Depuis plus de 10 ans, le vétérinaire André Vigneault travaille à empêcher certaines formes de tricheries dans les expositions canadiennes de bovins laitiers, par l’entremise d’échographies. Il s’assure, par exemple, que le pis des vaches n’est pas gonflé artificiellement par l’injection de gaz. 

À la suite d’une formation qu’il a suivie, il s’est mis à faire des échographies dans les expositions québécoises. Puis, en 2013, on a commencé à faire appel à ses services dans les compétitions nationales, notamment à la Royale de Toronto où il a collaboré avec le Dr Kenneth Waller, professeur à l’Université du Wisconsin qui a développé la technique. Avec le temps, M. Vigneault est devenu, comme quelques autres confrères, un véritable expert dans ce domaine niché.

Aujourd’hui, dit-il, il est rare que l’apparence du pis des animaux soit altérée de cette façon, puisque la pratique est facilement détectable. Les exposants pris en faute voient leur vache disqualifiée et peuvent être soumis à d’autres sanctions, comme l’interdiction de participer à des compétitions les années suivantes. « Il n’y en a presque plus. Moi, dans les cinq dernières années, je ne me rappelle pas d’un cas positif. » 

Un comité d’éthique

Le volet des échographies n’est qu’une partie du travail d’un comité de Holstein Canada qui fait appliquer les règlements éthiques dans les compétitions de bovins laitiers au pays. L’équipe s’assure entre autres que l’apparence des animaux n’est pas altérée de façon exagérée.

« On veut être capable de voir les aspects génétiques de l’animal, ce qui va faire qu’une vache est meilleure que l’autre. On veut le plus possible éliminer les aspects falsifiés, exagérés par de la surpréparation », explique le responsable de ce comité, Pascal Lemire. Par exemple, le poil sur la ligne de dos ne doit pas dépasser 1,5 pouce, les taches blanches supérieures à 6 pouces ne peuvent pas être peinturées et l’ajout de plaques de bois sous les sabots est interdit.

Les standards de beauté évoluent

Depuis quelques années, le comité d’éthique, guidé par le bien-être animal, travaille aussi à faire évoluer les critères de beauté qui déterminent les vaches gagnantes dans les expositions. Ainsi, la maigreur et la grande taille, soit des caractéristiques physiques historiquement valorisées, ne doivent plus influencer les juges dans leur décision.

Mais la célèbre Shakira – gagnante du Suprême laitier au Québec et double championne à la World Dairy Expo de Madison – est pourtant très grande, non? « Oui, répond le responsable, mais Shakira ne gagne pas pour ça. Elle gagne parce qu’elle est vraiment exceptionnelle. Elle a le défaut d’être trop grande, mais malgré ça, elle est très bien balancée. La cage thoracique, la capacité laitière et la glande mammaire sont exceptionnelles, tout comme la qualité des pieds et des membres », énumère-t-il. La condition de chair de l’animal, précise M. Lemire est jugée correcte.