Forêts 28 mai 2021

Nouveautés dans les modèles 2021 de VTT

Effet de la pandémie et de l’interdiction de tenir des rassemblements, les Québécois ont investi plus que jamais ces derniers mois dans les activités et les équipements de plein air. Les propriétaires forestiers ne sont évidemment pas restés à l’écart et ont pris d’assaut les concessionnaires de véhicules tout-terrain (VTT).

À tel point que les modèles 2020 sont disparus tôt la saison dernière et que leurs successeurs 2021 sont achetés avant qu’ils n’arrivent. « Au fur et à mesure qu’on les reçoit, on doit les livrer, car ils sont déjà réservés. Nous n’en mettons même pas en démonstration », observe Jérome Pelletier, conseiller chez Performance NC, à Saint-Étienne-des-Grès en Mauricie, un concessionnaire BRP.

Cette effervescence n’est en tout cas pas attribuable aux nouveautés, qui sont peu nombreuses cette année dans l’industrie. « C’est une année de vaches maigres, indique le chroniqueur spécialisé Marc-André Quessy. Les fabricants n’ont pas pu faire de lancement et quand ils le pouvaient, c’était devant un nombre de gens limités. La pandémie est venue déranger tout l’aspect marketing habituel. » Le journaliste souligne également qu’il n’y a jamais autant eu de bonnes machines dans les sentiers.
« Si ça se vend bien et que ça ne pète pas, pourquoi changer? » raisonne-t-il.

BRP perfectionne son Visko-Lok

Le constructeur québécois BRP a apporté peu de modifications à sa gamme de modèles Can-Am cette année. Les Outlander 450/570 (à partir de 7 899 $), Outlander (à partir de 10 299 $), Renegade (à partir de 10 399 $) et DS (à partir de 2 899 $) pour enfants sont de retour avec sensiblement les mêmes caractéristiques que l’an dernier. Seuls changements, les 450, 570 et 650 sont déclinés en deux nouvelles couleurs cette année : vert toundra et gris granite.

CanAm Outlander 650 - Si ce n’est l’introduction de deux nouvelles couleurs, BRP a apporté peu de changements sur ses modèles intermédiaires cette année. Ici, un Can-Am Outlander 650 de l’année 2021 équipé d’un moteur de 62 ch de puissance.
CanAm Outlander 650 – Si ce n’est l’introduction de deux nouvelles couleurs, BRP a apporté peu de changements sur ses modèles intermédiaires cette année. Ici, un Can-Am Outlander 650 de l’année 2021 équipé d’un moteur de 62 ch de puissance.

Question de cylindrés justement, les petites motorisations de type 400 ou 500 cc peuvent très bien convenir pour le travail en forêt. « L’exception serait pour déplacer de lourdes charges en terrains difficiles. Dans ce cas, un véhicule avec une plus grosse cylindrée serait avantageux », estime Pierre-Olivier Roy, chroniqueur au site Info Quad. « Et puis les petites motorisations sont moins sujettes à surchauffer », renchérit Marc-André Quessy.

Chef de produits mondial VTT chez BRP, Marc-André Daunais explique que cette gamme de cylindrés moyens, souvent recherchée par la clientèle qui utilise le VTT comme outil de travail, est bien établie dans le marché depuis des années et que de ce fait, les changements relèvent davantage de l’amélioration continue que des nouveautés techniques. « Ce sont des produits de qualité, durables et confortables », rappelle-t-il.

CanAm Outlander MAX XT 850 - Le Can-Am MAX XT 850 de BRP est équipé d’un treuil d’une capacité de 3 500 lb (1 587 kg).
CanAm Outlander MAX XT 850 – Le Can-Am MAX XT 850 de BRP est équipé d’un treuil d’une capacité de 3 500 lb (1 587 kg).

