Culture 22 mars 2023

Des cultures de couverture pour étouffer les mauvaises herbes

Le Centre de recherche sur les grains (CÉROM) réalisera un projet de transfert de connaissances de deux ans au Saguenay–Lac-Saint-Jean en collaboration avec le CETAB+ et le Groupe multiconseil agricole à partir de la saison 2023. Ce projet vise à sensibiliser les producteurs agricoles à l’utilisation des cultures de couverture dans le contrôle des mauvaises herbes dans des systèmes de grandes cultures biologiques intégrant le chanvre industriel. Des vitrines de démonstration du chanvre industriel et des cultures de couverture seront établies sur différents sites.

D’abord, le chanvre industriel destiné à la production de grains est une culture émergente dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean en raison de sa rentabilité économique et de sa parfaite intégration dans diverses rotations de grandes cultures biologiques. On estime à 25 le nombre de producteurs de chanvre dans cette même région, pour une superficie totale d’environ 1 300 ha. Cependant, la gestion des mauvaises herbes représente un frein majeur à la vitalité économique et environnementale de cette production. En effet, la croissance lente du chanvre jusqu’à l’atteinte du stade 3-4 paires de feuilles et le faible arsenal d’outils de désherbage efficace limitent la fenêtre d’intervention à la période du présemis. Par conséquent, les mauvaises herbes prolifèrent dans le chanvre ainsi que dans les cultures subséquentes. En revanche, les techniques de désherbage mécanique et de faux-semis, auxquelles les producteurs ont généralement recours, sont coûteuses et risquent de détériorer la structure du sol, en particulier lorsque les conditions pédoclimatiques ne sont pas favorables.  

Le chanvre industriel destiné à la production de grains est une culture émergente dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean en raison de sa rentabilité économique et de sa parfaite intégration dans diverses rotations de grandes cultures biologiques.

Par ailleurs, l’intégration des cultures de couverture dans les rotations de grandes cultures, particulièrement en régie biologique, peut offrir plusieurs bénéfices sur le plan de la santé du sol, des rendements et de la répression des mauvaises herbes. La rapidité d’établissement et de croissance de la culture de couverture ainsi que sa morphologie sont des caractéristiques déterminantes dans le choix de l’espèce de cette dernière, pour ce qui est de la compétition à l’égard des mauvaises herbes. Les producteurs de grandes cultures biologiques au Saguenay–Lac-Saint-Jean sont donc à la recherche de stratégies efficaces d’implantation de cultures de couverture qui s’adaptent bien aux rotations de cultures intégrant le chanvre industriel et à la courte saison de croissance dans la région. 
Pour répondre à ce besoin, le CÉROM réalisera un projet de transfert de connaissances de deux ans au Saguenay–Lac-Saint-Jean en collaboration avec le CETAB+ et le Groupe multiconseil agricoles (GMA) à partir de la saison 2023. Ce projet s’insère dans la mission du CÉROM de développer de la recherche scientifique et de transférer les connaissances sur les méthodes d’intégration des plantes fourragères annuelles ou pérennes dans les rotations de grandes cultures d’une façon à la fois économiquement rentable et bénéfique pour l’environnement.

À cette fin, des parcelles de démonstration présentant différents scénarios de rotations de grandes cultures intégrant le chanvre industriel et des cultures de couverture, en pur ou en mélange et en association ou en dérobée, seront établies à la ferme sur plusieurs sites. Ces scénarios représentent les rotations les plus fréquentes au Saguenay–Lac-Saint-Jean et intègrent des espèces de cultures de couverture possédant un potentiel d’étouffement de mauvaises herbes élevé. Chaque scénario sera comparé à une rotation de référence sans cultures de couverture. 

Des données agronomiques seront prises dans ces parcelles afin d’évaluer la performance de ces cultures de couverture dans la répression des mauvaises herbes et leurs effets sur le rendement et la qualité des grains du chanvre et de la culture subséquente. La rentabilité économique de ces scénarios sera évaluée vers la fin du projet. Des visites à ces vitrines de démonstration et des journées d’information seront organisées annuellement durant la saison de croissance dans chaque entreprise participante, afin de favoriser le transfert de connaissances et des échanges entre les producteurs, les agronomes et les chercheurs. 

Ce projet permettra de développer de nouvelles pratiques agroenvironnementales bénéfiques aux entreprises de grains biologiques qui intègrent le chanvre industriel dans leurs rotations. La démonstration au champ dans le contexte pédoclimatique du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la faisabilité et de la performance agroéconomique de ces pratiques innovatrices encouragera les producteurs à les adopter. De surcroît, les cultures de couverture performantes dans le contrôle des mauvaises herbes pourront également être implantées dans des systèmes de production de grains en mode conventionnel.

Ainsi, ce projet répondra à la fois aux enjeux du maintien et développement de l’agriculture biologique et d’amélioration de la santé et de la conservation des sols du Plan d’action régional du Saguenay–Lac-Saint-Jean (2021-2025) et aux objectifs du Plan d’agriculture durable (PAD) 2020-2030 visant l’amélioration de la santé des sols et de la biodiversité, la réduction de l’usage des pesticides et l’amélioration de la gestion des matières fertilisantes. 

Ce projet est financé par le Programme Prime Vert – Approche régionale (Plans d’action régionaux – PAD) du MAPAQ


Collaborateurs du projet :
Marie Bipfubusa, Ph.D.,
chercheuse en régie des cultures, CÉROM,
Sandra Flores-Mejia, Ph.D.,
chercheuse en gestion des mauvaises herbes, CÉROM
Denis La France,
expert et enseignant en agriculture biologique, CETAB+
Julie Anne Wilkinson, agr., M.Sc.,
chargée de projets, CETAB+
Audrey Bouchard, agr.,
conseillère en agroenvironnement, Groupe multiconseil agricole
Alexandra Gagnon, agr.,
conseillère en gestion, Groupe multiconseil agricole.