Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
MONT-CARMEL – Gabriel Gagnon marche dans son champ pour vérifier l’alimentation en eau de ses animaux. Il regarde à l’horizon et respire le bonheur dans la Ferme du Rang 6, qui a été fondée par son arrière-grand-père et qui sert aujourd’hui à nourrir la population du Kamouraska avec un bœuf local et alimenté à l’herbe.
« Ce qu’on visait, quand on a démarré l’entreprise il y a trois ans, c’était d’offrir une viande de qualité, à prix abordable, pour nourrir notre communauté. Et on voit un fort engouement pour la viande élevée de façon durable, sans intrants et dont les gens connaissent la provenance. Ce sont des clients avertis, qui aiment encourager une ferme locale et une famille de leur région », indique M. Gagnon.
Petit, mais rentable
Son troupeau est exclusivement nourri à partir du fourrage produit dans ses champs. Les veaux naissent à la ferme, grandissent auprès de leur mère pendant huit mois et sont engraissés, à l’herbe, jusqu’à l’âge de 18 à 21 mois. L’agriculteur vend directement sa viande au consommateur par le biais des marchés publics et de deux épiceries locales. À l’inverse des productions de bouvillons qui misent habituellement sur des cheptels de plusieurs milliers de têtes, la stratégie d’affaires de Gabriel Gagnon est plutôt axée sur un petit troupeau qui produit une vingtaine de carcasses par année.
Et c’est rentable? « Oui, on arrive à bien en vivre. Il faut être bon autant en gestion, en élevage qu’en service à la clientèle. On s’attaque donc à plusieurs fronts, mais le rendement [financier] à l’autre bout est vraiment intéressant pour un petit élevage. On contrôle plus nos coûts en produisant avec nos champs ce que nos animaux mangent, et on contrôle un peu plus notre prix de vente en faisant nous-mêmes notre mise en marché localement [contrairement aux bouvillons dont le prix est principalement fixé par la bourse de Chicago] », explique l’agriculteur, qui a étudié en gestion et technologies d’entreprise agricole au cégep de Lévis.
Grossir sans se dénaturer
Gabriel Gagnon voudrait accroître son cheptel afin de produire une quarantaine de carcasses annuellement, et ce, toujours selon sa formule actuelle.
Côté génétique, sa ferme mise sur un croisement de races Angus, Simmental et Hereford, pour le persillage et la tendreté, mais aussi parce que ces races ont un gain de poids intéressant même s’ils sont nourris uniquement à l’herbe, sans maïs ou sans orge.
Sa viande produite à Mont-Carmel, dans le Bas-Saint-Laurent, pourrait probablement être vendue plus cher, comme un bœuf gastronomique, dans les boucheries de Montréal et de Québec, évalue-t-il. Mais tel n’est pas son objectif. « Même si je grossis le troupeau, ce que je vise, c’est la clientèle de ma place », argue l’éleveur.
Et les projets ne manquent pas. Sa conjointe, Isabelle LeBlanc, s’occupe d’une petite production maraîchère, tandis que Gabriel vient d’ajouter cette année l’élevage de canards au pâturage.
Dans quelques mois, la Ferme du Rang 6 entreprendra la construction d’une salle de découpe dotée d’un permis C1 ainsi que d’une cuisine de transformation, et ce, afin de débiter ses propres bouvillons et les animaux de producteurs environnants.
« Ce sera un revenu supplémentaire et aussi une diminution des coûts. Car présentement, faire débiter un bœuf, c’est environ 800 à 1000 $. C’est très coûteux », décrit l’agriculteur.
Un modèle à reproduire
Gabriel Gagnon persiste et signe : un petit élevage comme le sien est rentable et reproductible. Il suffit de miser sur des animaux nourris à l’herbe, une bonne gestion des pâturages et une mise en marché directe et abordable de la viande. « Il y a vraiment une demande pour ce produit-là dans ma région. Et je crois qu’il y a de la place pour ce type de produits dans toutes les régions. »
Les trucs du chef
Avant son retour dans le Bas-Saint-Laurent, en 2015, Gabriel Gagnon a été chef cuisinier pendant 10 ans dans des restaurants de Montréal et de Québec. Ce passé culinaire le sert bien aujourd’hui.
« Je donne des trucs aux clients pour cuisiner leur viande. C’est ce que j’aime de l’agriculture de proximité. On ne fait pas juste élever des animaux; j’explique aux gens comment leur souper va se passer! »
Ses notions de cuisine le guident dans l’offre de ses découpes, comme des pièces de viande de 5 cm d’épaisseur que les gens ne sont pas habitués à acheter en grandes surface, mais qui font la différence sur le gril, assure-t-il.
« Le magret de canard et les cuisses de canard, quand tu en parles aux gens, ça devient aussi très populaire », ajoute-t-il.