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Les intervenants en forêt privée sont consternés. Le budget de 5 M$ du Programme d’investissement sylvicole est bel et bien passé au hachoir.
« Mais tout le monde est déjà en train de travailler en forêt », déplore le directeur général de la Fédération des producteurs forestiers du Québec, Marc-André Côté. Comme bien d’autres, celui-ci a entendu le ministre des Forêts confirmer que son gouvernement reniait son engagement électoral de maintenir les investissements en forêt privée. Le vendredi 20 juin, Laurent Lessard défendait les crédits de son ministère en commission parlementaire.
« C’est une très, très mauvaise nouvelle », convient à son tour le directeur général du Regroupement des sociétés d’aménagement forestier du Québec (RESAM). Celui-ci mentionne que tous les intervenants en forêt privée se sont préparés en fonction d’un budget total de 33,5 M$ en travaux sylvicoles. Au Rendez-vous national de la forêt en novembre dernier, le gouvernement du Québec s’était engagé à maintenir cette somme durant trois ans. En campagne électorale, le Parti libéral du Québec aujourd’hui au pouvoir promettait par écrit de respecter cet engagement du gouvernement précédent.
« C’est un choc dans le réseau, poursuit Marc Beaudoin. En plus, on apprend cette nouvelle très tard en saison. À la suite du Sommet où on a fait une profession de foi envers la forêt, on s’attendait à devoir être plus efficaces, mais pas à une baisse d’investissements. »
M. Beaudoin ajoute que son organisation n’a pas abdiqué et qu’elle entend soumettre des solutions de rechange au gouvernement; au besoin, récupérer des sommes affectées à la forêt publique, mais non utilisées. Il fait valoir que la forêt privée est plus performante que la forêt publique et que les investissements génèrent plus de retombées dans les communautés rurales. Il estime qu’entre 200 et 240 travailleurs forestiers pourraient être victimes des coupes.
« Souvent, dit-il, ce sont de jeunes travailleurs sur lesquels nous avons investi beaucoup pour les former. Ça n’aide pas l’image de la profession. »
Pascal Audet, président de l’Association des entrepreneurs en travaux sylvicoles du Québec, abonde dans le même sens. Il souligne que les contrats sont déjà signés et que les ouvriers sont présentement à l’œuvre en forêt. De plus, mentionne-t-il, la réduction de budget arrive très tard, tandis que le milieu demande plus de « prévisibilité » depuis des années.
« Les gens sont déjà à l’ouvrage en forêt, affirme-t-il. On fait de la foresterie pour les arbres bien sûr, mais aussi pour notre contrat social envers les communautés. J’aime mieux avoir 6 ou 7 employés décemment payés plutôt que 10 dans la pauvreté qui n’auront pas travaillé assez d’heures pour avoir droit au chômage. Comme employeurs, nous avons un engagement social envers nos ouvriers. »
À la Fédération, on continue de croire que le budget de 33,5 M$ doit être maintenu. On s’interroge d’ailleurs sur le signal envoyé au milieu forestier alors que le nouveau gouvernement annonçait une majoration de 42 M$ des travaux sylvicoles en forêt publique. Rappelons que ce budget était porté à 225 M$, 2 jours à peine après la formation du conseil des ministres.
« Le monde n’a pas arrêté de travailler dans la forêt et les dépenses sont déjà engagées », signale à nouveau Marc-André Côté.