Grandes cultures 31 mai 2024

Cultures de couverture : des producteurs recherchés

Le Centre de recherche sur les grains (CÉROM) est à la recherche de producteurs de grandes cultures du sud de la province pour évaluer l’effet de l’intégration de plantes fourragères ou de cultures de couverture sur la santé des sols et la rentabilité des cultures pendant une période de quatre ans. 

C’est un constat général au Québec : la qualité des sols se détériore dans les systèmes de grandes cultures annuelles, fait valoir Dalel Abdi, chercheuse en régie de grandes cultures et plantes fourragères au CÉROM. On sait aussi, poursuit-elle en s’appuyant sur les travaux de sa consœur de l’Université Laval Anne Vanasse, que l’introduction de cultures de couverture, en plus de permettre des augmentations de rendement évaluées entre 16 et 22 % pour les céréales et le maïs, procure des gains environnementaux. L’intégration de plantes fourragères aux rotations de grandes cultures pourrait par ailleurs améliorer rapidement la santé du sol et la résilience de ces systèmes face aux changements climatiques.

Dalel Abdi

« Ça permet d’augmenter la teneur en matière organique, qui améliore la structure du sol, l’infiltration de l’eau en cas de pluies torrentielles. Ça permet aussi de retenir l’eau en cas de sécheresse. Ça permet d’enrichir le sol en éléments nutritifs aussi, ce qui réduit le besoin de la fertilisation. Donc, ça a beaucoup d’avantages qui pourraient se traduire par des gains financiers », explique celle qui dirige ce nouveau projet de recherche de quatre ans mené sous l’égide du CÉROM. 

L’épreuve de la réalité

Grâce à l’implantation d’un dispositif de recherche au CÉROM, on veut maintenant comparer ces effets, observés dans un environnement contrôlé et incluant une plus grande variété de rotations, avec ceux qui seront observés dans la vie de tous les jours à la ferme.

On veut voir l’effet réel chez les producteurs, lorsqu’ils ont leur machinerie, leurs équipements différents de chez nous, où il y a plus de poids sur le sol, plus de compaction.

Dalel Abdi, chercheuse en régie de grandes cultures et plantes fourragères au CÉROM

Les participants doivent s’engager à rendre disponible un hectare de terre et être disposés à y implanter des cultures spécifiques pendant les quatre années du projet – notamment une prairie de 2024 à 2026. En contrepartie, ils auront accès au suivi de l’évolution de l’état de santé de leurs sols sous différentes cultures ainsi qu’à des analyses de grains et de fourrages et à une évaluation de la rentabilité économique. Une compensation financière annuelle pouvant atteindre jusqu’à 1 350 $ par année sera aussi accordée. 

Pour participer à ce projet financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), Agriculture et Agroalimentaire Canada et les Producteurs de grains du Québec, et issu du Partenariat canadien pour une agriculture durable, les producteurs doivent se trouver en Montérégie, en Estrie, dans le Centre-du-Québec, dans les Laurentides, dans Lanaudière ou en Mauricie.

Il ne demande qu’à être convaincu 

À la Ferme Michel et Nicole Crête, la santé des sols est au cœur de la philosophie d’entreprise. Les producteurs laitiers de Dundee, en Montérégie, pratiquent le semis direct depuis le début des années 2000 et ont introduit le travail réduit depuis une douzaine d’années.

Michel Crête a aussi pris la décision de ne plus laisser les sols à nu et a introduit le seigle d’automne dans sa régie, après les habituelles récoltes de maïs ou de soya. Le seigle ainsi récolté au printemps suivant sert à l’alimentation du cheptel de quelque 80 vaches laitières. « C’est les premières fois que j’avais en haut de six tonnes à l’acre sec dans le maïs-grain. Et les soyas, j’ai eu des variétés qui étaient moyennes. Je n’ai pas atteint encore mon deux tonnes à l’acre; je travaille là-dessus », explique-t-il. 

Celui qui est nouvellement administrateur du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF) ne demande qu’à être convaincu par d’éventuels gains financiers pour franchir un pas supplémentaire. « S’ils me prouvent qu’on peut avoir en haut de 15 tonnes à l’hectare, oui, mais je n’ai jamais vu de bon rendement comme ça. La situation financière ne me permet pas de cultiver juste pour faire des essais. Donc, je laisse les autres faire et s’ils sont capables de me prouver que ça marche, j’y vais. »