Une pétition de 808 signatures, récoltées sur le site change.org, dénonce le déclin de la production bovine de boucherie et les difficultés occasionnées par le contexte inflationniste, notamment dans la production de vaches-veaux. « [Il y a]même de la détresse chez certains producteurs », a mentionné le président des Producteurs de bovins du Québec (PBQ), Jean Thomas Maltais, aux éleveurs réunis en assemblée générale annuelle (AGA), le 29 mars. 

« Cette pétition-là a été amenée parce que dans le bœuf, il manque de revenus », a précisé au micro le producteur laitier Luc Turmel, de Chaudière-Appalaches. La pétition, écrite sous forme de résolution, indique que le cheptel de vaches de boucherie (vaches-veaux) a connu une diminution de 27,6 % entre 2012 et 2022. Durant la même décennie, le nombre de bouvillons a chuté de 52,9 %. 

La rentabilité des entreprises bovines était déjà fragile depuis plusieurs années, mais en raison de l’inflation et de la hausse de plus de 4 % des taux d’intérêt dans la dernière année, la rentabilité est « très difficile, voire impossible à atteindre », lit-on dans le document. Plusieurs producteurs songeraient d’ailleurs à réorienter leur entreprise.

Signée lors des assemblées régionales en février, la pétition n’a toutefois pas été intégrée aux résolutions de l’assemblée provinciale, votées le 29 mars. Dès qu’il a eu connaissance de l’existence de cette pétition provenant des régions, Jean-Thomas Maltais en a parlé au conseil général de l’Union des producteurs agricoles (UPA). « On ne pouvait pas attendre l’AGA vu l’urgence des enjeux, et des chantiers sont déjà en cours », a-t-il indiqué.

En assemblée, le président de l’UPA, Martin Caron, a effectivement signifié aux éleveurs bovins qu’il avait entendu leurs demandes. Les résultats d’un récent sondage réalisé par l’UPA auprès de 3 675 producteurs ont révélé que le secteur des productions animales était l’un des plus touchés par la hausse du coût des intrants et des taux d’intérêt. « Vous autres dans la salle, si vous trouvez que vos marges ont diminué et que ça arrive plus serré, c’est normal, parce que dans le sondage, c’est vous autres qui êtes [ressortis] », a-t-il indiqué. Les détails du sondage seront toutefois dévoilés en conférence de presse le 12 avril prochain.

Le président souligne également que 40 % des producteurs renouvelleront leurs prêts en 2023 après huit hausses consécutives de taux d’intérêt. « C’est du jamais vu. Quand des affaires exceptionnelles arrivent, ça va prendre des programmes exceptionnels », a-t-il affirmé. La pétition réclame justement de mettre en place rapidement des mesures spéciales pour limiter le coût des emprunts et pallier la hausse des coûts de production afin que les entreprises puissent dégager des liquidités et traverser la crise. 

Améliorer l’ASRA

La pétition-résolution demande aussi à l’UPA d’aider à améliorer le programme d’assurance-stabilisation des revenus agricoles (ASRA). Selon les PBQ, l’actualisation de la rémunération de l’exploitant serait une avenue prometteuse pour épauler les producteurs sous ASRA.