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L’inquiétude est palpable chez trois acériculteurs des Hautes-Laurentides qui exploitent leurs érablières en terre publique, à proximité du lac Désiré, à Rivière-Rouge.
À l’invitation des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ), La Terre de chez nous s’est rendue sur place, le 15 juillet, pour constater l’incidence du chantier de coupes forestières Désiré sur le potentiel acéricole de la région. Le chantier Désiré touche des terrains qui sont limitrophes des érablières de Richard Radermaker (36 000 entailles), Jacques Bilodeau (9 000 entailles) et Mathieu Audy (25 000 entailles).
Dans les trois cas, un développement est envisagé et les acériculteurs ont ciblé des endroits comme étant des potentiels acéricoles prioritaires lors des représentations à la Table de gestion intégrée des ressources du territoire (TGIRT) des Laurentides. « Ici, la prescription de coupe autorisée est d’environ 35 % des arbres », lance d’entrée de jeu Mathieu Audy, ingénieur forestier de formation, en montrant les arbres environnants, presque tous marqués à la peinture orange, sur le terrain qu’il aimerait un jour exploiter.
« Pour l’exploitation d’une érablière et un travail de jardinage, on parlerait plus de 15 à 20 %. » Selon cet acériculteur, qui a lancé un premier appel à l’aide en témoignant dans La Terre en février dernier, la coupe prévue dans les terres voisines de son érablière l’empêchera de développer celle-ci à long terme, car il estime qu’après le bûchage, il faudra attendre une cinquantaine d’années avant de pouvoir l’exploiter.
L’ingénieure forestière Andrée Gagnon, du Club acéricole des Pays d’en Haut, est du même avis. « On a précisé et souhaité que l’aménagiste dans sa planification forestière tienne compte de la particularité du chantier ici », explique celle qui participe à la TGIRT, où les différents acteurs du milieu forestier se retrouvent pour discuter de la gestion de la forêt en terre publique. « Malheureusement, nous avons constaté que ça n’avait pas été fait, que ça n’avait pas été pris en compte. »
Pour plusieurs intervenants rencontrés au chantier Désiré, le choix des arbres pour la coupe prévue s’explique notamment par la fermeture de l’usine Fortress de Thurso en 2019, une usine qui faisait de la pâte. C’est maintenant le bois de sciage, nécessitant de plus gros diamètres, qui est privilégié. « Quand le diamètre de l’arbre atteint 45-46 cm on peut le couper pour avoir du beau bois de sciage », explique Jacques J. Tremblay, ingénieur forestier et consultant pour les PPAQ. « Pour moi, c’est de l’écrémage de la forêt, tout simplement. Les arbres qu’on enlève, ce sont les plus beaux arbres pour les acériculteurs. » Une taille de 44 cm de diamètre est nécessaire pour qu’un acériculteur puisse entailler un érable à deux endroits, rappelle M. Audy.
Des chemins XXL Tout juste de l’autre côté de la route 117, la largeur des chemins forestiers créés pour procéder à la coupe laisse entrevoir ce qui pourrait arriver du côté du chantier Désiré. La largeur, jugée excessive par les acériculteurs, ainsi que les aires d’empilement ne se comparent pas aux chemins acéricoles déjà présents dans les érablières de MM. Audy, Radermaker et Bilodeau. « Déjà qu’il y a de la coupe de prévue, si on ajoute l’impact du chemin forestier et des aires d’empilement, nécessairement, le potentiel acéricole va en être affecté à la baisse », ajoute Andrée Gagnon, en montrant la coupe qui a été faite il y a environ cinq ans. « Ce qu’on constate, c’est la mortalité autour des chemins, les arbres renversés, les arbres qui meurent et qui cassent. » |
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