La seule véritable amélioration mécanique chez BRP a été d’équiper ses plus gros modèles, soit les Outlander X MR 850 et X MR1 000 R ainsi que Renegade XMR 1 000R, du système Visco-4Lok, une évolution de la technologie Visco-Lok lancée il y a une dizaine d’années et installée sur l’ensemble des produits Can-Am. Lorsqu’on appuie sur un bouton, le Visco-4Lok active manuellement le verrouillage du 4 x 4, procurant ainsi une puissance égale aux quatre roues, tout en conservant la sélection de deux ou quatre roues motrices. Il s’agit en fait d’un différentiel de blocage mécanique qui envoie de la puissance directement dans les roues avant tout en permettant au système de direction assistée de demeurer fonctionnel pour procurer une sensation et un contrôle dans le guidon.

Il s’agit d’une option intéressante, estime Pierre-Olivier Roy, toujours dans l’optique d’un propriétaire qui utilise son VTT pour le travail. « Un vrai 4 x 4 est préférable, mais avec le différentiel qui peut être barré, cela offre un meilleur entraînement sur les terrains difficiles. »

Honda mise sur sa réputation

Du côté de chez Honda, les changements aux modèles 2021 sont aussi plus d’ordre esthétique, confirme Guy Larouche, directeur des ventes chez Évolution X, à Saint-Prime au Lac-Saint-Jean qui dit enregistrer également des ventes record depuis le printemps dernier.

Le constructeur japonais revient donc avec sa déclinaison de modèles Rancher TRX420 (à partir de 8 944 $), Foreman 520 (à partir de 10 244 $) et Rubicon 520 (à partir de 11 644 $). Honda continue toujours de se démarquer dans l’industrie avec sa transmission à double embrayage (DCT) à 5 rapports, à l’inverse des systèmes à courroie et à poulie de la concurrence.

Honda TRX 520 Deluxe 2021 - Le Honda TRX 520 Rubicon possède une capacité de remorquage de 600 kg ou 1 322 lb.
Honda TRX 520 Deluxe 2021 – Le Honda TRX 520 Rubicon possède une capacité de remorquage de 600 kg ou 1 322 lb.

« Une belle technologie extrêmement fiable et qui ne brise pas souvent, abonde le chroniqueur Marc-André Quessy. Par contre, dans un contexte de température très froide, ça n’opère pas toujours bien. »

Dans le cas d’un VTT utilisé pour le travail en forêt, les transmissions à variation continue (CVT) qui équipent les Polaris et les Can-Am font l’affaire, bien qu’elles présentent un point faible. « Si tu arrêtes dans une côte avec 1 000 livres à l’arrière et que tu recules en donnant du gaz sans avoir mis la fonction low, tu viens de griller ta courroie », met en garde Marc-André Quessy.

Honda TRX 420 2021 - Dans l’industrie du VTT, Honda a la réputation de compter sur les clients les plus fidèles à la marque. Ici, un Honda TRX 420 
de l’année 2021.
Honda TRX 420 2021 – Dans l’industrie du VTT, Honda a la réputation de compter sur les clients les plus fidèles à la marque. Ici, un Honda TRX 420 
de l’année 2021.

La principale critique qui revient envers les modèles Honda concerne souvent ses performances en termes de vitesse. « Notre véhicule va atteindre 70 km/h contre 90 km/h par exemple pour un Polaris 570, reconnaît Guy Larouche, mais au niveau de la durabilité et de la valeur de revente, ça ne se compare pas », dit-il, évoquant des clients qui roulent encore avec leur VTT acheté il y a 30 ans.

Rappelant la réputation du constructeur d’introduire les nouveautés au compte-gouttes, le chroniqueur Marc-André Quessy ne peut que seconder l’avis du concessionnaire jeannois. « La valeur de revente d’un Honda est environ de 20 à 30 % plus que n’importe quelle autre machine sur le marché. J’en ai déjà vu un avec 28 000 km au compteur être revendu 4 000 $. C’est probablement le constructeur qui compte sur la clientèle la plus fidèle. »

Polaris met le paquet

Si Honda et BRP ont joué la continuité, ce n’est pas le cas de Polaris, qui a sérieusement revampé la famille des Sportsman 450 (à partir de 7 799 $) et 570 (à partir de 8 299 $). Les changements sont nombreux chez la marque américaine, à commencer par l’introduction d’un nouveau look. Mais ce sont surtout les améliorations du côté technique qui retiendront l’attention des utilisateurs.

