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Alain Hamel ne décolère pas. À 60 ans, ce producteur de sirop d’érable vient de se voir infliger une pénalité assez salée. En raison du fait que certains de ses barils dépassaient légèrement les 68,9 degrés Brix, on lui a déduit 1 $ pour chaque livre.
En tout, il a perdu la somme de 2 150 $ et il n’est pas le seul.
« C’est abusif, surtout pour un sirop de très bon goût, et on donne le rabais à l’acheteur en plus », tempête le producteur de Saint-Épiphane. Détenteur de 9 000 entailles, il a vu 5 de ses 55 barils déclassés de la sorte.
« J’ai eu un bris d’équipement et ma machine me donnait une mauvaise lecture », plaide l’acériculteur. Il est d’autant plus ulcéré qu’il avait jusqu’ici une fiche impeccable en 40 ans de production.
« Je dormais sur mes deux oreilles, ajoute-t-il, mais j’ai subi une pénalité sur cinq de mes barils. Le sirop est encore bon et l’acheteur n’a qu’à renvoyer un peu de vapeur. »
La Fédération des producteurs acéricoles du Québec se montre surprise par l’ampleur du phénomène. Sur les 209 000 barils classés jusqu’à maintenant, 940 dépassent effectivement la nouvelle norme de 68,9 degrés Brix. Rappelons que celle-ci a été introduite dans la convention de mise en marché convenue avec les acheteurs en décembre dernier et homologuée par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec le 2 mars.
Une norme existait déjà pour le sirop trop faible en sucre. En ce qui concerne la nouvelle convention, la même pénalité prévue, soit 1 $/lb, a été appliquée pour le sirop dépassant les 69 degrés Brix. À cette fin, on a retenu la définition du ministère de l’Agriculture pour le sirop d’érable, qui doit être produit entre 66 et 68,9 degrés Brix. Ce renseignement a bien été donné durant la tournée d’information régionale, note la Fédération, ainsi que dans l’Info-Sirop.
« C’est regrettable, admet le président de la Fédération, Serge Beaulieu, mais on a des balises, un peu comme dans le lait. J’aurais aimé que les acheteurs fassent un petit bout de chemin, en acceptant d’étaler l’application de la nouvelle norme dans le temps. »
Serge Beaulieu prend cependant en compte la position des acheteurs, admettant que la cristallisation du sirop d’érable s’effectue très rapidement quand celui-ci est trop cuit. En moins d’une semaine, illustre-t-il, un baril reçu récemment contenait déjà 12 lb de sucre. L’an dernier, la moitié d’un baril était déjà cristallisé lors de sa réception.
« L’organisation est censée travailler pour ses membres, rétorque Alain Hamel. La convention a été signée avec les acheteurs, mais ils ne se sont pas mis dans les bottines des producteurs. »