Grandes cultures 30 août 2024

Guidés par leur passion végétale

SAINTE-HÉLÈNE-DE-BAGOT – Lorsque Gisèle Dubé et Pierre Paré ont succédé aux parents de celui-ci à la tête de la ferme laitière familiale en 1985, ils n’ont pas tardé à identifier leurs priorités. Ils ont mis une croix sur la production laitière afin de miser sur les grandes cultures.

« Notre passion était plus végétale qu’animale », explique Gisèle Dubé. Près de quatre décennies plus tard, cette passion semble toujours aussi vive. Et le couple l’a transmise à deux de ses quatre enfants, Alexandre et Philippe. L’aîné et le benjamin de la famille, âgés respectivement de 38 et 32 ans, se préparent à prendre la relève. Ils détiennent actuellement 45 % des parts de l’entreprise, située à Sainte-Hélène-de-Bagot, en Montérégie. 

La Ferme PGA Paré cultive du maïs, du soya et des céréales (blé, avoine, orge et seigle) sur environ 400 hectares de terres répartis entre Sainte-Hélène-de-Bagot, Saint-Nazaire-d’Acton, Saint-Eugène-de-Grantham et Upton. Depuis quelques années, du canola pousse également dans leurs champs. 

Les céréales et le canola occupent environ 25 % de la superficie totale, tandis que le reste est partagé à parts quasi égales entre le maïs et le soya. L’entreprise agricole commercialise quelque 3 000 tonnes de grains annuellement.

Les céréales et le canola représentent environ le quart des superficies cultivées par la famille Paré. 

Producteurs de semences

Si une bonne partie des récoltes est destinée à l’alimentation humaine et animale, environ 35 % des terres de la famille Dubé-Paré sont consacrés depuis 1993 à la production de semences pédigrées et de niveau sélect. 

La production de semences s’accompagne d’une « plus-value » financière, mais les producteurs doivent se soumettre à différentes exigences pour assurer un contrôle de qualité exemplaire, fait valoir Pierre Paré. 

Il faut être prêt à consacrer plusieurs heures au nettoyage de la machinerie entre chaque parcelle et à l’inspection régulière des superficies en culture pour retirer les hors-types et plantes d’autres variétés. Mais ce n’est rien pour rebuter les propriétaires de la Ferme PGA Paré. 

« On a un peu un côté perfectionniste », font-ils valoir. Des perfectionnistes au pouce vert, à en juger par les impeccables champs d’orge, d’avoine et de soya qui s’étiraient de part et d’autre du rang Saint-Augustin lors du passage de La Terre, et même par l’abondant jardin potager familial.

Autrefois situé près de la route, le centre de grains a été relocalisé et modernisé en 2016.

Conciliation travail-famille

Bien que Gisèle Dubé et Pierre Paré aient un fort penchant pour les grandes cultures, cela ne les a pas empêchés de faire l’acquisition d’une porcherie en 2006. Les 68 hectares de terres ainsi que la maison qui étaient inclus avec l’exploitation agricole les ont incités à aller de l’avant.   

Les Dubé-Paré auraient d’ailleurs pu décider de louer la porcherie de 1 500 têtes destinées à l’engraissement, mais ils ont choisi de s’en occuper eux-mêmes. « On porte aussi le chapeau de producteurs de porcs, mais on s’identifie surtout aux producteurs de grains », affirme Gisèle Dubé. 

Avec la machinerie dont il dispose et « la fenêtre des travaux annuels », le clan estime qu’il pourrait ajouter près d’une centaine d’hectares en culture sans que cela entraîne une trop grande pression sur les opérations. Mais les quatre copropriétaires (et seuls employés) de la ferme ont choisi d’en limiter l’expansion afin de maintenir sa rentabilité et de permettre une meilleure conciliation travail-famille. 

À eux deux, Philippe et Alexandre ont six enfants. Il n’est donc pas rare que l’un des frères ait à s’absenter momentanément du champ pour, par exemple, aller chercher un bambin à la garderie. Cette décision de ne pas accroître la taille de l’entreprise a également l’avantage de favoriser le processus de relève, alors que Gisèle et Pierre aspirent pour leur part à ralentir le rythme.

Les quatre copropriétaires (et seuls employés) de la ferme ont choisi d’en limiter l’expansion afin de maintenir sa rentabilité et de permettre une meilleure conciliation travail-famille.

Investissements

La Ferme PGA (pour Pierre, Philippe, Gisèle et Alexandre) Paré a néanmoins investi de façon régulière dans ses installations au fil des ans. Le centre de grains, autrefois près de la route, a été relocalisé et modernisé en 2016. Un élévateur, un nouveau séchoir et de plus gros silos ont été installés.  

Parmi les autres investissements comptabilisés : l’installation de systèmes GPS sur la machinerie agricole, l’achat d’un épandeur d’engrais géoréférencé et d’un semoir pneumatique (engrais verts et intercalaires). 

Une déchaumeuse a également été acquise. « Étant donné qu’on utilise beaucoup d’engrais vert et qu’on mise depuis quatre ans sur le couvert végétal, le vibroculteur n’était plus adéquat pour la quantité de matières à incorporer au sol », explique Pierre Paré. Autre avantage de cet équipement, ajoute-t-il : le nombre réduit de passages au champ.  

Leur secret

Que ce soit pour les investissements à planifier ou les travaux à effectuer, les décisions ne se prennent pas en vase clos à la ferme. Le couple se fait un devoir de consulter ses fils. « Le secret d’une relève, c’est la communication, croit Mme Dubé. On ne laisse aucun sujet traîner pour éviter que ça dégénère en frustrations. S’il y a un petit quelque chose, on en jase tout de suite. »

Pierre et ses fils, Alexandre et Philippe, représentent la troisième et la quatrième génération de Paré à cultiver la terre sur le chemin Saint-Augustin. Ils ont pris la relève de Gabriel Paré et Céline Savoie, qui ont succédé à Eugène Paré et Florida Lalancette.

Bien qu’elle soit née à Montréal, Gisèle Dubé affirme, pour sa part, avoir des « racines agricoles ». Elle est déménagée à l’âge de 10 ans à Saint-Paul, dans Lanaudière, où ses parents ont fait l’acquisition d’une ferme porcine, avant d’opter plus tard pour la production laitière à Saint-Nazaire-d’Acton.

Une expérience à partager

L’agenda de Gisèle Dubé et Pierre Paré est plutôt bien rempli, et pas seulement par les travaux de la ferme. Ils sont tous deux engagés auprès de différents regroupements afin de partager leur expertise et de demeurer connectés sur le milieu agricole ainsi que sur leur communauté. 

Alors que Mme Dubé joue un rôle actif au sein des Producteurs de grains Montérégie Nord et des Agricultrices de la Montérégie-Est, M. Paré siège à titre d’administrateur au conseil d’administration des Producteurs de semences du Québec. 

Pierre Paré est également conseiller municipal à Sainte-Hélène-de-Bagot depuis sept ans. Il contribue ainsi à veiller aux intérêts du milieu agricole. « Beaucoup de municipalités rurales n’ont aucun agriculteur ou agricultrice au conseil municipal », déplore-t-il. 

« On a plus de temps pour s’impliquer parce que la relève est là, renchérit sa conjointe et partenaire d’affaires. On a aussi une expérience à partager. Mais on est conscients que lorsqu’on est partis, Alexandre et Philippe sont là. Et l’ouvrage continue à se faire. C’est donc une implication d’équipe. »