Grandes cultures 23 janvier 2024

Pleins feux sur les céréales à paille et le canola de 2024

Cette année encore, Grains a sondé 12 semenciers au sujet des céréales à paille et du canola qu’ils jugent les plus prometteurs pour 2024. Désireux d’en savoir plus? Rendez-vous sur laterre.ca/canolas-prometteurs-2024.


Lisanne Émond, de Brevant (Corteva)

Agronome chez Corteva, Lisanne Émond présente deux blés, des valeurs sûres qui ont fait leurs preuves lors des dernières saisons chez le semencier Brevant. Blé d’automne tendre blanc, l’Ava offre un potentiel de rendement remarquable avec une excellente cote de résistance au fusarium, une maladie d’importance dans les céréales au Québec. « C’est un très bon choix pour les producteurs biologiques. Il n’a pas la certification bio, mais on peut l’avoir dans le non-traité. Il ne contient pas d’OGM. Dans ce sens, il a un beau positionnement assez unique dans le marché québécois. » Comme second choix, Lisanne Émond y va du côté d’un autre blé d’automne, mais tendre rouge cette fois-ci, avec le Branson. Alliant super bon rendement et grains d’excellente qualité, il offre une très bonne tenue à la récolte. « C’est un bon choix pour la paille et l’alimentation animale », explique l’agronome. Le Branson se démarque également pour son excellente résistance aux maladies, notamment la fusariose.


Caroline Ferland, de BASF

Représentante commerciale pour l’ouest du Québec chez BASF, Caroline Ferland suggère dans un premier temps une nouveauté pour 2023, le canola InVigor L350PC, un hybride pour les zones de croissance intermédiaires à longues qui combine tenue, résistance à la hernie des crucifères de première génération et technologie brevetée de réduction de l’égrenage. « Il a obtenu le rendement le plus élevé à ce jour. Lors de nos essais internes en 2020 et 2021, il a affiché un rendement de 115,6 % par rapport au InVigor L255PC et Pioneer 45H33 », explique l’agronome, qui ajoute que le InVigor L350PC, issu de la série 300, offre de meilleurs rendements que la série 200. Comme second choix, Caroline Ferland opte pour une valeur sûre avec le InVigor L340PC. « C’est un canola qui est bon dans toutes les zones de croissance. C’est vraiment un hybride tout-aller pour un producteur qui cherche la sécurité. Il convient parfaitement aux situations propices à la verse », souligne-t-elle. Tout comme le InVigor L350PC, il présente une résistance à la hernie des crucifères de première génération avec la technologie brevetée de réduction de l’égrenage. Aux essais de 2019 du Comité de recommandation de canola/colza de l’ouest du Canada, le InVigor L340PC a affiché un rendement de 108,9 % face aux InVigor L233PC et Pioneer 45H33.


Alexandre Tessier, de Prograin

Directeur des ventes chez Prograin pour l’est du Canada, Alexandre Tessier suggère pour 2024 deux valeurs sûres avec le blé panifiable Fuzion et l’orge à six rangs Chambly. « Fuzion se démarque par sa tolérance à la fusariose de l’épi supérieure à la moyenne. C’est une des meilleures variétés sur le marché pour cette caractéristique », indique-t-il. Fuzion offre aussi un rendement élevé pour une variété de maturité intermédiaire tout en produisant beaucoup de paille. « Habituellement, les nouvelles variétés ont toujours de bons rendements les premières années et ça diminue par la suite. Dans le cas de Fuzion, elle se maintient depuis des années avec un bon rendement. C’est une variété que je propose aux producteurs laitiers et avicoles », précise Alexandre Tessier, qui recommande de ne pas la semer avec une plante abri. Dans le cas de Chambly, le représentant de Prograin parle d’une variété présentant une très bonne tolérance à la verse qui se démarque par la stabilité de son rendement depuis son introduction. « Après plus de 15 années sur le marché, elle est encore dans la moyenne en rendement. C’est un produit qui est encore demandé par les producteurs à cause de sa stabilité. Dans les rendements pour la saison 2022, le Chambly était encore dans les meilleurs », conclut-il.


Annie DesRosiers, de Pioneer (Corteva)

Agronome chez Pioneer pour l’est du Québec, Annie DesRosiers revient pour 2024 avec le blé 25R46. « C’est un blé d’automne de type tendre rouge. Il s’est démarqué dans les dernières années pour son grand potentiel de rendement et sa stabilité à travers plusieurs environnements. C’est un plant de petite taille qui offre une excellente tenue et une bonne tolérance à la fusariose de l’épi. Ce n’est pas lui qui fera le plus de paille, mais il ne versera pas au champ », précise-t-elle. Du côté du canola, l’agronome suggère le P505MSL. « C’est une variété qui a tout dedans. Il résiste à l’herbicide Liberty, tolère la hernie des crucifères et on peut le battre sans andainage grâce à la technologie Harvest Max. C’est l’option parfaite pour le Québec », souligne Annie DesRosiers à propos de la variété de canola offerte par Corteva. L’agronome ajoute également que le P505MSL tolère la moisissure blanche qui est présente dans certaines régions du Québec, notamment le Saguenay–Lac-Saint-Jean. 


