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La certification Veau de grain du Québec certifié (VGQC) est une condition de mise en marché dans la province, et tous les producteurs de veaux de grain (pouponnière et finition) sont certifiés. Les producteurs de bovins de boucherie peuvent quant à eux adhérer au programme Verified Beef Production + (VBP+) sur une base volontaire. Si les éleveurs occupent l’avant-plan dans la proposition d’un produit de meilleure qualité, les abattoirs et transformateurs représentent un maillon vital dans la distribution et la mise en marché de la viande provenant d’entreprises certifiées.
« VBP+ et VGQC sont à la base des programmes de salubrité des aliments qui visent à contrôler les risques d’éléments chimiques, par exemple les médicaments et leurs périodes de retrait, ou physiques, comme des corps étrangers, dans la viande », expose d’entrée de jeu l’agronome Catherine Larivée-Bazinet, agente responsable de ces deux programmes de qualité chez Les Producteurs de bovins du Québec. « La certification VGQC ajoute 18 exigences supplémentaires au programme canadien Veau vérifié. Ces exigences sont propres aux attentes de qualité du Québec », précise l’agronome. Outre les critères spécifiques à l’alimentation, l’interdiction d’administrer toute hormone de croissance et une liste de substances et de médicaments interdits, le programme VGQC établit des standards pour la carcasse en matière de classement de la viande.
Vers une production 100 % certifiée?
Selon Catherine Larivée-Bazinet, ces critères de qualité qui contribuent potentiellement à ouvrir les portes de nouveaux marchés et à rassurer les consommateurs comportent aussi d’autres avantages pour les producteurs. « Beaucoup de producteurs nous disent que l’uniformité et la structure du programme aident au suivi de leurs coûts de production », rapporte l’agronome.
Pour elle, ce souci de rentabilité, de transparence et d’ouverture face aux préoccupations du public explique en partie la performance de la province en matière de certification. « Le Québec, qui fournit 4 % du bœuf produit au pays, est la troisième province, après l’Alberta et la Saskatchewan, pour le nombre de producteurs certifiés VBP+. Nous avons 158 producteurs VBP+, soit 12 % de la totalité des producteurs de bœuf québécois, vache-veau et bouvillon confondus », note Mme Larivée-Bazinet. « En production vache-veau, on observe une augmentation de 15 % de têtes provenant d’entreprises certifiées de 2022 à 2023, comparativement à 5 % pour le bouvillon. Cette faible majoration est due au fait que plus de 50 % des producteurs sont déjà certifiés ou en voie de l’être », estime l’agronome, anticipant que la majorité des producteurs de bouvillons pourraient être certifiés d’ici le début de 2025.
Un produit recherché
Dans un contexte où la demande excède l’offre, la perspective d’une croissance rapide de l’approvisionnement pourrait consolider l’engagement déjà exprimé par les acheteurs. « L’attention portée au bœuf durable ne fera que croître. Nous devons faire entendre la voix de l’industrie et renforcer la confiance des consommateurs », a commenté Tanya Thompson, responsable de l’engagement des clients au Programme canadien de bœuf certifié durable chez Cargill. Lors d’une conférence présentée par Les Producteurs de bovins du Québec, Mme Thompson a dressé un portrait des perspectives du marché. « McDonald’s, Loblaws et Walmart font partie des acheteurs connus dont le marketing bœuf durable est bien visible. Gordon Food Service, qui possède deux centres de distribution au Québec, a aussi certifié l’ensemble de sa marque privée aux normes de la TRCBD », a indiqué Mme Thompson, précisant que l’entreprise distribue ses produits à des restaurants indépendants, à des hôpitaux et à des écoles dans tout le pays.
Devant l’historique et la prévision de la demande observés chez Cargill, la garantie d’approvisionnement constitue un facteur crucial, selon elle.
