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Depuis février dernier, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) autorise l’utilisation du 3-NOP, un additif alimentaire destiné à réduire la production de méthane par les bovins. Mais si la solution s’avérait intéressante pour l’industrie, qui en assumerait les coûts?
Distribué au Canada par Elanco sous la marque Bovaer et autorisé dans une soixantaine de pays, dont récemment aux États-Unis, l’inhibiteur offert en poudre permet de réduire de 45 % la production de méthane pour les bovins de boucherie et de 30 % pour les vaches laitières, selon son fabricant, DSM-Firmenich, une multinationale suisse néerlandaise.
Des rendements alléchants pour les Producteurs de bœuf du Québec, qui souscrivent à l’objectif de la CRSB (Canadian Roundtable for Sustainable Beef) de réduire l’intensité des GES (gaz à effet de serre) de 33 % d’ici 2030, de même que pour les Producteurs laitiers du Canada, qui visent la carboneutralité d’ici 2050.
Nutritionniste Ruminants chez Sollio Agriculture, Jérome Lamontagne convient de l’efficacité du Bovaer tout en formulant des réserves.
Pour un bovin en parc d’engraissement produisant 150 g de méthane par jour, le 3-NOP permettrait de diminuer de 690 kg de CO2 après un an, soit l’équivalent d’une voiture parcourant 3 375 km.
Autour de 40 ¢ par jour par tête
En se basant sur la dose recommandée par l’ACIA, Jérome Lamontagne calcule qu’un producteur devrait payer en moyenne autour de 40 ¢ par jour par tête, soit 33 ¢ pour le Bovaer et un montant supplémentaire pour l’achat d’un minéral ou d’un aliment, car l’additif seul est difficile à introduire dans l’organisme de l’animal.
À ce prix, il est difficilement envisageable que les producteurs puissent l’intégrer dans l’alimentation de leur troupeau sans une aide financière quelconque. « La compagnie est actuellement en discussion avec les transformateurs pour voir s’ils seraient prêts à faire une filière de lait ou de viande qui serait produits avec le Bovaer, mais je ne crois pas que ce soit quelque chose qui va arriver dans les prochains mois », estime Jérome Lamontagne.
L’idée de cette démarche serait d’en arriver à la commercialisation d’une pinte de lait ou d’un T-bone avec une empreinte carbonique réduite, mais à l’inverse, la question de leur acceptabilité sociale se posera sans doute compte tenu de l’origine chimique de l’additif qui a permis leur production.
« C’est efficace et c’est facile d’utilisation, convient également Élizabeth Lepage. Mais le frein à son utilisation, c’est qu’il coûte trop cher. Je comprends que ça n’a pas d’incidence sur la productivité du bétail. Ça fait juste diminuer le méthane, mais ça ne donne pas plus de lait ou de viande. »
« Je crois que les producteurs sont sensibilisés au défi de la réduction des GES. Ils sont d’accord pour faire des réformes, mais ils ne veulent pas nécessairement avoir à payer davantage pour les efforts qu’ils vont faire, sans avoir un retour, soit du gouvernement ou du consommateur », conclut Jérome Lamontagne.
Des progrès
Selon un rapport de la CRSB (Canadian Roundtable for Sustainable Beef), le taux de CO2 pour produire de 1 kg de bœuf (désossé et consommé) au Canada a diminué de 15 % entre 2014 et 2021. Rappelons que l’industrie s’est fixé un objectif de réduction de 33 % d’ici 2030.