conservateur dans les conseils que je donne, mais c’est toujours dans le but que le producteur mette toutes les chances de son côté. »