Grandes cultures 9 août 2024

La fusariose malmène les cultures de céréales

NOTRE-DAME-DU-BON-CONSEIL – Le champ de blé de la famille Ménard, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, dans le Centre-du-Québec, était très bien parti. « C’est sûrement notre plus beau champ de blé depuis qu’on en fait », s’est exclamé Alain, le patriarche, en début d’été. C’était avant qu’un orage couche au sol 40 % du champ pour ensuite laisser la fusariose donner un coup de pied qui fait mal à cette saison 2024. 

La famille n’a pas besoin de marcher longtemps dans le champ pour trouver des épis courts, annonciateurs d’une faible récolte, et des grains d’apparence fusariée. Les dépenses déjà décaissées sont élevées pour ce champ, que ce soit les bons volumes d’engrais que demande cette culture gourmande, le traitement de pesticides et les frais des travaux habituels au champ. Avec le faible prix du blé fourrager présentement et la pénalité associée aux toxines, le bilan financier sera largement déficitaire.

Chez Semican, l’améliorateur génétique Jean Goulet prévoyait entamer vers le 9 août ses récoltes dans ses parcelles de blé de printemps avec des attentes à la baisse. « Le rendement du blé de printemps sera moins bon, beaucoup plus faible que le blé d’automne. Et oui, on a de la fusariose [dans les parcelles du Centre-du-Québec]. Il y a aussi de la fusariose dans celles de Saint-Hyacinthe et un peu à Normandin, mais ça semble moins pire là-bas [au Lac-Saint-Jean]. En gros, c’est une année pour la fusariose », assure-t-il, en précisant que cette toxine a également touché les champs d’orge récoltés plus tôt cet été.

Du côté des Moulins de Soulanges, principal acheteur de blé pour consommation humaine, l’agronome Élisabeth Vachon mentionne que les récoltes de blé d’automne ont été correctes, car elles se retrouvent en majorité sous la limite de deux parties par million (ppm) de toxine. Seules une ou deux variétés de blé d’automne qui n’étaient pas résistantes à la fusariose de l’épi ont été complètement déclassées, signale-t-elle. 

Dans le blé de printemps, par contre, la situation s’annonce moins favorable.

Les récoltes n’ont pas vraiment commencé, mais on voit de la fusariose un peu partout en Montérégie, au Bas-Saint-Laurent, etc. Pour ceux qui ont semé très tôt, ça risque de quand même bien se passer, mais pour ceux qui ont semé en mai, ouf, ce sera plus difficile.

Élisabeth Vachon, agronome

Lors de la récolte, elle recommande aux producteurs d’augmenter l’intensité du ventilateur de leur moissonneuse-batteuse afin d’enlever les grains fusariés, puis de récolter tôt. « La contamination peut doubler en une semaine », spécifie-t-elle. 

Il reste à savoir quel volume de grain sera récolté avec des problèmes de toxine. Si les tonnages sont trop élevés pour l’ensemble du Québec, les acheteurs pourraient avoir de la difficulté à tout acheter.