La capacité de remorquage et le dégagement au sol ont été accrus. Les deux modèles de VTT peuvent maintenant tirer une charge maximale de 1 350 lb (615 kg) contre 1 225 lb (560 kg) auparavant. L’espace avec le sol est désormais de 11,5 pouces au lieu de 10,5 pouces dans les cylindrés 450. À ce chapitre, Honda offre, par exemple, 8 pouces de dégagement dans les modèles comparables et 10,5 chez les Outlander 570 de Can-Am. Dans le cas d’un VTT avec un dégagement au sol réduit qui circule sur des terrains accidentés, l’ajout d’une plaque de protection intégrale sous le véhicule peut s’avérer une judicieuse acquisition afin de protéger la mécanique des impacts causés par des pierres ou des souches.

Polaris Sportsman 570 2020 2021 - Polaris est le fabricant qui a apporté le plus de nouveautés cette année. Ici sur la photo, deux Sportsman 570, des années 2020 et 2021.
Polaris Sportsman 570 2020 2021 – Polaris est le fabricant qui a apporté le plus de nouveautés cette année. Ici sur la photo, deux Sportsman 570, des années 2020 et 2021.

La capacité de remorquage est un élément important à considérer, fait valoir Pierre-Olivier Roy. « Il faut établir nos besoins. Il va servir à débusquer des souches? À remorquer des grosses charges? À aller en forêt uniquement? Cela permet de choisir le modèle avec les bonnes capacités de tire pour faire l’ouvrage. »

Les Sportsman sont aussi maintenant équipés d’une batterie offrant 78 % plus d’intensité que l’ancienne pour des démarrages à froid garantis et une utilisation optimale des accessoires comme un treuil. La batterie a été déplacée sous le porte-bagages avant, offrant ainsi un accès plus facile.

Autre changement important, Polaris chausse désormais ses 450 et 570 de pneus de 25 pouces à six couches au lieu de 4 couches (et 24 pouces dans les 450) dans les modèles antérieurs. Pour le travail en forêt dans des zones accidentées, cette amélioration vient diminuer les risques de crevaison et bonifier la traction. Il s’agit aussi d’un avantage concurrentiel puisque les modèles de base dans les gammes de cylindrés similaires chez Can-Am et Honda sont offerts avec des pneus 4 couches.

Polaris Sportsman 850 2021 - Le Sportsman 850 de Polaris est équipé d’un moteur de 78 ch de puissance.
Polaris Sportsman 850 2021 – Le Sportsman 850 de Polaris est équipé d’un moteur de 78 ch de puissance.

Pierre-Olivier Roy rappelle que la qualité des pneus est importante pour ceux qui utilisent leur VTT comme outil de travail. « Si tu te promènes dans des conditions difficiles ou tu veux débusquer un arbre, ça prend une bonne traction. Les fabricants ont de très bons véhicules, mais souvent, ils sont pauvrement chaussés dans leur version de base. C’est pas mal généralisé dans l’industrie. » Un pneu six couches est essentiel pour le travail en forêt, recommande-t-il.

Enfin, pour les modèles équipés du système de freinage moteur (EBS), Polaris a amélioré sa technologie afin de permettre une mise en marche en douceur à basse vitesse, une option appréciée pour le travail dans des sentiers étroits ou une cour ou pour faire marche arrière avec une remorque. 

Directeur des ventes chez Motosport 4 Saisons, concessionnaire Polaris à Trois-Rivières, Alain Roy explique que parallèlement à ces nouveautés, le manufacturier a aussi joué avec les groupes d’option, de sorte qu’il est désormais plus économique pour le client d’équiper son véhicule en le commandant directement de l’usine plutôt que chez le détaillant.

