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SAINTE-THÈCLE — Au cours des cinq dernières décennies, le producteur acéricole Angelo Trépanier a été maintes fois honoré pour son engagement dans le développement de l’industrie de l’érable, sa quête d’innovation, ses efforts en matière d’aménagement forestier et son partage de connaissances.
Couronné de plusieurs distinctions, il aurait pu se la couler douce et profiter d’une retraite dorée loin de la production acéricole en admirant sa collection de 500 scies à chaîne. Il a bien essayé. Il a même cédé son érablière de 12 000 entailles à son fils, qui l’a portée à 30 000 entailles et l’a vendue.
« J’allais donner un coup de main aux nouveaux propriétaires, mais ce n’était pas à moi », raconte M. Trépanier.
Or, après deux ans, il craque. Il acquiert une petite forêt à la limite de Sainte-Thècle et de Saint-Tite en Mauricie et s’emploie à aménager une nouvelle érablière.
« Après huit ans, c’est encore une jeune érablière de 800 entailles, mais elle donne un bon rendement », explique M. Trépanier, qui a le sirop dans le sang, même à 80 printemps.
Son épouse Anita Saint-Amant savoure, elle aussi, ce retour dans le monde de l’érable; surtout dans la cuisine de la nouvelle Érablière chez Anita et Angelo. L’heureux couple, partenaire dans la vie depuis 60 ans, baigne donc à nouveau dans le sirop.
Une carrière exceptionnelle
C’est cet attachement à la forêt et le soin qu’il accorde à ses érables qui ont valu à M. Trépanier, l’an dernier, le prix hommage Gilles-Gauvreau, qui souligne une carrière de plus de 50 ans et une contribution exceptionnelle au développement de l’industrie acéricole du Québec.
M. Trépanier a vécu tous les grands moments de l’industrie acéricole québécoise, de sa naissance à la conquête des marchés internationaux. Il ne s’est d’ailleurs pas contenté de regarder passer le train du développement et de la croissance. Il y a sauté à pieds joints!
Au début des années 1980, il a participé à la création du Syndicat des producteurs acéricoles de la Mauricie, puis a siégé au conseil d’administration de la coopérative Citadelle pendant 17 ans. « J’ai toujours aimé m’impliquer. Ça me permettait de m’informer et de mieux comprendre ce qui se passait. »
Il a participé à cette croissance comme ardent promoteur de la recherche de qualité en production acéricole et a prôné les efforts de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec en matière d’inspection et d’assurance qualité des produits.
Sa contribution à l’industrie naissante s’est parfois exprimée de façon inattendue… À l’époque où il siégeait à la défunte Association des restaurateurs des cabanes à sucre du Québec, il a, par exemple, été l’un des instigateurs du pictogramme qui annonce les cabanes à sucre en bordure des routes. De plus, durant la même période, il a participé comme formateur à la diffusion des connaissances auprès des producteurs.
« C’était une bonne façon de développer notre industrie, dit-il. Je me suis rendu compte que j’aimais transmettre mes connaissances et voir que ça permettait aux producteurs de travailler plus efficacement. Au fil des années, j’ai constaté que leurs connaissances s’amélioraient. »
Il estime qu’en 27 ans, il a donné 4 000 heures de formation sur la qualité et la transformation à des producteurs de la Mauricie, de Portneuf, de Lanaudière et du Centre-du-Québec.
Pas étonnant donc qu’il ait décroché le titre de Maître sucrier à quatre reprises. C’est sans compter ses efforts constants en matière d’aménagement forestier, qui visaient à optimiser les rendements de son érablière et qui lui ont valu le Mérite forestier dans la région.
De bien modestes débuts
En dépit des années qui ont passé, M. Trépanier n’oubliera jamais ses débuts dans le métier. À l’âge de cinq ans, le petit homme posait ses premiers chalumeaux sur les 25 érables de la maison familiale de Saint-Méthode, en Beauce.
Plus tard, il a élu domicile dans la région de Sainte-Thècle, en Mauricie, pour travailler dans les chantiers forestiers comme bûcheron puis comme contremaître. C’est là qu’il a aménagé avec Anita sa première érablière, Aux mille érables, et que la véritable aventure a commencé.
« Au début des années 1960, c’était encore l’époque de la récolte de l’eau d’érable avec le tonneau tiré par un cheval. On en a fait, du chemin, depuis ce temps-là! »
Le vénérable acériculteur avoue sa fierté de constater tout le chemin parcouru par l’industrie acéricole du Québec. « Il ne faut pas revenir en arrière, lance-t-il. L’industrie s’est organisée, s’est développée, a percé les marchés internationaux grâce à la qualité de ses produits et à la constance de l’approvisionnement. Ce n’est pas rien! Notre acériculture ne serait pas rendue où elle est maintenant sans une régulation du marché. »
Même s’il apprécie ses souvenirs et ses nombreuses réussites, Angelo Trépanier regarde droit en avant!
Cet article est paru dans l’édition de mai 2018 du magazine Forêts de chez nous.