Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Pour lancer son entreprise, Julien Dupasquier a pris une pause d’un an de la ferme familiale de Saint-Alexandre. La production saisonnière de sirop d’érable, pense-t-il, lui permettait d’être propriétaire unique.
Comme l’opportunité s’est présentée plus tôt que prévu, il s’est vite rendu compte qu’il aurait tout avantage à louer plutôt qu’à acheter.
« Pour les mêmes revenus, je suis au cinquième du prix », indique-t-il avec plaisir.
Pour remettre en production une érablière de 3 300 entailles laissée à l’abandon depuis 20 ans, l’acériculteur a investi seulement 65 000 $, ou 20 $/entaille. Pour une petite érablière, note-t-il, il peut en coûter facilement jusqu’à 100 $/entaille pour acheter le fonds de terre, soit environ 350 000 $ dans son cas.
Détenteur d’un diplôme d’études collégiales (DEC) en gestion et exploitation d’entreprises agricoles, Julien Dupasquier est président du Groupe de relève agricole Missisquoi. Familier avec la Banque de terres Brome-Missisquoi, il a fait appel à celle-ci pour dénicher son érablière. On lui a fait cinq propositions et après seulement deux visites, Julien avait arrêté son choix.
« La banque de terres m’a aussi beaucoup aidé pour négocier les clauses de mon bail, révèle-t-il. Si je compare, à 75 ¢/entaille, ma location me coûte trois fois moins cher que l’achat. J’ai un bail notarié de 15 ans, une exigence de la Fédération. Il s’est installé un climat de confiance avec le propriétaire. Il a vu que je suis travaillant et que tout est bien fait. »
Leslie Carbonneau est agente de maillage à la Banque de terres Brome-Missisquoi. Elle a accompagné Julien dans son projet d’établissement, le 1er du genre dans une érablière et le 26e sur une trentaine de jumelages réalisés depuis la création de la banque en mai 2012. Elle juge que l’acériculture constitue le parfait exemple « d’un potentiel à découvrir », notant que les boisés des 35 inscriptions à la banque couvrent deux fois plus de superficie que les sols cultivables.
« En février 2016, relate-t-elle, le propriétaire Maxime Beaudoin avait inscrit sa prairie cultivable pour un jumelage. Il croyait que l’érablière ne comptait environ que 1 500 à 2 000 entailles. On a quand même vérifié avec l’ingénieur forestier et heureusement, puisque le potentiel s’est avéré supérieur à son contingent. Il avait tout ce qu’il fallait pour démarrer. »
Maxime Beaudoin se servait jusqu’à tout récemment de son boisé comme d’une réserve de bois de chauffage. Il récupérait tout ce qui tombait au sol pour chauffer sa résidence.
C’est d’un bon œil qu’il a accueilli la proposition du Centre local de développement de le mettre en location, ne sachant trop quoi faire de la petite cabane à sucre qui s’y trouvait. L’entrepreneur en construction a perçu en Julien Dupasquier le moyen de donner une plus-value à sa propriété.
« Julien, dit-il sans hésitation, c’est aussi un entrepreneur. On le voit tout de suite. Il est débrouillard et pas à peu près. »
« Je voulais donner la chance à quelqu’un dans la vie, enchaîne-t-il. Je sais ce que cela signifie parce que personne n’a cru en moi. Je me suis parti seul. »
Le propriétaire est particulièrement impressionné par son locataire. Lors de la journée portes ouvertes tenue par ce dernier, il n’en revenait tout simplement pas de voir la qualité de l’organisation (stationnement et autres).
Maxime Beaudoin se dit disposé à accueillir de nouveau les chasseurs qui avaient l’habitude de louer son boisé, maintenant que l’érablière est remise en service. Le fait de louer à Julien l’a d’ailleurs incité à améliorer les lieux; il a éliminé à ses frais deux anciennes décharges à déchets. Sa propriété va en retirer autant de valeur.
Ce texte provient de l’édition de septembre 2017 du magazine Forêts de chez nous.