« Ça part tellement rapidement qu’on a de la difficulté à tenir des inventaires. En raison de ce contexte, Polaris permet depuis août dernier aux clients de faire des précommandes directement à partir du site Web. Avant d’être exposé dans une salle de montre, ton VTT va arriver chez vous directement de l’usine », souligne Alain Roy, vantant les qualités conviviales du nouveau site de Polaris, qui permet littéralement de configurer et de visualiser son futur véhicule.

Enfin, les deux chroniqueurs estiment que tout bon VTT destiné au travail doit comprendre deux accessoires essentiels : un treuil et un coffre de rangement. « Un treuil, ce n’est même pas optionnel, lance Marc-André Quessy. Tu ne sais jamais ce qui va arriver. Tu es pris aux essieux et à 20 km de ton pick-up? C’est lui qui va t’aider à sortir. » Quant au coffre de rangement, il est possible de dénicher de bons modèles à moins de 500 $, souligne-t-il.
« Et là-dedans, tu dois retrouver les éléments essentiels : de l’eau, de la bouffe, une corde, des outils et une trousse de premiers soins. »

Année record chez Les Équipements Woody

Spécialisés dans la fabrication de produits forestiers et agricoles, Les Équipements Woody ont vu leurs affaires suivre la même tangente que celles des concessionnaires de véhicules motorisés ces derniers mois. « Cette année, les gens en ont profité pour faire des travaux sur leur terre et ça s’est répercuté sur notre production », lance Jérôme Labbé, copropriétaire avec son frère Sébastien de l’entreprise beauceronne basée à Saint-Odilon.

Chargeuse HD-90 - Conçue pour les VTT, la chargeuse HD-90 peut être équipée d’un treuil d’une capacité de 4 000 lb (1 814 kg).
Chargeuse HD-90 – Conçue pour les VTT, la chargeuse HD-90 peut être équipée d’un treuil d’une capacité de 4 000 lb (1 814 kg).

Les Équipements Woody développent depuis plusieurs années des produits spécifiquement pour les propriétaires de VTT. Leur remorque-chargeuse forestière 90-HD est un de leurs meilleurs vendeurs, confirme Jérôme Labbé. Équipée d’un mat de 9 pi, d’un grappin de 28 pouces d’ouverture et pouvant pivoter sur 360 degrés, la chargeuse est montée sur une remorque de 8 pieds de chargement et 52 pouces de largeur. À 63 pouces de hauteur à son maximum, elle est idéale pour les travaux dans les érablières où elle se faufile sous les tubulures.

« Elle peut être tirée par un VTT de 400 cc, mais il faut que ce soit associé à de belles conditions, que ça ne soit pas trop montagneux. Idéalement, je recommande un 500 cc et plus », explique l’entrepreneur beauceron. L’introduction, il y a une douzaine d’années, d’un essieu hydraulique sous la remorque pouvant être déplacé de 24 pouces pour ajuster le poids sur le timon du VTT explique le succès de la 90-HD.

Remorque V 407 - La remorque de la Série V 407 des Équipements Woody vient avec quatre pneus de 23 pouces et six plis.
Remorque V 407 – La remorque de la Série V 407 des Équipements Woody vient avec quatre pneus de 23 pouces et six plis.


« Les ventes ont explosé depuis cette innovation. On en fabrique une centaine par année qu’on distribue dans notre réseau au Québec, en Ontario, dans les Maritimes et dans le Nord-Est des États-Unis. »

Autre produit qui a été très populaire cette année auprès des propriétaires de VTT, la remorque à benne basculante de la Série V 407. D’une capacité de 3 tonnes et mesurant 36 pouces de largeur par 84 pouces de longueur, elle se caractérise aussi par un essieu mobile. Contrairement à la remorque HD-90, celle-ci peut être déplacée de façon manuelle en fixant les boulons à l’emplacement désiré. La benne peut être basculée par une commande électrique. « Tu n’as pas besoin de débarquer de ton véhicule, note Jérôme Labbé. C’est pratique pour le transport de gravier, l’entretien de tes chemins. On en a vendu une quarantaine de ce modèle cette année », conclut-il.

Bernard Lepage, collaboration spéciale


Ce texte a été publié dans le magazine Forêts de chez nous de mai 2021