Phil Bailey, de SeCan

Responsable de territoire pour l’est de l’Ontario, le Québec et les Maritimes chez SeCan, Phil Bailey propose dans un premier temps le AAC Maurice, un blé panifiable tolérant à la verse qui a récolté d’excellents résultats aux essais du RGCQ cette année. « Il fait bien dans toutes les zones, mais il a affiché un index de 106 % dans la zone 1 et de 102 % dans la zone 2. Il a de plus reçu la cote 1 pour sa résistance à la fusariose », souligne-t-il. Produisant beaucoup de paille, le AAC Maurice est idéal pour les producteurs laitiers. Comme seconde suggestion, Phil Bailey y va avec un autre blé de printemps appelé Lemieux. « Il a des rendements élevés et très constants partout au Québec, avec un indice de rendement sur deux ans de 109 % dans la zone 1 et de 106 % dans la zone 2, ce qui en fait l’un des meilleurs rendements les plus constants au Québec. Il a également une paille très résistante et un très bon indice de verse », ajoute Phil Bailey.


Catherine Faucher, de SQS/Agrocentre

Conseillère technique et marketing chez Agrocentre, Catherine Faucher propose dans un premier temps le Coralia, un blé fourrager de printemps à petits grains. « C’est un blé de provende avec une très bonne tenue au champ. Sa force, c’est qu’il performe bien dans différents environnements. Dans toutes les zones et différents types de sols, il est assez constant », indique l’agronome. Affichant un look distingué avec de longs épis minces et non barbus, il est peu sensible à l’oïdium, aux taches foliaires et à la jaunisse nanisante tout en présentant une bonne résistance à la fusariose. « C’est un blé assez court, donc qui n’a pas tendance à verser. Avec ses petits grains, c’est une variété qui coûte moins cher à semer. » Comme second choix, la représentante d’Agrocentre opte pour le Kerson, un blé fourrager pour l’alimentation animale qui sera lancé commercialement en 2024. « Ça sera certainement une belle découverte pour tous ceux qui l’essaieront. Son potentiel de rendement est impressionnant, et il est très peu sensible à la fusariose. Il présente un beau feuillage large, une belle couleur et de gros grains », souligne l’agronome. « Nous croyons que ce sera un blé bien adapté à la régie intensive, qui lui permettra d’exprimer son plein potentiel de rendement », conclut Catherine Faucher.


Éric Thériault, de Grains de l’Est

Propriétaire de Grains de l’Est au Nouveau-Brunswick, Éric Thériault propose dans un premier temps la AAC Madawaska, une orge à deux rangs offrant un très bon rendement, une excellente tenue et un poids spécifique élevé. « C’est une variété qui a été croisée avec la Leader, une orge exceptionnelle. Une de ses caractéristiques, c’était d’avoir un grain dense, et c’est un caractère qui a été transmis à la AAC Madawaska », indique-t-il. Destinée à l’alimentation animale, c’est une variété hâtive qui donne un grain très dense, une bonne qualité de paille et qui résiste à la verse. Comme second choix, Éric Thériault y va avec AAC Excellence. « Chez nous, c’est un coup de cœur du point de vue de son rendement, de la grosseur de ses grains et son poids spécifique. Elle est exceptionnelle », vante-t-il. AAC Excellence est une avoine idéale pour les producteurs à la recherche de paille, étant donné sa taille relativement haute. De qualité meunière avec de très gros grains et un poids spécifique élevé, cette avoine couverte est idéale pour tout usage. Le propriétaire de Grains de l’Est dit avoir assez de stock de AAC Madawaska et AAC Excellence pour répondre aux besoins des producteurs en 2024.


Mylène Desautels, de Synagri

Experte en céréales et analyste en semences chez Synagri, Mylène Desautels propose dans un premier temps l’Audika (90 jours), un blé panifiable de printemps offrant d’excellents rendements dans toutes les zones du Québec. « C’est une variété qui a une très bonne tolérance aux taches foliaires, à la rouille et à l’oïdium. Il a aussi obtenu la cote 1 pour la résistance à la fusariose de l’épi. On peut s’attendre à avoir un bon taux de protéines avec ce blé puisqu’aux essais du RGCQ, il a obtenu un taux de protéines moyen de 14 % au fil des années. » L’Audika se démarque également par sa très bonne tenue et une paille assez longue. Comme second choix, Mylène Désaultels suggère la variété Waterloo (90 jours), une orge de printemps avec une paille longue et solide et un poids spécifique élevé. « C’est une orge fourragère à six rangs qui s’est maintenue dans le top 3 des meilleurs rendements en grains sur le marché dans toutes les zones du Québec selon les données du RGCQ. » Au niveau de la résistance aux maladies, la Waterloo affiche des notes dans la moyenne.

L’orge Waterloo s’est maintenue dans le top 3 des meilleurs rendements en grains  sur le marché dans toutes les zones du Québec, selon les données du RGCQ, soutient Mylène Desaultels, de Synagri.

