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Selon Nicolas Bégin, porte-parole de la CNESST, l’exposition au froid peut avoir des impacts sur la santé des travailleurs du milieu acéricole, et ce, même pour de courtes périodes, lorsque la température ambiante est inférieure à 5 °C.
L’accroissement de la taille des érablières fait en sorte que certains travaux qui autrefois se faisaient plus tôt en saison s’échelonnent maintenant sur les mois d’hiver, donc, dans les périodes beaucoup plus froides. Les travailleurs acéricoles et forestiers doivent nécessairement être plus prudents et porter des vêtements appropriés aux conditions climatiques de cette nouvelle réalité.
« Quand on avait de plus petites entreprises, on limitait les travaux dans les périodes plus froides au bûchage; on ne faisait pas les travaux liés à la production acéricole », lance Joël Boutin, conseiller acéricole. Avec l’augmentation du nombre d’entailles, les gens doivent maintenant entailler plus tôt, souvent à partir de décembre ou janvier, s’ils veulent arriver. Ils sont davantage susceptibles de travailler par temps très froid, dit-il.
Vêtements appropriés
Ainsi, ajoute M. Boutin, on doit s’habiller plus chaudement pour faire face aux températures plus froides. « Il ne faut pas lésiner sur la qualité des vêtements que l’on achète », insiste-t-il. On choisira des vêtements qui respirent, des gants chauds et de bonnes bottes afin de prévenir les engelures.
Les travailleurs peuvent s’inspirer des sportifs en utilisant différentes couches de vêtements qu’ils peuvent mettre ou retirer au besoin. Cependant, ils doivent prendre en compte qu’ils peuvent être pendant de longs moments sans bouger, ajoute le conseiller acéricole.
Selon le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST), les orteils, les doigts, les oreilles et le nez sont les parties du corps les plus à risque parce qu’elles sont dépourvues de muscles importants capables de produire de la chaleur. Ces parties du corps doivent donc être bien protégées.
Comme plusieurs entreprises font appel à des travailleurs étrangers venant de pays du sud, il faut leur acheter des vêtements chauds appropriés aux conditions climatiques québécoises avant de les envoyer en forêt, soutient Joël Boutin.
Éviter de sortir
Travailleur forestier de longue date, André Roy croit pour sa part que l’on devrait, lorsque c’est possible, reporter les sorties en forêt quand le thermomètre atteint les -20 ou -25 °C. Non seulement les risques pour les individus sont plus grands, mais le matériel fonctionne moins bien et les arbres ne réagissent pas de la même façon à l’abattage, précise-t-il.
Selon le sylviculteur, il n’y a rien de productif à s’entêter à travailler en forêt par grand froid, surtout dans le feuillu.
Le principal signe à surveiller est le vent. « Il est possible que l’avant-midi, vous ayez un temps ensoleillé, peu venteux. Parfois, ça va s’adoucir, mais les grands vents vont arriver et ça devient problématique pour la direction des arbres, aussi », mentionne M. Roy, qui a souvent connu dans sa carrière les aléas du travail en forêt par grand froid.
Les principaux risques
La sécurité des ouvriers n’est pas à prendre à la légère puisque le travail à l’extérieur par temps froid peut représenter des risques importants pour la santé et la sécurité des travailleurs. « En ce qui a trait aux risques pour la santé, il peut s’agir de gelures, d’engelures et d’hypothermie. L’exposition au froid peut aussi entraîner de graves lésions pouvant aller jusqu’à l’amputation, la perte de conscience et même le décès », souligne Nicolas Bégin, porte-parole de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
Parmi les facteurs de risques, la CNESST cite l’environnement (basse température, vent, précipitations); l’habillement (mauvaise isolation, peau exposée, mauvaise imperméabilité); des mesures administratives (absence d’alternance travail-réchauffement, travail extérieur intensif, prise de pauses à l’extérieur) et des mesures techniques (commandes et leviers difficilement utilisables avec des gants, absence d’isolement sur les surfaces à risque de contact).
Certaines conditions augmentent les risques, même à des températures supérieures à zéro, note l’organisme. Parmi celles-ci, on retrouve l’humidité de l’air, les vêtements mouillés, trop légers ou trop chauds, la peau exposée, la durée de l’exposition au froid, la transpiration abondante ou encore une tâche imposant des contraintes physiques comme la réparation d’une machine (travail à mains nues, tâche qui implique peu d’efforts physiques ou peu de mouvements).
Des signaux avant-coureurs
Selon Nicolas Bégin, l’exposition au froid peut avoir des impacts sur la santé des travailleurs du milieu acéricole, et ce, même pour de courtes périodes, lorsque la température ambiante (à l’abri du vent) est inférieure à 5 °C. Il est alors impératif d’être vigilant.
Comment identifier ces signaux avant-coureurs d’engelure, de gelure ou d’hypothermie? Les engelures peuvent se manifester par des rougeurs, tuméfactions, sensations de picotement et douleurs.
Une sensation de picotement, l’engourdissement progressif, la perte graduelle de la sensibilité sont des signes de gelure, tout comme la peau blanche, glacée et cireuse.
Pour le risque d’hypothermie, on portera attention aux signaux suivants : extrémités froides et engourdissement au point de provoquer des maladresses; grelottement très marqué; baisse de la vigilance, manque de concentration; comportement inhabituel ou bizarre.
« Chacun des symptômes décrits est un signal d’alarme et doit entraîner une action immédiate », insiste le porte-parole de la CNESST.
Moyens de prévention
« La mise en place de moyens de prévention adaptés aux travailleurs acéricoles par les employeurs permet de réduire le nombre de lésions liées au travail au froid », ajoute M. Bégin. Ces actions peuvent prendre la forme suivante : mettre un abri chauffé à leur disposition, leur fournir des vêtements de protection adaptés à la température lorsqu’ils sont requis, alterner les périodes de travail et de réchauffement.
Pour leur part, les travailleurs acéricoles doivent aussi considérer les prévisions météorologiques et s’habiller en conséquence, selon la CNESST. On recommande de couvrir toute la peau exposée en gardant la liberté de mouvement nécessaire pour exécuter ses tâches de façon sécuritaire, de prévoir des vêtements de rechange et de remplacer rapidement tout vêtement humide ou mouillé et, surtout, de demeurer actif et mobile, tout en prenant des pauses fréquentes à l’abri du vent ou au chaud.
Attention aux signaux
- Engelures : rougeur, enflure, picotements et douleur
- Gelures superficielles : surviennent lorsque les couches superficielles de la peau gèlent et deviennent blanches, engourdies et dures, mais les tissus situés plus en profondeur ne sont pas touchés.
- Gelures : surviennent lorsque la température des tissus descend sous le point de congélation ou lorsque la circulation sanguine est entravée.
Symptômes : inflammation de la peau par plaques et douleur légère. - Pied d’immersion/pied des tranchées : survient lorsque les pieds sont mouillés ou froids pendant une période prolongée.
Symptômes : picotements, engourdissements, démangeaison, douleur, enflure et ampoules. - Hypothermie : la forme la plus grave d’affection causée par le froid. La perte excessive de chaleur corporelle peut être mortelle.
Les signes avant-coureurs sont : nausées, fatigue, étourdissements, irritabilité, euphorie, douleur aux extrémités (mains, pieds, oreilles) et frissons intenses. On doit amener les travailleurs dans un abri chauffé et obtenir de l’aide médicale au besoin.
Source : Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST)