Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
À partir de quel moment l’achat d’un moulin à scie portatif devient-il une bonne affaire? Quel modèle choisir selon mes besoins? Comment bien le manœuvrer pour en tirer le maximum et maintenir ses performances? Est-il préférable de me payer le service ou d’acheter mon propre moulin?
« C’est l’outil parfait pour le propriétaire d’un boisé privé », résume Jason Laporte, qui en vend depuis 20 ans chez les Industries Renaud Gravel, à Saint-Cléophas-de-Brandon dans Lanaudière. « En même temps, précise-t-il, tout dépend du volume de bois que tu prévois transformer. Si tu as 20 billots [qui donneront environ 300 pieds mesure de planche], fais venir quelqu’un. Mais si tu penses en scier 5 000 pieds par année dans les cinq prochaines années, achète-toi-en un. Ça va te revenir à 1 000 $ par année tout dépendamment du modèle [ou 20 ¢ du pied pour l’amortissement de la scierie]. »
On pourra économiser à produire ses propres matériaux de construction plutôt que de les acheter à la quincaillerie, mais il faut pour cela avoir la matière première sous la main et faire abstraction du coût d’achat de l’équipement et des heures qu’on y consacre. « Il faut voir ça comme un passe-temps qui permet de construire à moindre coût ou de se faire un petit gagne-pain si on le fait pour un autre », ajoute Jason Laporte.
Sur le marché, il existe autant de scieries mobiles que de budgets. Détenteur d’un Wood-Mizer LT50 entièrement hydraulique payé 54 000 $ il y a quatre ans, Denis Laprise, de Mascouche, estime qu’un propriétaire forestier pourra trouver un bon moulin pour ses propres besoins en investissant de 5 000 $ à 10 000 $. « Il faut privilégier des marques fabriquées au Canada ou aux États-Unis parce que les pièces sont plus faciles à trouver », conseille celui qui scie sur une base commerciale depuis 12 ans.
L’un des aspects à prendre en considération est bien entendu le diamètre des billots à transformer. Selon les modèles, la grosseur maximale varie de
20 à 36 pouces. Les moulins à scie mobiles peuvent être disposés sur une base fixe, mais ils sont généralement montés sur une remorque facile à déplacer, même avec un VUS. Le modèle LumberPro HD36 de Norwood, par exemple, affiche un poids d’environ 1 800 livres. En règle
générale, la tête de coupe est installée sur un chariot qui se déplace sur une table de 16 pieds, permettant ainsi de travailler sur des billes d’une longueur maximale de 13 pieds (9 pieds pour une table de 12 pieds). Mais la plupart des modèles offrent des rallonges de 4 pieds qui permettent de travailler sur de plus longues pièces.
Hydraulique ou manuel?
Les moulins sont également offerts avec de multiples options hydrauliques (chargeur, tourne-bille, pince à bille, déplacement de la tête de coupe sur le chariot, etc.) qui permettent de travailler plus rapidement et à moindre effort que si toutes les opérations devaient être faites manuellement. Il faut prévoir que si on décidait de prendre l’ensemble des fonctions hydrauliques, le prix du moulin doublerait.
La puissance des moteurs est également très variable selon les modèles, passant d’un moteur à essence de 9 HP jusqu’à 35 HP (pour horsepower ou chevaux-vapeur). « Tous les moteurs vont pouvoir scier la même bille, explique Jason Laporte. C’est le temps d’exécution de coupe qui va être plus court avec un moteur plus puissant. J’ai déjà coupé un érable de 28 pouces de diamètre avec un moteur de 9 HP. Il faut juste laisser la lame faire son ouvrage. Si tu sens de la résistance, c’est que tu vas trop vite ou que ta lame doit être changée. »
À quel moment changer la lame?
La lame est une pièce maîtresse d’un moulin à scie portatif. Jason Laporte considère qu’après 90 à 120 minutes d’utilisation, elle devrait être affûtée. « Plus je l’étire, plus je pousse fort, moins je coupe vite. La qualité de coupe n’est plus là et j’endommage mes guides-lames. Ce n’est bon nulle part. » C’est le temps d’utilisation qu’en fait également Denis Laprise, qui confie ses lames à un professionnel. « Chaque lame peut être affûtée cinq ou six fois lorsque c’est bien fait. » Selon que l’on coupe du bois mou ou du bois franc, on changera de type de lame.
