Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Bien que la Ferme Stéronest ait une vocation laitière depuis plus d’un siècle, les grandes cultures y occupent une place prépondérante depuis une trentaine d’années. Et les propriétaires de l’exploitation agricole familiale de Compton, en Estrie, cherchent toujours à faire mieux. À preuve : ils participent à la réalisation d’un bilan carbone des opérations de la ferme.
Le but avoué de l’exercice, explique l’un des copropriétaires, Stéphane Vaillancourt : trouver des façons de réduire la consommation d’énergie du centre de grains, dont la capacité d’entreposage atteint désormais 9 000 tonnes. « L’objectif, c’est de réduire la quantité de propane utilisé, mais sans réduire la capacité de séchage à l’heure du plan de grains », dit le producteur agricole, qui représente la quatrième génération de Vaillancourt à cultiver la terre à cet endroit, en plus d’y exploiter une ferme laitière où la Holstein est reine.
Selon l’entrepreneur, les Producteurs de grains du Québec (PGQ) sont à l’origine de l’initiative environnementale, financée par le fonds Écoleader. La Ferme Stéronest est la seule représentante de l’Estrie dans la cohorte des cinq fermes participantes. « On va un peu être le laboratoire des Producteurs de grains pour voir ce qu’on peut faire pour diminuer notre empreinte carbone », fait valoir celui qui a présidé durant huit ans la section estrienne des PGQ. Stéphane Vaillancourt calcule que si la démarche livre ses promesses et permet d’identifier des technologies plus « propres » pour le séchage des grains, elle pourrait lui permettre de « couper en deux » la facture annuelle de propane du centre de grains, qui s’élève à 150 000 $.
En contrepartie, le producteur agricole avance que l’achat de pièces de machinerie, déjà utilisées aux États-Unis, pourrait par exemple être envisagé. « On ne réinventera pas l’univers, laisse-t-il tomber. Le but sera d’adapter ces nouveaux appareils-là, qui sont électriques, au plan de grains pour économiser du propane. C’est ce qui va être l’enjeu. »
D’un silo à l’autre
Les bases du centre de grains de la Ferme Stéronest, impossible à manquer dans le paysage vallonné du chemin Dubois, à Compton, ont été jetées en 2000. Tout a débuté avec cinq silos et un petit séchoir. Près d’un quart de siècle plus tard, l’endroit compte 19 silos et deux séchoirs. Les phases d’agrandissement se sont succédé et les installations d’élévateurs se sont multipliées, explique Stéphane Vaillancourt. Selon lui, l’expansion du centre de grains a suivi le rythme des achats de terres de la famille Vaillancourt. L’endroit traite et entrepose également les récoltes d’un oncle de la famille, propriétaire pour sa part de terres dans la région de Sherbrooke.
Pour l’heure, la Ferme Stéronest cultive quelque 1 500 acres (607 ha) de maïs, 300 acres (121 ha) de blé, ainsi que 800 acres (324 ha) de foin. Outre à Compton, elle possède des terres à Cookshire. Depuis une trentaine d’années, la famille Vaillancourt met par ailleurs de l’avant la méthode du semis direct.
Autre technique favorisée à la Ferme Stéronest : celle des travaux réduits du sol. Deux déchaumeurs à disques sont utilisés pour permettre l’incorporation du fumier généré par la ferme laitière. Cette dernière compte 335 vaches en lactation.
Depuis 2017, les rendements aux champs ont été grandement améliorés par l’utilisation d’une litière à base de mousse de tourbe. Stéphane Vaillancourt souligne que ses associés et lui planchent actuellement sur un autre projet qui vise la valorisation des engrais aux champs. « Cette année, on est là-dedans : on essaie de trouver des façons de diminuer notre empreinte écologique, mais aussi nos coûts de production, pour améliorer notre rendement et notre efficacité », dit-il.
Passion familiale
Ce n’est pas d’hier que la famille Vaillancourt nourrit une passion commune pour le travail de la terre. L’aventure a débuté en 1913 avec Achille Vaillancourt et s’est poursuivie avec son fils, Ernest, puis avec le fils de celui-ci, Roger. C’est d’ailleurs ce dernier qui a officiellement fondé la Ferme Stéronest en 1980. Le patriarche du groupe ayant ralenti le rythme, la quatrième génération de la famille, représentée par Stéphane et son frère Sébastien, de même que par leur cousin, Daniel, a désormais pleinement repris les rênes de la ferme.
Et la cinquième génération est déjà bien présente. L’un des fils de Stéphane, Philippe, s’est joint au groupe, au terme de ses études. Son frère, Cédric, devrait suivre ses traces, une fois sa formation en production animale terminée au Centre de formation professionnelle de Coaticook (CRIFA). Même chose pour Alexis, le fils de Sébastien qui étudie en agriculture au niveau collégial.
M. Vaillancourt s’est pour sa part joint à son père en 1997, en achetant les parts de sa mère, Gaétanne. Celui qui a œuvré à une époque au sein de l’UPA de Coaticook, ainsi que sur le conseil d’administration des Producteurs de lait, section Estrie, affirme avoir toujours eu un intérêt marqué pour le volet grandes cultures. C’est d’ailleurs lui qui veille à la portion commercialisation des grains. Les récoltes permettent en premier lieu à la ferme d’être autonome, explique Stéphane Vaillancourt. Le surplus est vendu.
Dans la mesure du possible, la vente des grains est priorisée dans un rayon d’environ 50 kilomètres. « De 90 à 95 % des grains sont vendus localement, dit-il. C’est une manière de garder nos jobs dans le coin. Et il y a de la demande pour le blé et le maïs. On est une région consommatrice de grains parce qu’il y a beaucoup d’animaux. » La Ferme Stéronest, qui profite d’une nouvelle étable depuis 2017, emploie de 20 à 30 personnes, selon les périodes de l’année.