Sylvain Chabat, de Pedigrain

Gestionnaire de compte chez Pedigrain, Sylvain Chabat propose dans un premier temps l’Orion (88 jours), une orge à six rangs produisant des grains à poids volumétriques parmi les plus élevés sur les marchés du Québec et de l’Ontario. « C’est une nouveauté vendue à petite échelle en 2023, mais qu’on lance vraiment pour la saison 2024. On y met beaucoup d’espoir pour développer nos ventes en orge à six rangs. » De hauteur moyenne, ne versant pas et dotée d’une forte résistance aux maladies foliaires et à la fusariose, l’Orion a affiché des rendements de 113 % en 2023 aux essais du RGCQ. « En termes de rendement, elle est devant en 2023 dans la zone 1 », assure Sylvain Chabat. Comme second choix, le représentant de Pedigrain suggère le Mirador, un blé d’automne (44 jours après la floraison) développé pour son caractère panifiable et son excellent potentiel de rendement. « Ça sera une de nos bonnes nouveautés en 2024. Il vient renouveler notre gamme de blé d’automne. Nous attendons encore les résultats finaux, mais ses bonnes qualités boulangères devraient être reconnues par Les Moulins de Soulanges. » Adapté à toutes les zones du Québec, le Mirador se distingue aussi par sa très bonne résistance à la verse et aux maladies. « Il affiche un fort pourcentage de survie à l’hiver. Dans la zone 2, il y a des essais qui ont atteint 98 %. Je dirais donc un taux de survie de 95 % pour l’ensemble du Québec », ajoute Sylvain Chabat. 



Chez Semence Elite (Sollio Agriculture), Lyne Beaumont suggère Nika, une avoine blanche pour l’alimentation humaine ou animale longue et solide qui produit un bon volume de paille.

Lyne Beaumont, de Semence Elite (Sollio Agriculture)

Conseillère Semence Elite chez Sollio Agriculture, Lyne Beaumont propose Raven, un blé de printemps panifiable, comme solution pour faire face aux conditions météorologiques difficiles comme celles de la dernière saison. « Son adaptabilité et sa résistance lui permettent de maintenir un bon rendement constant, même lorsque la météo ne coopère pas. Il a une très bonne tenue et un bon volume de paille. C’est vraiment un excellent blé qui tolère bien les maladies. Je pense que c’est ce qui fait qu’il est plus constant dans ses rendements. Mais il a un super potentiel de rendement », poursuit l’agronome. Comme second choix, Lyne Beaumont suggère Nika, une avoine blanche pour l’alimentation humaine ou animale. Longue et solide et produisant un bon volume de paille, Nika est plus haute que la moyenne des avoines, mais présente une bonne tenue. « C’est une avoine au poids spécifique élevé dans toutes les zones. Même dans des conditions difficiles, d’une zone à l’autre et dans différents types de sols, elle va offrir un très bon rendement. En 2023, qui a été particulièrement difficile pour les céréales, la Nika et le Raven ont gardé de bons rendements », explique Lyne Beaumont.


Tanguy Lozac’h, de William Houde

Du côté de William Houde, on propose pour 2024 deux céréales : le blé de printemps Yamaska et le seigle d’automne SU Cossani. « Notre gamme de céréales est exclusive. Nous sommes les seuls à les vendre et elles ont été bien souvent développées au Québec par nos partenaires, et donc adaptées à nos conditions agroclimatiques », déclare d’entrée de jeu l’agronome. Blé de provende pour l’alimentation animale, le Yamaska est une nouveauté qui se distingue particulièrement en zones 2 et 3. « Les producteurs aiment sa capacité de battage, son rendement intéressant et son très beau poids spécifique », souligne Tanguy Lozac’h. Comme second choix, William Houde opte pour le SU Cossani, un seigle hybride d’automne bien adapté à toutes les zones. « Le seigle en général, et notamment le seigle hybride, a été un choix apprécié des producteurs l’automne dernier. Les cultivars hybrides repoussent les rendements, possèdent un très bon taux de survie à l’hiver et permettent un taux de semis plus faible que les seigles d’automne normaux », souligne l’agronome et chef du département Semences chez William Houde. 


Jean Goulet, de Semican

Vice-président à la recherche chez Semican, Jean Goulet présente deux nouveautés pour 2024 : le blé de printemps panifiable Arvida et le seigle hybride SU Performer. « Le SU Performer a démontré d’excellentes performances dans les essais du RGCQ et chez les producteurs. Pour les producteurs qui visent des rendements élevés, c’est un seigle qui comblera les attentes », assure-t-il. Comme second choix, Jean Goulet propose Arvida, un blé panifiable qui surprendra par sa tenue et son potentiel de rendement. Il est constant d’une année à l’autre et s’adapte bien aux divers types de sol, en plus de s’être démarqué en cette année hostile aux céréales de printemps. Les céréales d’automne sont idéales pour les producteurs soucieux de l’environnement et de la profitabilité de leurs champs, selon le copropriétaire de Semican. La dernière saison de culture passera à l’histoire, mais pas pour les bonnes raisons! Toutefois, les céréales d’automne ont permis une récolte intéressante et de bonne qualité, conclut Jean Goulet.