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La production québécoise de viande de bœuf suffirait à couvrir seulement 29 % des besoins de la population de la province. Les Producteurs de bovins du Québec (PBQ) veulent accroître cette proportion et lanceront prochainement une certification Bœuf du Québec.
Le président des PBQ, Jean-Thomas Maltais, souhaite que cette certification stimule la demande pour le bœuf élevé au Québec de la part tant des consommateurs que des abattoirs locaux. « On espère que les abattoirs [qui vendent leur viande au Québec] vont acheter les animaux du Québec en premier. Si ça pouvait créer assez de demandes et nous donner une plus-value, tout le monde serait content », dit-il, ajoutant que la certification se verra aussi confier le rôle de gardienne de l’identité québécoise de la viande. « On veut s’assurer que les distributeurs, ceux qui font une grosse publicité avec le bœuf québécois, achètent bel et bien du bœuf du Québec… »
La certification misera sur un cahier des charges qui, sans être définitif, pourrait exiger que 100 % des animaux soient achetés au Québec et qu’au moins 85 % d’entre eux soient nés au Québec. Elle miserait sur le système de traçabilité déjà en place, ce qui n’ajouterait pas de formulaires bureaucratiques aux producteurs.
L’éleveur de bouvillons Vincent Ricard, de Saint-Alexis, dans Lanaudière, voit cette certification d’un bon œil. « Faire valoir le bœuf du Québec au Québec, c’est gratifiant pour nous et c’est important, car c’est bon pour l’acceptabilité sociale, et si nous avons plus d’animaux vendus ici, ils voyageront moins [pour se faire abattre], ce qui fera moins de gaz à effet de serre. À savoir s’il nous en restera plus dans les poches, on espère que oui! »
Des réactions mitigées
Deux acheteurs contactés par La Terre se sont montrés moins emballés par la certification, à commencer par Jean-Sébastien Gascon, directeur général d’une marque privée qui se nomme… Bœuf Québec. « Je ne fais pas partie des convaincus [de la nécessité de la nouvelle certification Bœuf du Québec]. Je crois que le travail se faisait déjà avec Aliments du Québec », affirme-t-il. Fabien Fontaine, de Délimax-Montpak, émet aussi des réserves. « On est un peu ambivalents. Il y a le Panier bleu, Aliments du Québec, nous avons nos propres marques Montpack, Famille Fontaine; ça fait beaucoup de choses. Il faut que le consommateur s’y retrouve. Et pour lancer ça [la nouvelle certification Bœuf du Québec], il va falloir beaucoup d’investissement et beaucoup de marketing. » M. Fontaine se questionne ainsi sur le financement de la certification Bœuf du Québec, à savoir si la filière bovine et le consommateur seront en mesure de soutenir les coûts de cette certification additionnelle.
Chez Viande Richelieu, le directeur, Tony Moura, ne se dit pas contre la certification. Il s’attarde sur l’importance de travailler en filière, les éleveurs avec les acheteurs, et non chacun de son côté. Lui qui abat environ 360 bœufs par semaine mentionne à cet égard qu’il lui est déjà arrivé de manquer de bœufs du Québec, car les éleveurs québécois ont préféré vendre à Cargill, qui leur donnait un peu plus.