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Des éleveurs de bovins Highland s’inquiètent d’un engouement au Québec pour les vaches de petit gabarit, issues de la race. Présentés comme miniatures, il s’agirait souvent, en fait, d’animaux qui ont des défauts génétiques, des retards de croissance ou qui auraient été mal nourris.
« Depuis la pandémie, surtout, les gens recherchent un bébé Highland, un petit Highland, un mini Highland, parce que c’est cute. Les gens achètent ça comme si c’était un petit chien, c’est vraiment populaire », remarque Sarah-Maude St-Laurent, qui élève une quarantaine de vaches de cette race à Trois-Pistoles, au Bas-Saint-Laurent, et qui accorde beaucoup d’importance à la qualité de ses animaux sur le plan génétique. Or, beaucoup de désinformation à l’égard de ces bovins circule sur les réseaux sociaux, déplore-t-elle. Plusieurs profiteraient de la popularité de la race pour faire de la vente mensongère, faisant par exemple passer des animaux en mauvaise santé pour des « minis ».
Un phénomène que dénonce la Société canadienne des éleveurs de bovins Highland, qui affirme qu’une vache adulte de cette race en bonne santé pèsera, en général, entre 1 100 et 1 400 livres.
« Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer qu’un animal est plus petit, comme les croisements, mais il se peut aussi que le veau ait été malade, qu’il ait été mal nourri, peut-être qu’il a été sevré plus tôt qu’il aurait dû [du lait de sa mère]. Il y en a aussi qui changent l’âge de l’animal, qui font croire qu’il est plus vieux qu’il ne l’est en réalité », prévient Natasha Béliveau, secrétaire générale à l’organisation. Cette dernière recommande aux acheteurs de vérifier que les sujets sont bel et bien enregistrés à la Société canadienne d’enregistrement des animaux avant de s’en procurer.
La crédibilité de l’élevage affectée
Pour la présidente de l’Association québécoise des bovins Highland, Claudette Lavallée, qui élève un troupeau d’une centaine de têtes à L’Avenir, dans le Centre-du-Québec, la popularité des bovins de cette race adoptés comme animaux domestiques nuit à la crédibilité de la production à plus grande échelle.
« Des éleveurs sérieux de Highland, il n’y en a pas des tonnes et c’est dommage. Leur beauté nuit à la race. Des bovins, ce ne sont pas des animaux de compagnie, c’est fait pour vivre en troupeau », estime celle qui élève des Highland depuis 1998.
Une opinion que partage Sarah-Maude St-Laurent. « Moi, ça fait six ans que je travaille ma génétique, avec des producteurs écossais, entre autres. La Highland, il y a un marché pour ça, mais les gros projets ne sont jamais pris au sérieux. Nous, on veut en élever pour leur viande, mais on se fait dire que c’est un petit chien. »
« Une mode » qui ne lui nuit pas
Pour sa part, un autre producteur d’expérience de Bolton-Ouest, en Estrie, John Badger, voit la commercialisation de vaches de petit gabarit comme une « mode », qui ne nuit pas à ses activités à la ferme. « Les plus sérieux vont élever des grosses et grandes vaches, qui font une meilleure qualité de veaux et de bœufs. Les minis, c’est un autre marché complètement. Ça ne nuit pas à notre business », estime-t-il.
Des avantages à la bonne génétique
La présidente de l’Association québécoise des bovins Highland, Claudette Lavallée, explique élever ces animaux pour en commercialiser la viande peu grasse, persillée et tendre, mais aussi pour la vente de sujets de bonne qualité génétique destinés à la reproduction. « Une meilleure génétique, ça va donner des veaux plus performants, avec un meilleur gain de poids », dit-elle.
Un producteur de Bolton-Ouest, en Estrie, John Badger, va quant à lui rechercher les qualités génétiques qui rend l’animal « fonctionnel » dans un troupeau. « On va rechercher des vaches avec de petits trayons et une bonne attache de pis pour que le veau trouve le pis sans intervention humaine », illustre-t-il, à titre d’exemple. « La viande vient avec, quand t’as des bonnes vaches. Pas d’antibiotiques, pas d’hormones de croissance, nourries à l’herbe, ça fait de la bonne viande », affirme-t-il.