À environ 25 $ pour une lame neuve cependant, plusieurs utilisateurs vont préférer l’user au maximum avant de la jeter au rebut plutôt que de payer de 10 $ à 15 $ pour la faire affûter. « Je ne recommande pas cela, mais c’est une tendance actuellement. À long terme, tu hypothèques ta machine. » À des prix variant entre 800 $ et 1 200 $, des ensembles d’affûteurs sont aussi offerts aux propriétaires de moulins qui en font une utilisation intensive. Un bon affûtage régulier de la lame améliorera la productivité et la qualité des planches.
Le secret est dans le séchage
Tailler ses planches et ses madriers en vue de les utiliser dans une construction est une chose, mais l’étape du séchage demeure capitale si l’on veut obtenir des produits de qualité. Il faut tout d’abord disposer ses pièces de bois sur une base solide, préalablement mise à niveau, dans un endroit exposé au vent. Un espacement d’un pouce entre chacune d’elles est suggéré et le deuxième palier est constitué de lattes disposées aux deux pieds de manière perpendiculaire au niveau précédent. Les baguettes de bois générées par le délignage des planches, par exemple, peuvent très bien servir à cette étape.
Enfin, on doit recouvrir le dernier étage de feuilles de tôle sur lesquelles on installera des poids pour maintenir la pression sur les rangées supérieures. Bien que le bois mou perde jusqu’à 50 % de son humidité quelques semaines après avoir été coupé, il faut ensuite compter quelques mois pour que la circulation du vent évacue l’humidité presque totalement – jusqu’à 11 % – des pièces de bois. Pour des planches d’un pouce d’épaisseur, par exemple, certains suggèrent un an d’entreposage pour le bois mou et six mois supplémentaires pour le bois dur. Il est toutefois possible d’envoyer son bois dans des séchoirs commerciaux selon leur disponibilité en région.
Une excellente valeur de revente
Une scierie mobile bien entretenue conservera une très bonne valeur de revente. « Durant sept ou huit ans au début des années 2000, on en vendait de 70 à 80 annuellement, explique Jason Laporte. Comme il y a plusieurs détaillants, le marché a été inondé et là, on en retrouve beaucoup de seconde main sur des sites comme Kijiji. » Tout particulièrement pour les gros modèles, celui qui en aura pris soin pourra penser récupérer plus de la moitié de sa mise initiale. Denis Laprise a travaillé avec un Wood-Mizer LT40 durant neuf ans. Il l’a acheté 35 000 $ et revendu 18 000 $. « Mais il était top shape, réglé comme une horloge », précise-t-il.
Faire scier mes planches?
Plusieurs propriétaires de moulins à scie portatifs proposent leurs services auprès des forestiers. Les tarifs débutent généralement à 50 $/h. Ils varient beaucoup en fonction du type d’équipement utilisé.
Les moulins à scie portatifs avec toutes les options hydrauliques qui seront manœuvrés par des scieurs expérimentés auront une capacité supérieure et conséquemment, le taux horaire exigé sera plus élevé. Des frais de déplacement peuvent également être facturés.
Même si plusieurs facteurs peuvent influencer le rendement (type de moulin, opérateur, main-d’œuvre, qualité de la bille, etc.), dans la production de planches et de bois de charpente standards (2 po x 4 po, 2 po x 6 po et 2 po x 8 po), un moulin pourra fournir en moyenne de 400 à 500 pieds mesure de planche (pmp) à l’heure. À ce rythme, le client devrait payer environ trois fois plus s’il devait aller acheter la même quantité de bois à la quincaillerie.
Dans tous les cas, Jason Laporte recommande à ceux qui seraient tentés par l’expérience de toujours se rendre sur place avant d’accepter un contrat de sciage. Des billes de bois enrobées de terre et difficilement accessibles pourraient faire en sorte qu’un passe-temps tourne au cauchemar…
Pour calculer le nombre de pieds dans un billot Les tables de conversion de Roy, Internationale ou du Maine indiquent le nombre de pieds mesure de planche (pmp) contenus dans un billot en fonction de son diamètre et de sa longueur. Par exemple, un billot de 16 pouces de diamètre et de 8 pieds de long donnera 85 pmp selon la table Internationale. Un pied mesure de planche est une unité de volume équivalant à une planche sciée de 1 pied de long sur 1 pied de large sur 1 pouce d’épais. Pour connaître le nombre de pieds mesure de planche dans une corde de bois, on peut consulter le site Web foretprivee.ca, qui présente une calculatrice pour convertir les billots en différentes unités de mesure. |
Bernard Lepage, collaboration spéciale