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Les guêpes parasitoïdes du charançon de la silique, particulièrement l’espèce Trichomalus perfectus, sont bien établies au Québec, surtout dans les régions où les populations de charançon sont les plus élevées.
Ces guêpes sont des alliées de premier plan dans le contrôle des populations de charançon de la silique et contribuent à maintenir celles-ci sous le seuil de dommages économiques, particulièrement en ce qui concerne la culture du canola.
Le charançon de la silique, un ravageur du canola
Le charançon de la silique, Ceutorhynchus obstrictus, est un insecte ravageur du canola originaire d’Europe qui a été signalé pour la première fois en Amérique du Nord en 1931, près de Vancouver. C’est en 2000 qu’il a été observé pour la première fois au Québec où il s’est depuis répandu dans toutes les régions productrices de canola. Ce petit coléoptère (3 à 4 mm) de couleur gris noir se reconnaît à son long rostre courbé (prolongement rigide de la tête) typique des charançons. Du stade boutons floraux jusqu’aux premiers stades de la floraison, les adultes se retrouvent dans les champs de canola pour se nourrir de pollen, de nectar, de bourgeons, de tiges, et pour s’y reproduire. Peu après la floraison, les femelles pondent leurs œufs dans les siliques en développement. Les larves se nourrissent alors des grains en formation, en consommant en moyenne de cinq à six grains par silique. Lors d’infestations importantes, l’alimentation des larves peut ainsi entraîner jusqu’à 35 % de perte de rendement à l’échelle d’un champ. Après deux à quatre semaines, la larve perce un trou à travers la paroi de la silique et se laisse tomber au sol pour faire sa pupe et se transformer en adulte.
Présence de parasitoïdes du charançon de la silique
C’est en 2009 qu’une petite guêpe, Trichomalus perfectus, a été recensée au Québec et en Ontario. Il s’agit d’un parasitoïde dont la femelle pond ses œufs sur la larve du charançon de la silique. La jeune larve de guêpe se développe en consommant son hôte avant d’émerger de la silique sous sa forme adulte. En Europe, cette guêpe assure principalement le contrôle naturel des populations de charançon avec des taux de parasitisme pouvant atteindre 95 %. D’autres espèces de parasitoïdes se développant aux dépens de ce ravageur ont également été observées au Québec.
Une étude qui s’échelonne sur 10 ans
Depuis 2012, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) Grandes cultures suit les populations de charançon de la silique dans des champs de canola à travers les différentes régions productrices du Québec. Jusqu’en 2020, des siliques de canola étaient prélevées en fin de saison afin d’évaluer les dommages causés par le charançon (présence de trous), le taux de parasitisme des larves ainsi que l’identité des parasitoïdes impliqués.
La présence de dommages de charançons a été observée dans 82 % des champs (192 sur 235) avec des pourcentages de siliques trouées variant de 0,05 à 65,2 % (moyenne de 3,1 %). Les taux d’infestation moyens étaient plus élevés dans les régions près du fleuve [Capitale-Nationale (7,1 %), Bas-Saint-Laurent (5,0 %), Chaudière-Appalaches (3,2 %)] que dans les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean (1,5 %) et de l’Abitibi-Témiscamingue (1,2 %). Il est à noter que pendant cette période, seulement trois sites ont dépassé en 2019 le seuil de dommages économiques de 25 % de siliques trouées au-delà duquel une perte de rendement peut être anticipée.
Des parasitoïdes du charançon de la silique ont été trouvés dans 62 % des sites où des siliques trouées ont été observées (119 sur 192). Les taux de parasitisme annuels moyens variaient de 8,7 à 48,9 %, pour une moyenne globale de 18,6 %. Les parasitoïdes étaient abondants dans les régions où les populations de charançons étaient les plus importantes. En effet, la très grande majorité des parasitoïdes provenaient du Bas-Saint-Laurent (46,1 %), de Chaudière-Appalaches (25,3 %) et de Capitale-Nationale (14,1 %). Des parasitoïdes ont également été collectés en quantité relativement importante au Saguenay–Lac-Saint-Jean (9,1 %). Finalement, très peu de parasitoïdes ont été collectés en Abitibi-Témiscamingue (0,8 %), au Centre-du-Québec (1,9 %) et en Estrie (1,9 %).
La presque totalité des guêpes parasitoïdes identifiées entre 2014 et 2020 appartenait à la famille des Pteromalidae (95,7 %). De ce nombre, plus des trois quarts étaient des Trichomalus perfectus (78,8 %). Quelques spécimens de Trichomalus lucidus (3,7 %) et de Mesopolobus morys (0,3 %) ont aussi été retrouvés. Les spécimens de Pteromalidae restants n’ont pas pu être identifiés à l’espèce.
Que nous apprend cette étude
Les données historiques des huit dernières années montrent que le risque de perte de rendement en lien avec le charançon de la silique est très faible. En effet, moins de 2 % des champs dépassaient le seuil de 25 % de siliques endommagées. Les résultats détaillés de cette étude seront publiés par le RAP Grandes cultures dans un bulletin d’information. Abonnez-vous au RAP Grandes cultures pour recevoir ce bulletin ainsi que les dernières actualités sur les ravageurs des grandes cultures.
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Sébastien Boquel, Ph. D., chercheur en entomologie, CÉROM
Alexis Latraverse, professionnel de recherche, CÉROM
Cet article a été publié dans la revue GRAINS de septembre 2022.