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Pour tirer leur épingle du jeu, les producteurs forestiers ont maintenant besoin de bien plus que des lames bien affûtées. Une connaissance des récentes nouveautés technologiques, des sites Web incontournables et des dernières recherches dans l’industrie ont aussi leur place dans un coffre à outils. Petite incursion dans la forêt numérique…
Lancée en septembre 2016, PrixBois.ca est une application permettant aux producteurs forestiers de trouver les acheteurs offrant le meilleur prix pour leur bois. « C’est un outil indispensable que tous les propriétaires forestiers devraient connaître », lance Vincent Bouvet, économiste à la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ).
Simple d’utilisation, l’application affiche des cases à compléter comme l’adresse où se trouve le bois, l’essence des arbres abattus, la longueur et le diamètre minimal des billes, le volume de bois et la classe de qualité (paillis, bardeaux, sciage, déroulage, biomasse, etc.).
Lorsqu’on lance une recherche, PrixBois.ca affiche une liste d’acheteurs par ordre décroissant, c’est-à-dire des meilleures offres aux moins avantageuses.
Puisque la majorité des industriels affichent un prix pour du bois livré à l’usine, le logiciel estime automatiquement les différents coûts de transport, puis les retranche aux prix offerts afin de permettre aux producteurs de choisir la destination la plus lucrative pour leur production.
Les producteurs peuvent même modifier les variables de coût de transport à leur gré, comme les tarifs horaires de transport ou de chargement, les différentes périodes d’attente ou même les vitesses moyennes de déplacement.
Lorsqu’un acheteur modifie sa liste de prix, le syndicat forestier de son territoire fait l’ajustement sur PrixBois.ca. « Chacun des 13 syndicats a une personne responsable dans son équipe pour faire la mise à jour rapidement », souligne Vincent Bouvet.
De l’avis de l’économiste forestier, le site est très apprécié des utilisateurs. Une section est réservée pour laisser des commentaires. « On en reçoit régulièrement. On monte une banque de suggestions et quand ça commence à s’étoffer, on s’assoit avec nos développeurs pour l’améliorer davantage. »
Il est important de noter que cette application, conçue par Nmedia de Drummondville, est un outil d’aide à la décision et non une plateforme transactionnelle.
FPInnovations et la tordeuse
Par leur flexibilité de déploiement, les drones sont devenus des outils essentiels de la transformation numérique du secteur forestier. Dans ses travaux portant sur la tordeuse des bourgeons de l’épinette (tordeuse), FPInnovations développe présentement un modèle de prédiction de la dégradation des tiges engendrée par la tordeuse.
À l’aide d’un drone survolant une zone affectée, mais prête à la récolte, une cartographie de la vigueur des tiges est produite. L’image comprend un faisceau de couleurs qui vient indiquer l’état de dégradation de chaque arbre. Ces informations géoréférencées sont ensuite transmises aux opérateurs qui peuvent ainsi éviter les zones improductives.
« Des gains sont donc attendus de la réduction des déplacements inutiles, souligne Jean-François Gaudreau, chercheur senior chez FPInnovations. Cette réduction se traduit par des économies au niveau des déplacements et du débroussaillage, deux activités coûteuses du cycle d’abattage (autour de 0,40 à 0,75 $/m³) dépendamment de la variabilité de la vigueur des tiges au sein d’un peuplement tordeuse. »
L’ingénieur forestier précise que les recherches de FPInnovations ne visent pas à dresser un inventaire ni à mesurer l’ampleur des dommages de la tordeuse sur les forêts québécoises (foretprivee.sigmont.org). « Ce mandat est encore assuré par les relevés aériens traditionnels ou les images satellitaires du ministère, mais une fois que nous savons qu’une zone est touchée, nous pouvons intervenir avec notre modèle de prédiction de la dégradation de la vigueur des tiges », conclut Jean-François Gaudreau, qui croit que cette application sera offerte à l’industrie incessamment.
L’indispensable carte des milieux humides
La carte des milieux humides potentiels du Québec est une référence indispensable pour les propriétaires de boisés puisqu’elle permet de mieux planifier les activités forestières lorsqu’il y a présence de milieux humides et hydriques dans les zones d’activités ciblées.
« Par exemple, lors de la planification des activités d’aménagement forestier comme les chemins et la récolte, la consultation de cette cartographie constitue l’une des étapes essentielles pour déterminer s’il y a présence ou absence de milieux humides potentiels sur le site visé et pour appliquer les mesures nécessaires le cas échéant », explique Caroline Cloutier, de la Direction des communications au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).
Une consultation de la carte permettra ainsi de déterminer si les travaux prévus bénéficient d’une exemption ou d’une déclaration de conformité ou si, au contraire, ils nécessitent une autorisation ministérielle. La majorité des opérations courantes des propriétaires de boisés privés sont encadrées par des exemptions lorsque le risque est négligeable ou par des déclarations de conformité lorsque le risque est faible. C’est le Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE) qui indique quel niveau de risque est associé à chaque activité.
Le MELCC a récemment créé une page sur son site Web à propos des activités d’aménagement forestier en milieux humides et hydriques en terres privées. La Fédération des producteurs forestiers du Québec aborde également cet aspect sur son site Web.
Forêt ouverte
Depuis son déploiement en juin 2016, la carte interactive des données écoforestières Forêt ouverte (foretouverte.gouv.qc.ca) ne cesse de gagner des adeptes grâce à la convivialité de son interface et à ses nombreuses fonctionnalités. La Direction des inventaires forestiers (DIF) du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a d’ailleurs remporté en septembre dernier le Prix canadien des données ouvertes lors du Sommet canadien des données ouvertes qui se tenait à Montréal.
« Plusieurs types d’utilisateurs se rendent sur le site, mentionne Mélanie Major, coordonnatrice de la carte interactive à la DIF. Des chercheurs à l’international, des chasseurs qui font de la prospection et bien sûr des propriétaires forestiers qui veulent connaître la hauteur des arbres de leur boisé, sa densité, la répartition des essences, etc. »
« Beaucoup d’efforts ont été mis pour optimiser l’expérience client », ajoute l’ingénieure forestière. Offerte gratuitement, Forêt ouverte permet bien sûr de visualiser des territoires, mais aussi d’interroger et de télécharger plusieurs données. « La résolution de nos photos aériennes s’est beaucoup améliorée depuis 2018. On peut zoomer et voir presque chaque arbre individuellement », indique Mélanie Major.
Parmi les applications de la carte interactive, les produits dérivés du LiDAR sont très populaires. « C’est une technologie de télédétection au laser qui pénètre le couvert forestier. Ça permet de connaître la hauteur précise des arbres et la topographie du terrain au mètre près. On peut même découvrir d’anciens chemins forestiers qui ont été revégétalisés au fil du temps. Il y a au-delà de 600 couches d’information qu’on peut ajouter. »
Les données de la carte interactive sont mises à jour une fois par année, en juin ou juillet, tandis que celles associées à LiDAR sont renouvelées en décembre ou janvier. « Par contre, on améliore l’ergonomie de notre interface quatre ou cinq fois par année pour y ajouter des fonctionnalités », ajoute Mélanie Major.
Cet article est paru dans l’édition de Forêts de chez nous publié le 2 février 2022