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Loin de craindre le froid, une scie à chaîne bien préparée pour affronter les rigueurs de l’hiver en donnera encore plus à son propriétaire.
«Un moteur deux temps, ça marche avec des révolutions extrêmement hautes. Plus il fait froid, plus je vais avoir un bon rendement parce que mon moteur va conserver sa température correctement », explique Martin Hébert, technicien spécialisé dans la réparation de scies à chaîne depuis 36 ans et créateur de la page Facebook Passion Scie à chaîne, qui compte 24 000 abonnés.
Avant que l’hiver ne s’installe dans quelques semaines, des mesures de prévention peuvent déjà être mises de l’avant afin d’être prêt lors de la première sortie en forêt. « En hiver, la densité de l’air est plus lourde, ce qui amène de l’humidité. La plupart des scies sont munies de trappes pour envoyer de l’air chaud afin d’éviter que le filtre à air et le carburateur ne gèlent. S’il y a moins d’air qui entre dans le moteur et plus de gaz, ça fait des scies qui n’arrivent pas à tourner à plein régime et qui arrêtent au ralenti », souligne Martin Hébert.
Afin que l’air chaud envoyé au système de filtration soit le plus propre possible, il est suggéré d’installer un kit de protection d’hiver, un séparateur d’air plus communément appelé flywheel. « C’est un kit qui obstrue le tiers du couvert du démarreur. Quand tu déposes ta scie par terre, dans la neige ou sur des branches, ça permet de minimiser la projection de neige dans l’entrée d’air », précise-t-il.
Avant l’arrivée de l’hiver, Martin Hébert suggère aussi de remplacer quelques composantes peu coûteuses de la scie qui optimiseront ses performances, à savoir la bougie, la corde de démarreur et le filtre à gaz.
Pour optimiser les performances au grand froid, il est recommandé de remplacer le filtre à air en feutre par un filtre à air en nylon. « Il a moins tendance à givrer et laisse entrer une plus grande quantité d’air dans le moteur que les filtres en feutre. » Martin Hébert suggère aussi de nettoyer le filtre à la fin de chaque journée de travail. « De l’eau tiède avec un peu de savon à vaisselle, ce n’est pas compliqué et ça travaille bien. »
Lorsqu’il faut faire une pause pour remplacer la chaîne ou l’affûter, il est toujours bon d’utiliser un petit tournevis ou un petit grattoir pour enlever les résidus d’huile et de bran de scie compactés sous le couvercle, dans les endroits restreints. « Du bran de scie imbibé d’eau, ça peut geler et empêcher la chaîne de tourner. Faut nettoyer ça; ça évite bien des petits problèmes », rappelle-t-il.
Huiles et essence
En ce qui a trait à l’essence, le super est à privilégier au détriment de l’ordinaire en raison de son indice d’octane. « Dans du super, on retrouve un indice d’octane de 91 ou 92, ce qui est parfait pour les moteurs à haut taux de compression comme on en retrouve dans les scies à chaîne. Malheureusement, depuis le début de l’année 2023, une nouvelle réglementation impose un minimum de
10 % d’éthanol dans le super. Et l’éthanol, c’est le problème no 1 des petits moteurs. C’est un absorbeur d’humidité, il se mélange mal à l’huile et ça prend des taux de combustion très hauts pour faire exploser ça », souligne Martin Hébert.
Autre recommandation : ne pas utiliser l’essence du bidon qui traîne dans le garage depuis quelques mois. « On est mieux de partir la saison hivernale en remplissant en décembre son bidon de super. Les études démontrent qu’après un mois dans un contenant, l’essence ordinaire a perdu près de 50 % de sa qualité. Une essence récente, c’est toujours mieux pour avoir de meilleurs démarrages », estime le technicien, qui soutient que 95 % des problèmes des scies défectueuses qui lui sont confiées sont liés à l’essence.
En ce qui a trait au mélange d’huile et d’essence, il est impératif, insiste Martin Hébert, de respecter les recommandations du manufacturier. « Si le manuel indique 50 pour 1, il ne faut pas marcher à 40 pour 1. Et pour l’huile, on utilise toujours des huiles du fabricant. »
Quant aux huiles à chaîne, il faut absolument utiliser une huile de grade clair conçue pour travailler en hiver. « À partir de -15 degrés Celsius, même si c’est une huile légère, sa viscosité est encore parfois trop épaisse pour acheminer l’huile jusqu’à la chaîne. Ce que je recommande dans ce cas-là, c’est de mélanger l’huile avec du diesel à raison d’un tiers de diesel. Il n’y a aucun enjeu pour la scie; même les fabricants le recommandent », note Martin Hébert.
Ajustement du carburateur
Si les scies professionnelles sont dotées d’un carburateur électronique qui ajuste automatiquement le volume de gaz entrant dans le moteur, ce n’est pas le cas des scies commerciales, dont certaines peuvent demander un ajustement avant l’arrivée de l’hiver en raison de l’humidité plus présente dans l’air.
« Vu que la densité d’air est plus lourde, il va falloir augmenter la quantité d’essence qui entre dans le moteur. C’est par la vis du carburateur qu’on peut ajuster le mélange d’air/essence. C’est très délicat comme opération; ça demande un ajustement de 1/4, 1/8 de tour. Ce n’est pas monsieur Tout-le-monde qui peut faire ça. Pour éviter de décalibrer le carburateur, vaut mieux aller voir son dépositaire ou un technicien », suggère le fondateur de Passion Scie à chaîne.
Quant aux équipements de protection, ils demeurent toujours indispensables à longueur d’année. En hiver comme au printemps, souligne le technicien, les bottes de sécurité en caoutchouc sont bien appréciées, quoiqu’on puisse aussi trouver sur le marché des bottes de cuir imperméable. Et comme le bois gelé a davantage tendance à se briser en éclats, le port d’un casque et d’une protection pour les yeux est encore plus essentiel.
« Tous les lundis matin, pour la plupart des bûcherons, on doit aller travailler. Donc l’équipement de protection, c’est primordial. Un bon pantalon de sécurité, un casque avec coquilles et visière, et des bottes de protection contre l’impact des chutes, il y en a de tous les prix, mais pour 500 ou 550 $, tu vas avoir quelque chose de bon », conclut Martin Hébert.