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L’eau peu sucrée et une fin de saison s’annonçant prématurée résument la saison 2021 pour la majorité des acériculteurs suivis par La Terre. Une différence notable subsiste entre les régions chaudes et froides. En effet, notre acéricultrice de la Montérégie a dû mettre fin à ses opérations le 6 avril, alors qu’à l’inverse, la productrice de Portneuf récolte toujours de l’eau et reste dans la course pour atteindre son objectif. Voici le quatrième compte rendu de la saison.
Megan Giguère, Montérégie
Début de l’entaillage : 20 janvier
Première évaporation : 12 mars
Objectif de rendement : 4,25 lb/entaille
Dernière évaporation : 6 avril
Rendement final : 2,3 lb/entaille
« C’est fini pour vrai. L’eau commençait à être blanchâtre et sentait la sève. Nous aurions aimé continuer, mais ça ne gèle plus; c’est ça qui est ça », conclut Megan Giguère, qui exploite avec son père 8 500 entailles à Sainte-Christine, en Montérégie. Sa dernière semaine a été cependant animée avec des coulées volumineuses. « On avait beaucoup d’eau, mais le problème, c’est qu’elle n’était pas sucrée. Il fallait la concentrer à plusieurs reprises. C’était long et nous ne produisions pas tant de sirop. Ensuite, le goût s’est mis à changer », décrit-elle.
Mathieu Audy, Laurentides
Début de l’entaillage : mi-janvier
Première évaporation : 20 mars
Objectif de rendement : 4,25 lb/entaille
Rendement en date du 8 avril : 2,9 lb/entaille
« Ça coule encore. Hier, j’ai sorti 12 barils et le goût du sirop est bon. C’est excellent. Il faut que ça continue! Sauf que l’eau qui rentre est chaude; il faut la traiter rapidement. Sinon on la perd », explique Mathieu Audy, qui exploite 25 000 entailles en terres publiques à Sainte-Véronique. L’eau n’est pas non plus sucrée à 1,4 ºBrix. « Il faut traiter beaucoup d’eau, mais ça ne donne pas plus de sirop », remarque-t-il. Basé dans les montagnes des Laurentides, M. Audy demeure surpris par toute cette chaleur pour un début avril. « C’est ce qui nous fait mal », concède l’acériculteur. Les prévisions météo annoncent du temps froid et du gel dans 10 jours. « Si je me rends là, je pourrais franchir mon objectif de 4 lb/entaille. On verra… »
Karine Douville, Capitale-Nationale
Début de l’entaillage : 4 janvier
Première évaporation : 13 mars
Objectif de rendement : 5 lb/entaille
Rendement en date du 8 avril : 3,4 lb/entaille
« Il n’y a plus vraiment de neige, mais le sol est frais et on reçoit beaucoup d’eau encore. On a bouilli 2 400 à 2 700 gallons de sirop par jour pendant quelques jours. On n’a jamais vu ça. On a battu nos records », partage avec joie Karine Douville, propriétaire d’une érablière de 32 000 entailles située à Saint-Ubalde. En date du 8 avril, les coulées sont encore abondantes avec 1 600 gallons par jour de sirop produit au centre de bouillage. Karine Douville sait que plusieurs cabanes à sucre de son secteur ont mis fin à leurs activités en raison notamment de sirops devenus filants. Ce n’est pas le cas chez elle, où la saison se poursuit, sans goût de bourgeon à l’horizon. Elle fait d’ailleurs partie d’un projet pilote où l’eau de ses érables est évaluée quotidiennement avec la technologie d’analyse colorimétrique développée par l’Université de Montréal. « Ce test va nous indiquer si l’eau d’érable va produire un sirop de bourgeon. Nous allons pouvoir séparer l’eau provenant de mes érablières les plus chaudes lorsqu’elle tournera au bourgeon et ainsi maximiser la valeur », dit-elle.
Michaël Gagné, Chaudière-Appalaches
Début de l’entaillage : 14 décembre
Première évaporation : 12 mars
Objectif de rendement : 7 lb/entaille
Rendement en date du 8 avril : 3,6 lb/entaille
« Tout le monde autour de moi est à 50 à 60 % de sa production de l’an passé. C’est une saison décevante, mais ça arrive une année sur 10 et on est dans cette année-là. Ce n’est pas catastrophique comme on pensait. Ça coule encore ici. On a de grosses quantités d’eau. C’est juste qu’elle n’est pas sucrée avec 1,5 ºBrix. Si l’eau était sucrée, ce serait super bon », dépeint Michaël Gagné, qui compte 35 000 entailles avec sa conjointe à Saint-Jacques-de-Leeds. Les plus anciens acériculteurs lui disent que l’hiver n’a pas été assez froid pour rendre l’eau sucrée. Autre remarque non scientifique, mais très évocatrice selon lui : l’apparition de petites fleurs jaunes dans sa forêt indique habituellement avec assez de fiabilité la fin des sucres. M. Gagné voit malheureusement poindre ces fleurs et constate qu’effectivement, le temps avance. « La météo n’est pas encourageante. Ils annoncent 24 °C. Il ne faut pas se leurrer, on ne passera pas à travers », commente-t-il.
Donald Ouellette, Bas-Saint-Laurent
Début de l’entaillage : mi-janvier
Première évaporation : 14 mars
Objectif de rendement : 5 lb/entaille
Rendement en date du 8 avril : 2,4 lb à l’entaille
À Saint-Michel-du-Squatec, Donald Ouellette recevait encore de très bonnes coulées au moment de l’entrevue, le 8 avril. « Ce sont des quantités d’eau énormes. J’ai rarement vu une quantité d’eau aussi importante et qui persiste. C’est ce qui est intéressant, car autrement, l’eau n’est pas sucrée », résume l’acériculteur qui exploite 75 000 entailles en terres publiques. La situation demeure inquiétante. « On n’a pas de grosses gelées. Hier [le 7 avril], la température a descendu à -1°C pendant à peine une heure dans la nuit. Les prévisions n’annoncent pas de temps froid et s’il n’y a plus de gelée, la saison peut s’arrêter très rapidement. On va prendre ce qu’on peut. Si les arbres coulent encore quelques jours, on pourrait dépasser les 3 lb à l’entaille et ce ne serait pas si pire », précise M. Ouellette.