Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Forte de l’inauguration récente d’une nouvelle usine de 100 000 pi2 à Drummondville, dans le Centre-du-Québec, l’entreprise Entosystem mise maintenant sur la sélection génétique des mouches pour rehausser d’un cran la productivité de son cheptel.
Catherine Bolduc, responsable de la recherche et du développement chez Entosystem, précise que jusqu’ici, les mouches soldats noires de l’entreprise spécialisée dans la production d’insectes destinés à l’alimentation animale ont été sélectionnées en fonction de leur capacité à se mouler au cadre de production industrielle, qui leur impose, par exemple, une reproduction sous des lumières artificielles. « L’attention n’a donc encore jamais été mise sur la sélection de certains traits spécifiques chez les individus, précise-t-elle. Or, l’entreprise est toutefois arrivée à cette étape. Un défi qui n’est pas si facile à relever, compte tenu des spécificités des mouches, comme leur vitesse de reproduction et leur courte durée de vie », énumère la biologiste de formation.
Projet de recherche en cours
Depuis bientôt un an, l’entreprise participe à un projet de recherche en collaboration avec l’Université Laval et l’organisme Génome Québec, spécialisée dans la recherche génomique, pour développer une plateforme d’amélioration génétique de la mouche soldat noire, l’une des espèces les plus élevées aux Québec.
Trois traits seront particulièrement ciblés pour améliorer les lignées : la taille corporelle, la vitesse de reproduction et le taux de conversion des larves, c’est-à-dire leur rapidité à engloutir la nourriture qui leur est servie. « Cette plateforme nous aidera, dans une première étape, à établir une sorte de pedigree avec un ensemble de statistiques qui permettront d’identifier les parents les plus probables des meilleurs spécimens. La deuxième étape sera de faire la sélection des traits spécifiques parmi les larves », résume Mme Bolduc.
Le projet, qui se terminera en juin 2024, a obtenu une aide de près de 300 000 $ du Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies.
Huit générations en un an
En une seule année, environ huit générations de mouches soldats noires se succèdent. Ce qui, en un sens, représente un certain avantage en matière de génétique, « puisque les résultats d’une sélection de traits peuvent s’observer très rapidement, soit en environ deux ans et demi, alors qu’il faut parfois toute une carrière de chercheur avant de voir les résultats du côté de la production porcine, par exemple », illustre Catherine Bolduc.
En revanche, il est beaucoup plus difficile d’avoir un catalogue des meilleurs reproducteurs comme on peut le faire avec les bœufs, signale-t-elle. « Le cycle de vie de la mouche soldat noire, à partir de son état larvaire, est de 30 à 40 jours. Mais sa vie de mouche n’est que de sept jours, pendant lesquels elle se reproduit une ou deux fois. Ça va tellement vite que c’est difficile de repérer les parents des larves. »
Malgré tout, la recherche génétique dans le monde des insectes n’en est pas à ses balbutiements, affirme-t-elle. Les études qui ont été menées sur les abeilles mellifères ou encore sur les mouches drosophiles pourraient leur servir d’inspiration pour faire leur sélection.