Forêts 8 février 2017

Les clubs, pour des échanges qui rapportent

« Si on fait trois livres de sirop à l’entaille, c’est bon de savoir pourquoi les confrères en font quatre. On s’améliore et ça n’enlève rien à personne, souligne Louise Veilleux. C’est ça, les clubs-conseils. »

Louise Veilleux est propriétaire avec son conjoint de l’entreprise Les sirops Lou-May, à Auclair dans le Bas-Saint-Laurent. À force de travail et de persévérance, le couple compte maintenant tout près de 35 000 entailles en forêt publique. « Nous avons commencé en 1997. Nous sommes partis de zéro; pas de cabane, pas de tubulure et pas de stations de pompage », dit celle pour qui les clubs d’encadrement technique acéricole sont encore aujourd’hui un ingrédient indispensable à la réussite. Selon l’acéricultrice, chaque érablière est différente et les clubs permettent de voir comment chacun innove pour surmonter ses contraintes. Le partage d’informations profite à tous.

« Avant de lancer notre entreprise, nous étions employés chez un acériculteur qui utilisait déjà les services-conseils. Ça nous avait convaincus que c’était un gros plus. C’était donc tout à fait logique de poursuivre dans cette voie quand nous avons démarré et nous ne l’avons jamais regretté », ajoute-t-elle.

Louise Veilleux a suivi plusieurs formations sur l’entaillage qu’elle considère comme la base de la rentabilité. Il

Sylvain Mailloux, conseiller en acériculture, explique les principes de base de l’entaillage. Il est convaincu que, malgré les différences d’approches entre les clubs, la création d’une association de conseillers serait bénéfique pour tout le secteur. Crédit photo : Marc-Alain Soucy
Sylvain Mailloux, conseiller en acériculture, explique les principes de base de l’entaillage. Il est convaincu que, malgré les différences d’approches entre les clubs, la création d’une association de conseillers serait bénéfique pour tout le secteur. Crédit photo : Marc-Alain Soucy

en va de même pour la détection des fuites, la cuisson du sirop qu’il faut maîtriser pour atteindre les degrés Brix optimaux, et plusieurs autres étapes de production. Les sujets ne manquent pas. Le chemin est parsemé d’embûches de l’entaillage à la mise en marché. « En acériculture, c’est un tas de petits détails qui font la différence entre la rentabilité et la perte de revenus », estime celle qui n’hésite pas à initier ses bons employés aux formations du Club d’encadrement technique en acériculture de l’Est.

De plus, elle apprécie la disponibilité de son conseiller Jacques Boucher, qui peut se rendre sur place et poser des diagnostics sur le fonctionnement de son érablière. « Nous aimons connaître nos faiblesses », dit-elle. En ce qui concerne la qualité du produit, l’acéricultrice trouve profitable la possibilité qu’offre le Club de faire calibrer ses équipements, notamment les densimètres, les réfractomètres et les hydrothermes.

Selon Louise Veilleux, les formations collectives, les visites d’entreprises de la région et même de l’extérieur sont toujours profitables. « Ce sont aussi de belles occasions d’échanger entre acériculteurs et de se faire des amis », conclut-elle.

Montérégie-Ouest

À l’autre bout de la province, le magazine Forêt a rencontré une vingtaine de participants à une journée de formation sur l’entaillage donnée par le conseiller Sylvain Mailloux, à Havelock. Il y avait dans la salle des jeunes de la relève qui démarraient en acériculture et des acériculteurs bien établis qui ont tous apprécié les talents de vulgarisateur de leur conseiller, tout comme son sens de l’humour. Étant donné que la formation se tenait à la cabane à sucre L’Hermine, il a été possible de mettre en pratique sur le terrain la théorie donnée durant le cours. Chacun a pu entailler, poser des chalumeaux et installer des chutes d’eau, selon la bonne méthode, bien sûr!

Jean-Christophe Ouimet et Valérie Beaulieu ont participé à la formation sur l’entaillage à la cabane à sucre L’Hermine à Havelock, le 7 janvier. Ils aiment particulièrement échanger avec d’autres acériculteurs. Crédit photo : Marc-Alain Soucy
Jean-Christophe Ouimet et Valérie Beaulieu ont participé à la formation sur l’entaillage à la cabane à sucre L’Hermine à Havelock, le 7 janvier. Ils aiment particulièrement échanger avec d’autres acériculteurs. Crédit photo : Marc-Alain Soucy

Jean-Christophe Ouimet, 23 ans, s’est dit emballé par ce qu’il a appris au cours de cette journée. Ce jeune de la relève fait partie de la troisième génération établie à la Ferme J.C.S. Ouimet, qui compte 30 000 entailles, à Franklin. L’exploitation est en transition vers le bio. L’entreprise familiale a également 120 vaches en lactation et possède près de 600 acres en grandes cultures. Comme il n’a pas reçu de formation générale en acériculture, Jean-Christophe reconnaît la valeur de ce qu’il a appris. « Je pensais que je savais comment entailler, mais aujourd’hui, j’ai découvert de nouveaux trucs. Je suis content », dit-il.

« Dans notre érablière, nous avons grandement amélioré notre tubulure, diminué les fuites et le nombre d’entailles sur nos gros érables; nous les avons mieux réparties autour des arbres pour réduire la compartimentation. Mon père a toujours été ouvert aux nouvelles idées », a-t-il confié à Forêt.

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Le jeune acériculteur a développé son esprit critique relativement à son métier et il apprécie les contacts avec ses pairs, ce qui, selon lui, remet en question certaines mauvaises habitudes qui seraient faciles à prendre si l’on ne sortait pas de sa cabane. « J’ai tellement aimé ma journée que je me suis inscrit à la prochaine formation. Cette fois, ce sera sur l’osmose », lance Jean-Christophe.

Relève féminine

Valérie Beaulieu, seule femme présente à cette formation, se réjouit à l’idée d’aller voir l’entreprise de Jean-Christophe. Grâce à l’interaction entre les participants, ce genre de partage d’informations et de visites est rendu possible.

« J’ai 6 000 entailles. L’acériculture est un à-côté pour moi. Je travaille comme cariste pour des maraîchers en été et dans des serres au printemps », dit-elle. La copropriétaire de l’Érablière Beaulieu et Filles à Saint-Urbain-Premier et jeune mère de jumelles de deux ans a obtenu un diplôme d’études professionnelles en acériculture en 2011 à la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands, à Beauharnois. « Pour moi, les services-conseils en acériculture, c’est avant tout une façon de combattre l’isolement, de me remettre à niveau et de répondre à mes préoccupations sur l’érablière. Je m’intéresse particulièrement aux problèmes de compartimentation. Je veux que nos arbres soient sains. Je n’aime pas abattre des érables à sucre », conclut-elle.