Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Une technique prometteuse d’hivernage en banques des reines abeilles, développée depuis 2018 au Centre de recherche en santé animale de Deschambault (CRSAD) en collaboration avec l’Université Laval, pourrait bientôt faire ses preuves sur le terrain.
La technique a démontré un taux de survie des reines abeilles qui oscille entre 73 et 86 % d’octobre à avril. « C’est vraiment très très élevé, souligne Andrée Rousseau, chercheuse scientifique de l’équipe apicole au CRSAD. C’est vraiment une survie très intéressante pour banquer un très grand nombre de reines et en avoir de disponibles quand, normalement, il n’y en a pas, et qu’il faut les importer de la Californie », donne-t-elle en exemple.
Une banque de reines est une unité qui permet de conserver 40 reines produites en fin de saison dans une colonie, puis de les ressortir au printemps, « quand il n’y a vraiment pas de disponibilités de reines locales », spécifie Mme Rousseau.
Le projet avait d’ailleurs été mis sur pied pour pallier ce problème, car l’importation des abeilles et des reines coûte très cher aux apiculteurs, en plus de poser un risque pour la biosécurité, puisque de nouvelles maladies peuvent être introduites. De plus, les abeilles importées peuvent avoir une génétique qui résiste moins bien à l’hiver québécois, mentionne la chercheuse.
Les résultats détaillés du projet, qui tire à sa fin, seront publiés en octobre prochain.
Vers une démocratisation de la méthode
Les chercheurs du CRSAD ne comptent toutefois pas tabletter cette étude. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) leur a d’ailleurs accordé récemment une subvention complémentaire pour démocratiser la méthode d’ici 2026. Autrement dit, pour la rendre plus facilement accessible aux apiculteurs et éleveurs de reines.
Pour ce faire, l’équipe travaille avec un ingénieur retraité du MAPAQ spécialisé dans les bâtiments agricoles afin de bâtir une unité extérieure d’hivernement aménagée dans un conteneur recyclé. Ensuite, tous les paramètres comme la ventilation, l’humidité et la température seront établis pour garantir le taux de survie optimal pour les reines. Le prototype servira ensuite de vitrine pour informer les éleveurs de reines et les apiculteurs qui souhaitent reproduire la méthode chez eux.
Mais est-ce que ce sera rentable? La chercheuse n’en doute pas. « Les reines d’importation coûtent extrêmement cher, alors pour les apiculteurs commerciaux, c’est sûr que oui. Mais ce volet économique sera aussi évalué dans le projet, afin de démontrer ce que ça peut apporter aux apiculteurs par rapport à l’importation de reines », spécifie-t-elle.
D’où vient la méthode d’hivernage en banques
La technique d’hivernage en banques a d’abord été développée par une chercheuse en Colombie-Britannique dans les années 1990, rapporte André Rousseau. « Les banques de reines étaient emballées à l’extérieur, en groupe de quatre, et le taux de succès était d’environ 60 %, ce qui était déjà prometteur, mais le projet a été abandonné par la suite », détaille-t-elle. Son équipe est partie de ces recherches pour développer une méthode d’hivernage qui serait cette fois à l’intérieur. « Notre hypothèse, c’était qu’en augmentant la température, les abeilles allaient moins se grapper pendant l’hivernement, ce qui pourrait augmenter la survie des reines, et c’est vraiment ça qui s’est passé. On a testé trois températures, et on a constaté que 16 °C permettait un meilleur maintien des reines et une très très bonne survie. » Depuis la publication des premiers résultats de leur étude, d’autres provinces, dont la Colombie-Britannique, l’Ontario et l’Alberta, se sont intéressées à cette méthode, mentionne la chercheuse. « Parce que dans la dernière décennie, il y a eu beaucoup d’importations de reines, mais, en même temps, beaucoup de mortalité et de problèmes liés à l’importation. Il y a donc eu un éveil des professionnels de l’apiculture au Canada pour trouver des solutions au renouvellement des colonies au printemps. »