De plus en plus d’exigences pour les transformateurs
Cet intérêt pour une viande à valeur ajoutée qui se confirme dans tous les secteurs soumet les transformateurs à une multitude d’impératifs. « Il est clair que les grands joueurs des chaînes alimentaires ont des exigences grandissantes envers leurs fournisseurs. Le bien-être animal est toujours un élément prédominant et des audits sont réalisés chaque année. Il s’agit pour eux de s’assurer du bien-être des animaux, mais également de vérifier que l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement respecte des critères spécifiques qui répondent aux attentes sociétales », explique Alexandre Fontaine, président de Montpak International. Grâce à plusieurs partenariats à l’échelle nationale et internationale, dont avec le Groupe Délimax, l’entreprise représente aujourd’hui le plus important transformateur de veau et d’agneau en Amérique du Nord. « Depuis deux ans, on reçoit un nombre croissant de demandes concernant le bien-être animal, mais aussi la gestion des ressources naturelles. Notre politique d’approvisionnement responsable nous est également demandée pour que tous s’assurent que nos différents fournisseurs respectent les lois, les droits de la personne, le bien-être animal, l’environnement, etc. Il est de notre devoir de s’assurer, tant à l’interne qu’à l’externe, que nous sommes une organisation responsable et que nous influençons positivement les meilleures pratiques », témoigne l’entrepreneur.
Chez Groupe Délimax, l’agronome Vincent Couture voit les différentes certifications disponibles pour les producteurs bovins comme une occasion pour eux de répondre à des préoccupations grandissantes chez les acheteurs. « Avec ces certifications, les producteurs peuvent évaluer leurs pratiques agricoles actuelles, voir s’il est possible d’améliorer certaines activités de leurs exploitations et surtout, se préparer à ce qui risque fortement d’être la norme dans quelques années », affirme-t-il. « Les audits réalisés à la ferme cherchent à mesurer le bien-être animal, mais aussi la gestion de l’eau, la fertilisation, la biodiversité, l’adaptation aux changements climatiques, etc. », soutient l’agronome, ajoutant que ces éléments seront de plus en plus demandés aux producteurs par divers groupes d’intérêts.
Des incitatifs pour se certifier
Au Québec, Les Producteurs de bovins du Québec forment les producteurs qui veulent adhérer au programme VBP+. L’association supervise les services d’audits et le renouvellement de la certification, et assure la traçabilité des animaux vivants pour la chaîne de valeur bœuf durable d’abattoirs engagés dans ce marché. Ainsi, la certification VBP+ rend les animaux admissibles à la chaîne de valeur bœuf durable. Une entreprise commerciale certifiée bœuf durable peut utiliser le logo sur ses produits, moyennant des frais et des critères spécifiques. « Pour se démarquer, il faut augmenter le volume d’animaux de fermes certifiées. Ainsi, les producteurs contribueront aux démarches des abattoirs et des transformateurs pour favoriser les maillages avec des clients et accroître les ventes de bœuf durable », résume Catherine Larivée-Bazinet.
Rappelons qu’en début d’année, la TRCBD s’est associée à Cargill, une des entreprises participant au marché de bœuf durable, pour offrir jusqu’à 400 $ aux producteurs qui maintiennent leur certification. Ce crédit vise à indemniser les producteurs canadiens qui ont fait l’investissement initial pour obtenir la certification, mais qui n’ont pas reçu au moins 400 $ en retour financier pour les bovins admissibles transformés en 2022. Cargill remet également une reconnaissance actuellement évaluée à 20 $ par tête de bovin durable aux producteurs de bouvillon et de vache-veau VBP+ dont le bétail se qualifie sur sa chaîne de contrôle entièrement vérifiée tout au long de sa vie, puis est transformé dans ses installations.
La TRCBD, un rôle déterminant
La Table ronde canadienne sur le bœuf durable (TRCBD) est composée d’acteurs de toute la chaîne d’approvisionnement, et d’organisations gouvernementales et non gouvernementales. Elle établit le cadre de certification du bœuf durable sur toute la chaîne de production, de la ferme à l’abattoir et à travers l’ensemble du processus de transformation. Guidée par des principes directeurs axés sur les ressources naturelles, la communauté, la santé et le bien-être animalier, l’alimentation, l’efficacité et l’innovation, la TRCBD vise à promouvoir un produit socialement responsable, respectueux de l’environnement et économiquement viable.