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«J’étais en train de couper un arbre et je l’ai reçu en plein visage. J’ai fait une commotion cérébrale. Le premier mois, il fallait que je reste chez moi quasiment dans le noir. J’ai manqué la fin des sucres. Aussitôt que j’essayais d’aller travailler, la tête me tournait et j’avais mal au cœur. Le deuxième mois, j’ai recommencé à travailler. Je sortais du bois avec la chargeuse, mais il y a des journées où ça revenait, le mal de tête et les étourdissements… Je devais finir plus tôt, je restais chez nous tranquille. Ç’a pris un bon deux mois avant que ça se replace », raconte David Bourdeau, un forestier et acériculteur de Havelock en Montérégie.
Ce dernier a été victime d’un accident en avril dernier; pourtant, il s’agissait d’une opération de routine. Un arbre de bon diamètre était tombé sur ses lignes de transport d’eau d’érable. Il suffisait de le couper pour dégager les tuyaux. Mais par sa position, l’arbre était sous tension. David Bourdeau s’en doutait et l’a tronçonné avec précaution, mais l’arbre est revenu vers lui pour le frapper. « C’est arrivé tellement vite que je n’ai pas pu l’éviter. J’ai été fendu près de la bouche; on voyait mes dents de l’extérieur. Je suis resté assis. Je savais que je faisais une commotion. Une chance que mon père était là pour me ramener, car ça aurait pris du temps pour que je puisse revenir en quatre roues », se remémore-t-il.
Pas un novice
Habitué des travaux en forêt, et détenant une formation en abattage manuel sécuritaire de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), M. Bourdeau n’est pas un novice. En y repensant, il aurait peut-être dû scier davantage le dessus de l’arbre pour diminuer la tension, mais cela n’aurait peut-être rien changé, analyse-t-il. Il était impossible de sécuriser l’arbre avec le grappin de la chargeuse. Il assure cependant que cet accident l’incite maintenant à redoubler de prudence. « C’est plate, mais c’est comme s’il faut toujours un accident pour qu’on comprenne! Un bûcheron, c’est un peu macho. On est tough, on veut gagner du temps, on veut que l’ouvrage avance. Parfois, on prend des risques, et on ne porte pas toujours notre casque », confie le forestier qui vient de s’acheter un nouveau casque et le porte systématiquement, d’autant plus qu’il avait déjà subi une commotion cérébrale en motoneige quelques années plus tôt. Maintenant, un arbre coincé sur un autre arbre, ou mal positionné au sol sur une roche ou une branche, « c’est non! ». « Je n’essaye pas de le scier; j’utilise la chargeuse ou le treuil », recommande-t-il.
Son autre conseil : ne jamais travailler seul. « Le fait d’être deux permet parfois d’éviter un accident; l’autre te dit qu’il couperait l’arbre d’une autre façon. Dans mon cas, cela n’aurait rien changé, car mon père aurait fait la même chose. Mais ensuite, s’il t’arrive quelque chose à la tête et que tu es seul, parfois, tu ne te vois pas, tu as le réflexe de continuer, mais l’autre te conseille d’aller à l’hôpital… »
Cet article a été publié dans l’édition de septembre du magazine Forêts de chez nous