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L’ASSOMPTION – On pourra bientôt produire des crevettes et des algues « superaliment » dans un même système d’aquaponie circulaire au Québec, assure François Richard, directeur du développement de LumenAlgae.
Fonctionnant en circuit fermé, cette technologie permet aux microalgues de chlorelle, un superaliment qu’on retrouve notamment dans les breuvages de suppléments nutritionnels, de se nourrir des déjections et des carcasses de crevettes et du coup, de nettoyer l’eau d’élevage. Qui plus est, le système fonctionne en circuit fermé et n’engendre aucun rejet d’eau dans l’environnement.
Ce système est même déjà en opération depuis plusieurs années en Chine.
Le démarrage de l’entreprise par François Richard et Jun Zhao, un Québécois d’origine chinoise, remonte à plusieurs années, alors que les deux acolytes implantaient en Chine des usines de production de laitue en hydroponie, à la fin des années 1990. Il y a une dizaine d’années, c’est la fille de Jun Zhao, Sandy Shuo Zhao, qui a fourni la clé de voûte de leur prochain développement. « Elle est étudiante au doctorat en chimie alimentaire à l’Université de Montréal. Elle a développé, grâce à la sélection génétique, une variété de chlorelle qui pourrait se nourrir des résidus de l’élevage de crevettes. Notre système repose sur cette codépendance entre les deux. » Il n’en fallait pas plus pour que les deux hommes déploient ce type d’installations en Chine, où l’on retrouve maintenant trois usines du genre.
Avec les changements climatiques, les perspectives de développement pour l’entreprise sont prometteuses. « Avec toutes les pénuries de poisson qu’on connaît dans le monde, cette technologie offre une alternative intéressante, dit François Richard. On l’a même vécu à Matane cet été, où la pêche aux crevettes a été suspendue. La portion des résidus des crevettes non digérée par les algues peut aussi être vendue comme engrais aux agriculteurs. On peut produire d’autres poissons également. »
L’entreprise a désormais l’intention d’installer ses pénates au Québec, par la voie de la Zone Agtech, où un site lui est réservé pour développer une usine de démonstration. Subsiste toutefois un enjeu réglementaire avec le ministère de l’Environnement. « Notre production est non polluante, mais ce n’est pas reconnu comme tel. On n’entre pas dans les modèles actuels », dit François Richard.
L’un des premiers sites que considère LumenAlgae est Matane. « Il y a des infrastructures là-bas et ça aiderait les gens qui perdent leur emploi avec la rareté de la ressource », dit François Richard. Après Matane, ce sera le monde, où l’on compte ouvrir plusieurs usines. « L’Afrique est particulièrement intéressée à cause du peu de ressources en eau que le système exige. »