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Justin Roy et Martin Côté viennent tout juste de lancer un site d’enchères en ligne afin de faire grimper le prix payé par les acheteurs pour du sirop d’érable. « On vise 4 $ la livre dans le conventionnel et 4,20 $/lb dans le bio », dit M. Roy, administrateur du site assogama.com.
Le principe est simple : les producteurs inscrivent les volumes qu’ils désirent soumettre aux enchères et les organisateurs mettront les lots de sirop en vente au plus offrant le 1er mai. L’idée est de profiter du concept de rareté du sirop pour forcer les acheteurs à augmenter la mise. « Plusieurs producteurs ont déjà embarqué avec nous. La réponse est bonne. Nous avons presque 1,5 million de livres d’inscrites », dit fièrement Justin Roy. Des frais de 0,05 $/lb seront chargés aux producteurs. Autant les grandes érablières que les petites seront admises. Les organisateurs travaillent aussi à mettre au point un service d’entreposage destiné aux producteurs qui manquent d’espace.
Légal
La directrice générale des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ), Isabelle Lapointe, indique que la mise aux enchères du sirop en vrac des producteurs qui détiennent du contingent est légale. « On a validé que le tout ne contrevenait pas. On n’approuve pas cette façon de faire, mais on ne peut pas l’empêcher. […] C’est légal », atteste-t-elle, spécifiant que ce concept de vente n’est pas souhaitable dans le cadre d’une mise en marché ordonnée telle que celle que se sont donnée les producteurs avec leur plan conjoint. Elle fait remarquer que les acheteurs ont ouvert la porte à ce concept en offrant eux-mêmes une prime pour le sirop.
Les Industries Bernard & Fils confirment à La Terre avoir offert une prime de 0,28 $/lb, payable en quatre versements, sur toutes les classes de sirop, excepté les VR, soit des sirops présentant des saveurs et odeurs désagréables. Cette prime s’est terminée le 31 mars. Du 1er avril jusqu’à la fin des sucres, une prime de 0,10 $/lb est offerte. « Il y a beaucoup de producteurs qui viennent, tu ne croirais pas à ça », dit Yves Bernard. Ce dernier explique que cette stratégie vise à assurer une réserve de sirop à son entreprise.
Un autre gros joueur, Maple Treat, a décidé d’emboîter le pas le 30 mars et d’offrir une prime de 0,10 $/lb pour le sirop biologique et conventionnel. Superviseur aux achats de sirop en vrac, Yan Bouchard mentionne que cette prime est offerte à tous les producteurs, gros ou petits. Elle vise d’une part à les dédommager pour l’augmentation des coûts qu’ils subissent et d’autre part à attirer des producteurs afin de sécuriser l’approvisionnement en sirop de la compagnie. « Avec l’entrepôt [des PPAQ] presque à sec, le modèle [d’approvisionnement] vient de virer. On va s’autosuffire. On va courir sur le terrain pour chercher du sirop. Il y a un petit stress, car on n’a pas une année d’avance », partage M. Bouchard.
Ce dernier reconnaît que certains clients de Maple Treat, des supermarchés par exemple, ont refusé la hausse du coût du sirop. « On se demande si le client va continuer d’acheter. C’est ça, notre crainte », affirme-t-il.